Efficace le couvre-feu à 18h ? : l'exemple des Alpes-Maritimes passé au crible

Covid-19 dessin

Le couvre-feu dès 18 heures représente-t-il une arme efficace contre la flambée de l'épidémie ? La question se pose d'autant plus que cette mesure sera désormais appliquée dans tout le pays à partir de demain samedi. L'exemple des Alpes-Maritimes a donc été examiné de près car le département est sous couvre-feu avancé depuis le 2 janvier. Mais à première vue, près de deux semaines après sa mise en vigueur c'est une accélération de l'épidémie qui est constatée.

Selon les statistiques, l'épidémie à continué à progresser sur la Côte

Ainsi, le département est devenu le plus touché de France avec un taux d'incidence de 460 (soit 460 nouvelles contaminations pour 100.000 habitants). Nice est particulièrement en pointe avec, selon BFMTV, près de 2.000 tests positifs par jour. Les chiffres du milieu de semaine que rapporte BFMTV sont un peu moindres pour Cannes et Antibes avec un taux d'incidence de l'ordre de 300. Mais ils sont déjà largement supérieurs à la moyenne nationale. Le département compte d'autre part 210 personnes hospitalisées (+20% depuis le 2 janvier) et 65 patients en réanimation (+15%). Là également des chiffres qui ne témoignent pas d'une quelconque atténuation.

Il est bien sûr toujours possible de dire que la situation aurait été pire sans un couvre-feu avancé. Mais le cas des Alpes-Maritimes demande quand même réflexion. Pour Renauld Muselier, président de la Région Sud PACA, "l'expérience des Alpes-Maritimes montre bien que passer de 20h à 18h n'a rien changé". D'autres voix laissent toutefois entendre qu'il faut encore une dizaine de jours supplémentaires de recul pour juger de l'efficacité ou non de cette mesure.

Mais les statistiques sont-elles si pertinentes ?

D'autres analyses peuvent aussi laisser perplexes sur la pertinence des statistiques qui nous sont apportées au quotidien. Ainsi dans Nice-Matin d'aujourd'hui vendredi 15 janvier, la journaliste Nancy Cattan, spécialiste reconnue du domaine de la santé, a comparé les chiffres donnés par Santé Publique France (ceux que relayent tous les médias) à ceux qui, collectés par le CHU Nice, sortent des établissements hospitaliers azuréens. Le terrain. Et des différences majeures notent Nancy Cattan ont été constatées "concernant les lits occupés mais aussi l'évolution de la courbe des hospitalisations pendant plusieurs semaines cruciales".

Résultat : si les courbes d'hospitalisations pour formes graves dessinées par Santé Publique France montent, celles produites par les acteurs de terrain "font état d'une relative stabilité, voire d'une décroissance à compter du 10 novembre et pendant plusieurs semaines". De quoi ne plus savoir à quels chiffres se vouer alors que ces statistiques sont importantes car elles impactent fortement les mesures prises pour éviter la saturation de nos hôpitaux.

"En pleine décroissance des hospitalisations, les journaux titraient : l'épidémie repart ! et lorsque le couvre-feu à 18 heures a été instauré, on a aussi dit ; ça explose à Nice ! La réalité, c'est que ça n'évoluait pas plus qu'ailleurs" conclut Nancy Cattan, citant un professionnel qui a souhaité garder l'anonymat. Rien à voir toutefois avec une quelconque théorie du complot. Plus prosaïquement, la réalité tient dans une harmonisation des données statistiques qui reste à faire, tant au niveau du département que de la France.

Commentaires

Maugest (non vérifié)     ven 15/01/2021 - 18:30

Il y a un délai moyen de 3 semaines entre la contamination par le virus et l’hospitalisation. Les patients hospitalisés aujourd’hui ont donc contracté le virus en décembre, avant le couvre-feu à 18 heures.
Si monsieur Muselier ne le sait pas, c’est grave. S’il le sait, c’est grave aussi. Dans les deux cas, il ferait mieux de se taire .

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