Frère Marie Pâques en quête de sens

Posté mar 27/03/2012 - 22:51
Par admin

A la tête du vignoble de Saint Honorat qui vient de fêter le 20ème anniversaire de son renouveau, Frère Marie Pâques est devenu par la force des choses un chef d’entreprise. Un chef d’entreprise toujours En quête de sens, le titre du livre qu’il vient de publier et qu’il présente demain à la FNAC de Cannes. Rencontre avec ce moine de l’Abbaye de Lérins pour parler de son métier qu’il exerce avec passion, mais aussi des thèmes très divers qu’il aborde dans son ouvrage.

Frère Marie Pâques en quête de sens

Frère Marie Pâques, vous venez de fêter les 20 ans du renouveau vignoble de Saint Honorat. Comment en êtes vous venus à vouloir faire du vin sur l’île ?

C’est une belle histoire. Notre ancienne Abbé qui est aujourd’hui Archevêque de Tours a relancé ce vignoble avec l’aide de grands Chefs cannois comme Christian Willer et Jacques Chibois. Il s’agissait pour nous de pouvoir gagner notre vie à un moment où notre production de liqueurs était en perte de vitesse. On a fait notre première cuvée en 1992 qui s’appelait la Vendangedes Moines avec des bouteilles vendues symboliquement à 100 francs pour soutenir les moines dans un élan de sympathie.

Votre vin n’a depuis cessé de progresser et se retrouvent maintenant sur les tables des grands Chefs de la Côte en réussissant le miracle de faire plusieurs cuvées très différentes ?

Nous avons choisi d’avoir plusieurs cépages, notamment du Chardonnay et du Pinot noir, qui ne sont pas de la région, mais qui se sont parfaitement adaptés sur notre terroir exceptionnel. Avec l’aide de notre œnologue qui est un artiste, on est capable aujourd’hui de faire de très belles cuvées.

Par la force des choses, vous êtes devenu un chef d’entreprise, mais toujours en quête de sens, titre d’un ouvrage que vous venez de publier ?

Tout a fait. Il me semble que j’ai acquis ces dernières années une expertise pour donner une parole de sens sur l’entreprise, sur la vie économique et sur le monde en général. Je parle de paix, de justice ou de développement durable avec un fil rouge qui est la charité, c'est-à-dire le don de soi, désintéressé et gratuit aux plus pauvres.

Vous parler aussi de bonheur et d’amour avec un grand A ?

Je pense que le véritable bonheur, c’est de s’occuper du malheur des autres. Je suis chrétien catholique et c’est au cœur de l’évangile que je puise mon énergie, ma force et ma rage de vivre et de servir l’humanité.

Vous parler de capitalisme. Sous quel angle ?

Je vais vous scandaliser mais je suis un fervent défenseur du capitalisme dans la mesure où il est basé sur la propriété privée et la capacité d’entreprendre sans laquelle il n’y a pas de création de richesses possible. Il faut donc défendre le libéralisme, mais par contre il faut le border et le réguler par la loi, mais plus encore par la charité.

Le capitalisme est compatible avec le travail en communauté ?

Oui, l’entreprise libérale est un moyen de vivre l’évangile puisque pour la vivre il faut donner aux plus pauvres, mais si vous n’avez rien créé, vous ne pouvez rien donner. Donc, vive les entrepreneurs, mais il faut lutter contre l’orgueil, la cupidité et inviter les gens à rentrer dans la dynamique de l’amour.    

Pour cela, la prière qui est la marque de votre ordre vous aide beaucoup ?

La prière est au cœur de nos vies. La devise bénédictine c’est prière et travail. Surévaluer la prière, la vie économique bat de l’aile. Surévaluer la vie économique, vous oubliez la prière et l’essentiel. Il faut donc toujours trouver un équilibre entre la prière et le travail. 

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