Financement des jeunes entreprises innovantes : exigences en hausse et valorisations en baisse

Posté mar 17/03/2009 - 15:30
Par admin

Financement des jeunes entreprises innovantes : exigences en hausse et valorisations en baisse

A la tribune, de droite à gauche : Jean-Paul Albanese, Eric Tripodi (Deloitte), Patricia Braun, Corinne Pesquet-Baillon-Dhumez et Jean-Paul Deschamps.

 

Ceux qui ont entamé ce parcours du combattant le savent : même en période normale, il n'est pas facile de lever des fonds pour une jeune entreprise innovante. Imaginez alors en temps de crise. Comme aujourd'hui. C'est aussi ce thème du financement des sociétés innovantes face à la crise, et du rôle que peuvent jouer les business angels et les capital-risqueurs, qu'avait choisi l'incubateur TELECOM ParisTech EURECOM pour l'une des ses conférences petit-déjeuner en partenariat avec Deloitte au CICA, à Sophia Antipolis. Un thème qui, on peut le comprendre, intéresse au plus haut point : plus d'une cinquantaine de porteurs de projets participaient au débat qui a eu lieu jeudi dernier.

 

Capital-risqueurs : s'assurer de la sortie

 

Qu'en retenir ? Ce que chacun pressentait. Certes, lever des fonds auprès de business angels ou de capital-risqueurs, c'est toujours possible. Mais avec la crise ce n'en est aujourd'hui que plus difficile. Et puis, surtout les exigences sont revues à la hausse tandis que les valorisations (les estimations de la valeur des entreprises sur lesquelles les investissements se font dans le capital) piquent à la baisse. Des "tendances de crise" qui ont été dessinées par Jean-Paul Albanese, directeur de participation de Primaveris pour le capital risque et Corinne Pesquet-Baillon-Dhumez, coordonnatrice de Méditerranée Investissements, pour les business angels.

 

Primaveris, une société régionale de capital-risque dédiée aux entreprises technologiques innovantes, finance deux à trois projets par an et en refinance un ou deux autres pour un montant allant jusqu'à 500 K€ pour chacun. "Nous recherchons des projets pour lesquels l'effort de recherche et développement est déjà bien avancé, explique Jean-Paul Albanese. Des projets "time to market". Avec la crise, tout le monde se resserre sur ses fondamentaux. Nos critères pour investir ? Il s'agit de la qualité de l'équipe, de sa légitimité face à ses clients, des potentialités propres du projet. Nous attendons d'une entreprise qu'elle puisse très rapidement tirer des revenus du marché, ou qu'elle ait des partenaires prêts à payer pour les services qu'elle propose. Nous voulons savoir aussi si, en tant qu'investisseur, il peut y avoir une sortie à travers un rachat technologique de l'entreprise. C'est un dernier point important pour nous."

 

Business angels : plus exigeants sur le potentiel de l'entreprise

 

Côté business angels, la crise a des effets doubles : sur les revenus personnels des investisseurs, donc sur leurs moyens, et sur le montant de l'ISF qui peut être défiscalisé à travers la loi TEPA. "L'impact est important, estime Corinne Pesquet-Baillon-Dhumez. Les grandes fortunes ont fondu avec un portefeuille boursier diminué en moyenne de moitié et un patrimoine immobilier qui a perdu de 15 à 20%. L'imposition ISF (Impôt sur la fortune) diminuera d'autant donc les fonds qui pourraient être investis suivant la loi TEPA. Les business angels sont donc plus exigeants sur le potentiel de l'entreprise et son adéquation au marché. Les négociations sur la valorisation de l'entreprise en seront plus difficiles."

 

"Mais la crise ne va pas leur enlever l'envie de monter des projets. S'il y a un conseil à donner aux porteurs de projets, c'est de repenser leur plan de financement et s'ils le peuvent, de faire la levée de fonds en deux phases plutôt que de partir avec une forte levée de fonds qui va les diluer dans le capital."

 

Fonds ISF : la jonction entre l'incubateur et le capital risque

 

Dans les vents contraires d'aujourd'hui, les porteurs de projets restent cependant "offensifs" comme l'a montré le fondateur d'Ecce Vino, une start-up de l'incubateur. Pour Nicolas Martiquet, "il ne faut surtout pas ralentir pendant la crise pour pouvoir s'assurer d'un fort développement lors de la reprise." Quant à Jean-Claude Deschamps, fondateur de 3Roam, il compte beaucoup sur les fonds ISF qui lui ont permis de lever 1,1 M€ l'an dernier. "La loi TEPA, note-t-il est venu combler le fossé entre la sortie de l'incubateur et les fonds de capital risques."

 

Des fonds de capital risque dont le volume n'a pas diminué en 2008. "Le capital risque a bien supporté le premier choc puisque l'an dernier, 1 milliard d'euros ont été investis avec une part prépondérante dans des secteurs comme le logiciel, la santé et les "clean tech"", rappelait Patricia Braun, professeur au CERAM Business School et Déléguée aux Relations Entreprises de TELECOM ParisTech EURECOM. De quoi laisser penser qu'avec les business angels, les fonds de l'ISF et ceux du capital risque, le financement de l'innovation puisse continuer à être assuré pendant la crise.

 

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