Gérard Bardier (BPI) : bougez dans votre métier !
La solution pour la Gestion des Ages, "c'est de bouger dans son métier. Pousser les salariés à changer après 7 ou 8 ans dans le même travail. Les aider à faire des projets, à se voir dans d'autres activités à l'intérieur ou à l'extérieur de son entreprise."
L'arrivée du "papy boom" à partir des années 2004-2005 est-elle une menace ou une opportunité pour les entreprises d'un côté ou pour les salariés de l'autre ? La France est-elle allée trop loin en mettant en pré-retraite une grande partie de ses salariés âgés de 55 à 64 ans ? C'est autour de ces questions de gestion des âges qu'est intervenu récemment Gérard Bardier, directeur Gestion des Ages BPI, lors d'un récent rendez-vous organisé avec le partenariat du groupe Médéric au Sophia Country Club.- Sncom: Comment posez vous le problème aujourd'hui ?Gérard Bardier : Nous avons déjà une certitude : le nombre d'actifs de plus de 50 ans aura doublé d'ici 2010. En 1995, il n'y avait qu'un huitième des actifs qui dépassait cet âge. En 2010, il y en aura un quart. Plusieurs raisons à cela : l'arrivée à 50 ans de la génération d'après 1945, celle du "baby boom" et le prolongement de la durée de la vie et de l'activité. Ces deux phénomènes se renforcent l'un l'autre. La France s'est aussi engagée à réduire drastiquement les pré-retraite et à retarder les départs à la retraite de deux ans.- Sncom: Qu'est-ce qu'implique cette politique ?Gérard Bardier : Actuellement les plus de 50 ans sont marqués par une image négative : ils ne seraient plus motivés, plus compétents, plus aptes au changement. Il est vrai que cette image correspond parfois à une certaine réalité. Nous avons cherché à savoir pourquoi. Et nous avons trouvé qu'un des facteurs majeurs de la démotivation, c'est de rester dans la même activité trop longtemps. Or, les gens qui font la même chose, depuis longtemps, au même endroit, on les rencontre forcément dans les plus de 45 ans. Nous nous sommes aussi aperçu que l'on bougeait peu dans les entreprises après 40 ans. Une partie de la population active reste aussi trop longtemps dans le même poste.La solution, c'est de bouger dans son métier. Pousser les salariés à changer après 7 ou 8 ans dans le même travail. Les aider à faire des projets, à se voir dans d'autres activités à l'intérieur ou à l'extérieur de son entreprise. Toutes les études montrent qu'on peut apprendre un nouveau métier après 50 ans. Bouger, c'est être confronté à de nouvelles exigences, une nouvelle réalité. C'est maintenir son employabilité, se garder un avenir."- Sncom: Comment faire concrètement ?Gérard Bardier : Un certain nombre d'entreprises ont mis en place des outils. Il faut agir auprès des personnes, leur donner l'occasion de s'arrêter, de penser leur avenir professionnel. Il y a pour cela des formules de bilans individuels, de séminaires collectifs. La seconde chose est du ressort de l'entreprise ou de l'organisation qui emploie. C'est à elle de mettre en place un système qui rend possible et favorise cette mobilité."
