Festival de Cannes : un palmarès qui privilégie les "grands sujets"
La critique attendait Pedro Almodovar pour "Volver", mais c'est Ken Loach pour "Le vent se lève" (révolution irlandaise) qui obtient la Palme d'or. "Flandres" de Bruno Dumont (les conséquences de la guerre), Rachid Bouchareb (l'honneur des Africains combattants), "Volver", "Babel" au palmarès 2006.
Pour la Palme d'or, la presse attendait Pedro Almodovar pour "Volver" (Espagne). Souveraineté du jury présidé par Wong Kar-wai, c'est le film "Le Vent se lève" ("The Wind that Shakes the Barley"), de Ken Loach (Grande-Bretagne) qui est sorti vainqueur hier soir de ce 59ème Festival International du Film. Un film, comme certains critiques de cinéma l'ont remarqué, qui est aux antipodes de la propre inspiration de Wong Kar-wai ("In the mood for mood for love" duquel est tiré l'affiche du 59ème Festival). Dans la veine politique, "Le Vent se lève" se place dans les heures sombres de la révolution irlandaise. Quant à "Volver", il obtient le prix du "Meilleur scénario", tandis que le prix d'interprétation féminine est donné collectivement à ses six actrices (Pénélope Cruz, Carmen Maura, Yohana Cobo, Lola Duenas, Blanca Portillo et Chus Lampreave).Cette Palme d'or 2006, décernée au film de Ken Loach à l'unanimité comme l'a déclaré le président du jury, a été ainsi attribuée à un grand cinéaste qui est aussi l'un des plus fidèles de la grand messe cannoise. Ken Loach a débuté en 1964 avec "Up the Junction" et a réalisé depuis quelque 22 films. A Cannes, il était déjà venu présenter en compétition quelques films magnifiques : "Hidden Agenda" (1990), "Raining Stones" (1993), "Land and Freedom" (1995), "My Name is Joe" (1998), "Bread and Roses" (2000) et "Sweet Sixteen" en 2002. S'il avait déjà remporté plusieurs trophées, la Palme d'or lui avait jusqu'ici échappé.Dans cette fournée de prix 2006, comme en général dans la Sélection Officielle, les médias auront souligné le fait que la prime a été donnée aux "grands sujets" avec le Grand Prix du Jury au film "Flandres", de Bruno Dumont, pour sa vision très personnelle des conséquences d'une guerre; le Prix d'interprétation masculine accordé collectivement aux cinq acteurs d'"Indigènes" de Rachid Bouchareb (Sami Bouajila, Roshdy Zem, Samy Naceri, Jamel Debbouze et Bernard Blancan), film qui met en avant " l’honneur des Africains combattant le nazisme". Ou encore le Prix de la mise en scène donné au réalisateur mexicain Alejandro González Iñarritu pour "Babel (Etats-Unis), film sur l’incommunicabilité à l’heure de la mondialisation.A noter encore à l'heure des récompenses :- Prix du jury à "Red Road", d'Andrea Arnold (Grande-Bretagne), réalisatrice écossaise dont c'était le premier long métrage- Palme d'or du court métrage : "Sniffer", de Bobbie Peers (Norvège). Avec une mention spéciale pour "Conte de quartier", de Florence Miailhe (France) et un Prix du jury pour "Primera Nieve", de Pablo Aguero (France/Argentine)- Caméra d'or : "12:08 à l'est de Bucarest", de Corneliu Porumboiu (Roumanie).Parmi les grands absents du palmarès, les médias signalent Sofia Coppola, dont le Marie- Antoinette n’a pas convaincu le jury ou Gérard Depardieu, que certains critiques avaient déjà proposé pour le prix d'interprétation masculine pour son rôle de crooner de province dans "Quand j’étais chanteur". L'éternel jeu des surprises et déceptions cannoises pour les participants. Rendez-vous est maintenant donné à l'année prochaine, pour un Festival exceptionnel : il fêtera son soixantième anniversaire.