Ecartée à Nice, Zabou Breitman triomphe en Avignon

Posté jeu 01/08/2013 - 10:23
Par admin

Au moment où sa candidature à la tête du Théâtre National de Nice semble avoir été écartée, Zabou Breitman a triomphé durant tout le mois de juillet en Avignon où elle présentait deux spectacles : "La Compagnie des spectres" et "Journal de ma nouvelle oreille". Dans le premier elle a pu faire admirer son immense talent de comédienne avec son interprétation lumineuse des 3 personnages de la pièce. Dans le second, elle met joliment en scène le texte autobiographique d’Isabelle Fruchart, une comédienne qui est restée longtemps sourde à sa surdité et qui nous raconte sa renaissance lorsqu’elle s’est faite appareiller.

Ecartée à Nice, Zabou Breitman triomphe en Avignon

Si sa candidature à la tête du Théâtre de Nice semble mal embarquée, Zabou Breitman a séduit le public avignonnais (DR)

Alors que sa candidature à la tête du Théâtre National de Nice, en duo avec l’actuel Directeur Daniel Benoin, semble avoir été écartée puisque son nom n’a pas été intégré à la short-liste des candidats sélectionnés par la commission ad hoc et que la Ministre de la Culture Aurélie Filippetti ne semble pas vouloir céder devant le bras de fer engagé par le Député Maire de Nice Christian Estrosi, Zabou Breitman vient de triompher en Avignon où, du 6 au 28 Juillet, elle a présenté chaque jour deux spectacles au Théâtre du Chêne Noir, dans le cadre du Festival Off d’Avignon.

Lumineuse dans La Compagnie des Spectres

Dans le premier, La Compagniedes Spectres, un spectacle qu’elle a joué au Théâtre de Nice en mars dernier, Zabou Breitman fait tout d’abord l’étalage de son immense talent de comédienne en livrant une performance éblouissante. Seule sur scène, elle donne vie à une incroyable saga en incarnant les trois rôles de cette pièce (la fille, la mère et la grand-mère) racontant l’histoire d’une femme très âgée n’ayant plus toute sa tête, et de sa fille confrontées à un huissier venu procéder à la saisie de leurs biens pour cause de loyers impayés. Un huissier qui fait ressurgir chez la vieille dame le souvenir des pires humiliations que sa famille a subies durant l’occupation, notamment ce jour funeste de 1943 où son frère fût lynché puis assassiné par des miliciens devant elle et sa mère. Une femme qui avait pourtant cru au Maréchal Pétain, allant même jusqu’à tenter de le rencontrer à Vichy. Une démarche à l’origine des ennuis de la famille. Plus de 60 ans après, les spectres nés ce jour-là continuent de hanter cette famille de pauvres gens qui ne s’est jamais remise de ce sombre épisode. Si la fille va bien tenter un moment d’arrondir les angles avec l’huissier qui, imperturbablement, continue de dresser son inventaire des biens sans valeur à saisir, la mère va se dresser contre celui qu’elle prend pour un collaborateur, et va finir par le chasser avec l’aide de sa fille. Sans chercher à en rajouter, Zabou Breitman parvient avec subtilité à passer d’une émotion et d’un personnage à l’autre pour faire partager au public un grand moment de théâtre.  Dans cette pièce, elle ne s’est pas contentée de cet énorme rôle d’actrice puisqu’elle en a également signé l’adaptation, d’après le roman de Lydie Salvayre, ainsi que la mise en scène. Deux autres facettes de son talent qu’elle a mis aussi en exergue en Avignon avec une création : Journal de ma nouvelle oreille, qui sera présentée en janvier 2014 à Nice.

Journal de ma nouvelle oreille : l’histoire d’une renaissance

Ici, Zabou Breitman a adapté et mis en scène le joli monologue autobiographique d’Isabelle Fruchart dans lequel elle raconte l’histoire d’une jeune fille qui, à l’âge de 14 ans, va perdre subitement 70 % d’audition à chaque oreille mais va durant plus de 10 ans rester sourde à sa surdité, en s’adaptant et en apprenant à écouter avec les yeux, avant de se faire diagnostiquer à 26 ans puis, 10 ans plus tard avec l’arrivée du numérique, se faire appareiller. Ce Journal de ma nouvelle oreille suit pas à pas les sensations de sa nouvelle écoute du monde avec la redécouverte de choses simples comme les sons de la pluie, les paroles des chansons ou les chuchotements de l’amour. Il raconte également les progrès et les déceptions d’une comédienne qui réalise avec émerveillement toute la saveur du mot « audition ». Si le texte est plus léger que celui de La Compagniedes Spectres, il offre un beau témoignage sur le handicap avec des moments d’intense émotion, mâtinés d’un humour pétillant. Tout en évitant d’en faire trop, la jolie mise en scène de Zabou Breitman met parfaitement en valeur la performance d’Isabelle Fruchart ovationnée par le public avignonnais qui a également fait un triomphe à La Compagniedes spectres. De quoi mettre du baume au cœur à Zabou Breitman et regretter que sa candidature à la tête du Théâtre de Nice soit si mal embarquée.

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