
Première apparition, aujourd’hui au Festival de Cannes avec « Foxcatcher », pour Bennett Miller qui était jusque là plutôt un habitué des Oscars avec 6 nominations pour « Le Stratège » en 2011, et surtout une nomination pour l’Oscar du meilleur réalisateur pour « Truman Capote » qui permis également à Phillip Seymour Hoffman d’obtenir l’Oscar du meilleur acteur en 2005. Inspiré d’une histoire vraie, « Foxcatcher » relate les relations entre deux frères champions olympiques de lutte, Mark et Dave Schultz, et un milliardaire paranoïaque, héritier de l’une des plus grandes dynasties américaines, John du Pont. 3 ans après leurs médailles olympiques glanées en 1984 à Los Angeles, ce dernier va proposer aux deux frères de préparer les Jeux de Séoul dans sa luxueuse propriété où il a installé un camp d’entraînement haut de gamme dédié à la lutte. Au départ, seul Mark acceptera l’offre, séduit de pouvoir se préparer dans de bonnes conditions alors que son titre olympique ne lui a pas apporté de reconnaissance matérielle, mais aussi par la possibilité de se dégager de la tutelle parfois oppressante de son frère aîné qui est aussi son entraîneur et a presque assumé un rôle de père pour lui lorsque, très jeunes, ils durent se débrouiller seuls après la séparation de leurs parents.

Un épatant trio d’acteurs
Ce jeune champion, doué mais manquant de confiance en lui, va se rapprocher du milliardaire mégalomane qui finira par le manipuler et le pousser à un comportement peu compatible avec la préparation d’une grande compétition. L’arrivée de son frère dans le camp pour superviser l’entraînement achèvera de le déstabiliser et l’aventure olympique tournera au tragique. Avec « Foxcatcher », Bennett Miller a réussi un grand film, non seulement sur ce monde méconnu de la lutte, mais aussi sur ces rapports complexes entre les 3 hommes. Dans son entreprise, le cinéaste américain a pu s’appuyer sur un épatant trio d’acteurs, à commencer par Steve Carell dans le rôle à contre emploi de cet inquiétant héritier aux motivations assez troubles. Channing Tatum est lui aussi parfait en champion timide et fragile sous un corps épais et musculeux, tandis que Mark Ruffalo incarne de belle manière le frère aîné qui dégage une grande sérénité, tout en étant manifestement le mâle dominant. Ce trio pourrait bien tirer le film assez haut dans le palmarès samedi soir et griller ainsi la politesse aux Oscars.