Genève : le dernier coup de 'ce bon Monsieur Safra'

Posté lun 20/12/1999 - 00:00
Par admin

Deux mois avant sa mort tragique, le banquier milliardaire avait transféré son domicile fiscal à Monaco. La succession se fera aussi dans la Principauté. Amertume à Genève.

Le moment d'affliction passé, tandis que certains continuent à s'interroger sur la mort mystérieuse du banquier libanais en doutant de la véracité de la version officielle, d'autres laissent apparaître des préoccupations plus terre à terre : celles qui concernent la succession du magnat de la banque, dont la fortune est évaluée à environ 20 milliards de francs. Sur ce point précis, l'Etat de Genève ne décolère plus depuis qu'il s'est aperçu qu'Edmond Safra avait, deux mois avant sa mort, transféré son domicile fiscal des bords du Léman, à l'Etat de Monaco.Fortune de plus de 20 milliards de francsUn éditorial dans le journal en ligne de la Suisse romande, le /www.dimanche.ch">dimanche.chdonne le ton. Intitulé 'Ce bon Monsieur Safra', l'éditorialiste n'y va pas avec le dos de la cuillère : 'S'il n'y avait dès lors qu'un coup tordu à mettre au compte du défunt, ce serait bien celui qu'il a fait à Genève, la ville qui l'a vu bâtir son empire. En déplaçant son domicile fiscal à Monaco, deux mois avant son décès, Edmond Safra a privé Genève d'un pactole fiscal en droits de succession équivalant, chuchote-t-on, à trois fois le déficit du canton.'D'autant plus que l'essentiel des 15 milliards de francs français que le milliardaire aurait dû toucher dans quelques mois pour la vente de sa banque, fileront directement dans la Principauté, l'Etat de Genève ne pouvant rien espérer prélever. Et de faire un état comparatif entre son droit des successions et celui de Monaco à partir du cas Edmond Safra (ce dernier a une épouse, deux frères et une soeur et, homme très généreux, il a vraisemblablement couché des tiers sur son héritage). Transmissions de fortune en ligne directe (épouse, enfants) : rien à payer en Principauté; 6% à Genève quand la succession dépasse 500.000 francs suisses (2,2 millions de francs français). Frères et sœurs : 8% à Monaco; 11% à Genève. Legs d'argent à des tiers : 16% à Monaco; 26 % à Genève.Monaco moins gourmand sur les successionsGenève ne peut aussi que tempêter devant le fait que Monaco se montre moins gourmand sur les successions. Tout juste, Genève cherche-t-il à se rabattre aujourd'hui sur le patrimoine immobilier. Le taux d'imposition sur les bâtiments légués à une épouse qui n'a pas eu d'enfants avec le défunt (c'est le cas ici) s'élève à 11%; le double si les bénéficiaires sont des frères et sœurs, et près de 50% s'il s'agit de tiers. Les finances regardent aussi du côté des œuvres d'art du banquier. Tout en sachant que biens immobiliers et oeuvres d'art ne représenteront que des miettes en regard de la fortune colossale qui est partie, il y a à peine deux mois, se nicher sur le rocher….Conclusion de l'éditorialiste du 'dimanche.ch' : inutile que les cantons s'engagent dans des suppressions d'impôts sur les successions. On trouvera toujours plus paradis fiscal que soi. Et il ne faut pas espérer attendrir les milliardaires. Fussent-ils mécènes…

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