D.T.A. : le monde du travail a-t-il sa place sur la Côte ?

Posté jeu 24/01/2002 - 00:00
Par admin

Les socioprofessionnels reprochent au projet de Directive Territoriale d'Aménagement de ne pas régler les grands problèmes de développement économique. Avant la clôture de l'enquête publique ils ont présenté leurs critiques et leurs propositions en compagnie de Francis Perugini, président de la CCI.

"Si on ne veut pas de nous dans le département, qu'on nous le dise ! Ce sera clair. Il faut être cohérent. Qu'on ne nous dise pas, d'un côté, oui bien sûr on veut de vous, alors que de l'autre côté on ne nous laisse pas les moyens de nous développer dans un document qui engage la Côte d'Azur sur 20 ans." Ces propos sont plusieurs fois revenus lors d'une réunion précédant la clôture de l'enquête publique. Ils résument bien le sentiment des patrons de la Côte et de leurs salariés confrontés à des difficultés de plus en plus grandes dans les transports, le logement, les locaux d'activité, les déchets, etc. Autant de raisons qui ont poussé les socioprofessionnels à se mobiliser et à faire valoir leurs positions à propos d'un document qui engage l'avenir de la Côte d'Azur.Oui à la DTA, non à certaines de ses dispositionsAvant la clôture de cette enquête, la plupart des grandes familles professionnelles de la Côte d'Azur se sont ainsi réunies au palais consulaire de Nice. Avec Francis Perugini, président de la CCI NCA et Gérard-Louis Bosio, président de l'UPE 06 (Union pour l'entreprise des Alpes-Maritimes) elles ont tenu à résumer leurs positions et à donner les résultats de la vaste consultation entreprise depuis octobre 2001 auprès des chefs d'entreprises et des salariés. Les socioprofessionnels ont ainsi exprimé une nouvelle fois, non leur opposition au principe de la DTA que tout le monde réclamait, mais leurs très vifs souhaits de voir certaines dispositions de la DTA précisées, voire carrément modifiées.Tour à tour, les présidents Paul Di Natale pour la FBTP (Fédération du Bâtiment et des Travaux Publics), Patrick Siksik (Chambre de l'immobilier FNAIM), Roger Capelletti (Syndicat des Transporteurs de marchandises), Claude Tartar (syndicat des architectes), Jean-Marie Ebel (Fédération nationale des promoteurs constructeurs), Dominique Coll-Juge (Club High Tech), Jacques Kotler (Chambre d'ameublement des Alpes-Maritimes), Han-Paul Bodiffe (Prodarum) n'ont demandé qu'une chose : faire en sorte que le monde de l'entreprise, celui du travail, ait une place sur la Côte .3.500 réactions et expressions de chefs d'entreprise !Ce projet de DTA, les socioprofessionnels l'ont longuement étudié et diffusé. Il a été décortiqué lors de l'assemblée générale de la CCI NCA du 15 octobre, pas moins de six réunions ont été organisées avec les chefs d'entreprise sur les principaux bassins de travail du département, des réunions spécifiques avec les syndicats professionnels se sont tenues. En résultat, plus de 3.500 réactions et expressions de chefs d'entreprise auront été remises aux commissaires enquêteurs avant le 25 janvier. "Une mobilisation des chefs d'entreprise sans précédent, en dépit de la période difficile" a noté Francis Perugini.Les demandes de précisions et d'ajoutsLes agents immobiliers se sont montrés notamment concernés par la question de l'habitat pour les actifs, tandis que, géographiquement, la mobilisation a été la plus forte dans la vallée du Var, dans l'est du département et dans le bassin grassois. Les demandes de précisions et d'ajouts formulées par les chefs d'entreprise se sont, elles, concentrées sur deux points.Un : les zones d'activités traditionnelles. D'accord sur le constat de pénurie d'offre foncière qui est fait par la DTA. Mais il est demandé que soient précisés des emplacements ou objectifs de surface pour les zones d'activité traditionnelle comme cela est prévu pour l'extension de Sophia Antipolis ou le transfert du MIN.Deux : le traitement des déchets. Il est considéré que la DTA doit préciser la nécessité de créer plusieurs sites de traitement des déchets et plusieurs unités de stockage des déchets inertes et ultimes. Toutes les péripéties autour de la fermeture de la décharge de La Glacière ont évidemment marqué les espritsDes modifications réclamées sur deux pointsSur deux autres points, les chefs d'entreprises veulent plus que des précisions. Ils demandent carrément des modifications, estimant que la direction prise ne permettra pas de régler les problèmes auxquels le département est confronté.Un : l'habitat pour actifs. La DTA prévoit d'accueillir 175.000 habitants supplémentaires dont 85.000 sur le littoral (48%), 80.000 sur le moyen-pays (46%) et 16.000 sur le haut-pays (6%). Des hypothèses de croissance qui, pour les socioprofessionnels vont très sévèrement à l'encontre des croissances constatées entre 1990 et 1999.Ils sont d'autre part très perplexes sur la capacité d'accueil de 85.000 habitants sur un littoral déjà surchargé et au foncier très cher ainsi que sur l'objectif affiché par l'Etat de "refaire la ville sur la ville". La DTA se doit donc, selon eux, de permettre l'accueil des actifs dans le moyen-pays, ce qui correspond à leur demande et à leur solvabilité. Le grave problème de pénurie de logements qui menace aujourd'hui le développement économique de toute la Côte d'Azur, rend les professionnels plus que jamais soucieux d'être entendus sur cette question.Deux : la question des infrastructures et des transports. Dans le projet de DTA, il est noté que "le choix de donner la priorité aux transports en commun peut conduire à différer la réalisation de routes nouvelles". Une petite phrase qui a fait bondir. Les socioprofessionnels disent au contraire qu'il faut les deux : oui aux transports en commun et également oui aux dessertes routières nouvelles. En aucun cas, il ne faut différer la réalisation des infrastructures routières alors que le risque de thrombose du département est grand avec des axes est-ouest (RN7, route du bord de mer et A8) qui saturent de plus en plus fréquemment.Autant de points de désaccord avec le projet et de raisons profondes qui poussent les chefs d'entreprise, la CCI et l'UPE à demander à ce que le contenu de la DTA soit complété et modifié sur les quatre points majeurs mis en avant.Voir également- "D.T.A. : l'avenir du département à l'enquête" (13/12/01)- "La CCI charge la Directive Territoriale d'Aménagement" (24/10/01)- "DTA : 5 points à améliorer pour l'avenir de la Côte d'Azur" dans les "Dossiers spéciaux" du site de la CCI NCA.

Jean-Pierre  Largillet

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