Pour l'Union Européenne, le moteur du développement économique et de l'innovation ce sont les clusters. Elle a fait le depuis trois ou quatre ans le pari des clusters, ces regroupements régionaux d'industries, de recherche et de services situés en un même lieu. Sous le thème "Towards world class clusters in Europe", c'est aussi, la politique industrielle de l'Europe qui se discutera jeudi 13 et vendredi 14 novembre au CICA de Sophia Antipolis à l'occasion du 4ème Forum annuel des Pôles de Compétitivité.
Un débat sur la meilleure politique européenne des clusters et de l'innovation
Organisée dans le cadre de la Présidence Française de lUnion Européenne, cette édition 2008 a pour objectif de débattre de la meilleure politique européenne des clusters et de linnovation. De très nombreux dirigeants de pôles de compétitivité et de clusters y confronteront leurs expériences avec les responsables des politiques dinnovation de France et de létranger. Des délégations provenant de la quasi-totalité des pays membres de lUnion européenne y seront accueillies tandis que les grands pays industriels ou émergents tels que le Japon et la Chine seront présents. La première assemblée de lEuropean Cluster Alliance clôturera cet événement.
La Commission européenne sera représentée notamment par Günter Verheugen, Vice- président chargé des entreprises et de lindustrie. Il précisera la vision de la Commission sur les clusters européens dans la compétition mondiale et la politique quelle propose. Les clusters tiennent aujourd'hui une place importante dans léconomie de l'Europe. On en a recensé environ 2.000 significatifs, et il est estimé que 38 % de la main-d'oeuvre européenne est employée par des entreprises membres de ces clusters.
En France, les clusters sont présents sous la forme de "pôles de compétitivité". Cest en 2005 quont été créés les premiers pôles. Cette initiative de politique industrielle visait à faire travailler en réseau et sur un territoire donné des entreprises, grandes et petites, des organismes de recherche et des universités. Pour linstant, le bilan du dispositif est largement positif puisque lévaluation des 71 pôles publiée en juin dernier a montré que 82% des pôles avaient atteint leurs objectifs à lissue dune première phase de trois ans. Les entreprises se sont donc appropriées le concept et les projets de R&D collaboratifs se sont multipliés. Aujourdhui, les pôles de compétitivité entament une phase de maturation pour laquelle le management des pôles va jouer un rôle capital.
Le management des pôles, un enjeu majeur
Dici juin 2009, tous les pôles devront avoir signé avec lEtat et les collectivités territoriales impliquées des "contrats de performance" précisant les objectifs à atteindre au bout de trois ans. Ce qui va impliquer pour les gouvernances des pôles de définir une véritable stratégie de marché. Ce formalisme permettra aux pôles de faire converger plusieurs parties prenantes et de clarifier leur offre en quelques mois. En retour ils auront une visibilité sur les soutiens financiers dédiés à lanimation de leur pôle sur les trois ans.
Ce sujet sera débattu au Forum lors de la session sur la professionnalisation du management des clusters. La Commission européenne dans sa communication du 17 octobre 2008 intitulée "Vers des clusters de classe mondiale dans l'Union européenne : mise en uvre d'une stratégie d'innovation élargie" souligne dailleurs que "la gestion des clusters devrait donc être reconnue comme une nouvelle qualification professionnelle qui requiert des normes de qualité et un professionnalisme de haut niveau, afin de fournir efficacement les services dont ont besoin les entreprises et les institutions travaillant ensemble et d'exploiter pleinement les avantages des relations entre les sphères universitaire, industrielle et publique."
Un large éventail de clusters au Forum
Dautres thèmes importants seront abordés lors du Forum à Sophia Antipolis. Il y a bien sûr celui du financement public et privé des clusters mais également la problématique du développement à linternational des clusters ou encore celle de leurs besoins en nouveaux talents. Tous ces débats sappuieront sur les témoignages de pôles ou de clusters venant dhorizons variés. En voici quelques-uns.
Pôle MIPI (France) : basé à Metz, ce pôle de compétitivité a pour but de servir les entreprises lorraines par le développement technologique. Il se définit comme "un réseau au service de la recherche en Matériaux Innovants pour Produits Intelligents du futur". Les marchés cibles, au nombre de 9, vont de lautomobile aux emballages. Le Pôle MIPI fonde son effort de recherche sur 5 centres de recherche privés et sur 27 laboratoires de recherche publics, appartenant aux Universités de Metz et de Nancy et à des écoles d'ingénieurs comme l'Ensam ou Supélec. Des résultats ont été obtenus avec plus de 75 M de projets de développement technologique en action, et la création dune véritable dynamique collaborative industrie/recherche.
Torino Wireless (Italie) : créée en 2002, cette fondation regroupe des entreprises comme Fiat, STMicroelectronics, Telecom Italia, des banques comme UniCredit, lUniversité de Turin et la région Piémont. Sa mission est de soutenir le développement technologique du territoire. Elle propose même un service de gestion des brevets. Torino Wireless espère que dici 2012, elle aura permis de créer 50 entreprises dans le domaine des technologies de linformation et de tripler le nombre de chercheurs dans ce domaine.
Point-One (Pays-Bas) : ce cluster a été lancé en 2006 avec lambition daider lindustrie néerlandaise à exploiter le potentiel des nanotechnologies notamment dans les systèmes électroniques. On retrouve dans lorganisation plus de 150 membres, des entreprises (NXP, Océ, Philips, etc.), mais aussi des centres de recherche comme TNO. La Phase 2 vient de commencer et elle prévoit des partenariats publics-privés pour un montant de 1500 millions deuros entre 2008 et 2013.
Medicon Valley Alliance (Suède, Danemark) : ce cluster fait figure de précurseur puisquil a été initié en 1997 par les universités de Lund (Suède) et de Copenhague (Danemark), avec lappui des grandes entreprises pharmaceutiques locales (Novo Nordisk, Lundbeck, Astra-Zeneca). A ce jour, il compte pas moins de 270 membres. Pour se développer à linternational, lorganisation scandinave a imaginé le programme "Life Science Ambassador" qui permet de faire des échanges de personnel entre clusters de différentes régions du monde. Un premier échange vient de commencer avec un cluster dOsaka au Japon
BeLCAR (Allemagne) : cette récente structure est spécialisée dans les clusters dédiés à lindustrie automobile, avec comme principaux partenaires les régions de Stuttgart en Allemagne, de Catalogne en Espagne et de Lombardie en Italie.
Un nouvel outil : lEuropean Cluster Alliance
Fondée il y a deux ans dans le cadre de linitiative PRO INNO de la Commission européenne, lEuropean Cluster Alliance a pour ambition de favoriser le partage dexpériences car les méthodes politiques en matière de clusters varient à travers l'UE et il nexiste pas de modèle universel. Ses membres réfléchissent par exemple aux meilleurs instruments financiers permettant de développer un cluster dans une région donnée.
Cette structure dont fait partie lagence française Oséo, tiendra à Sophia Antipolis le vendredi 14 novembre sa première assemblée générale. Elle sera loccasion de présenter lEuropean Cluster Observatory qui vient notamment de répertorier les pôles de compétitivité et les clusters dans les pays européens : www.clusterobservatory.eu
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