Google achète Motorola Mobility pour contrer Apple

Un sacré changement de stratégie pour Android ! Le rachat de Motorola Mobility (l'une des deux divisions de l'Américain Motorola) annoncé hier, lundi 15 août, par Google, pour 12,5 milliards de dollars (8,7 milliards d'euros) a fait l'effet d'un coup de tonnerre dans le ciel de la téléphonie mobile. Et cela d'autant plus qu'il n'y avait pas eu de fuites laissant pressentir cette acquisition majeure.

Google entre de plain-pied dans le "hardware"

Jusqu'à présent, le géant de l'Internet, était entré dans le web mobile, par le biais du "software, avec Android, un OS (système d'exploitation) ouvert. L'option a été payante. Larry Page, fondateur et président de Google, le souligne en annonçant cette acquisition, la plus grosse qu'ait jamais faite un groupe plus enclin à avaler des start-ups que des sociétés solidement installées. Au total, plus de 150 millions de mobiles Android ont été activés dans le monde et le rythme est de 550.000 de plus chaque jour à travers un réseau de 39 fabricants de mobiles et de 231 opérateurs dans 123 pays ! Un fabuleux succès depuis le lancement d'Android en novembre 2007 !

Avec Motorola, un des grands fabricants mondiaux de mobiles en main, Google entre désormais de plain-pied dans le domaine du "hardware", celui du matériel où la compétition avec les pays émergents est rude. Premier risque : apparaîtr e désormais comme un concurrent aux yeux des constructeurs qui ont choisi de placer leur mobiles dans l'orbite Android (LG, HTC, Samsung et autres) et les voir changer d'OS pour des solutions plus "neutres" comme celles que peut offrir par exemple Microsoft avec son Windows mobiles.

Sur fond de guerre des brevets

Dans leurs premiers commentaires, les analystes ont placé ce revirement stratégique dans l'optique d'un affrontement avec Apple sur fond de guerre des brevets. Google avait échoué en juillet dernier dans sa tentative de mettre la main sur les brevets de Nortel, l'équipementier télécoms canadien en faillite. Ils lui avaient été raflés in extremis par un consortium mené par Apple et Microsoft. Google avait cependant pu quelques jours plus tard racheter plus de 1.000 brevets au géant informatique IBM. Dans la corbeille de Motorola, c'est un lot beaucoup plus gros  en matière de propriété intellectuelle que touche le roi des moteurs de recherche : 17.000 brevets, plus quelque 7.500 autres en attente.

Dans les raisons de ce rachat, Larry Page avance celle des bons liens entretenus avec Motorola autour d'Android. Mais le président de Google, qui rappelle les attaques d'Apple et de Microsoft contre Android, insiste aussi sur le renforcement de la protection de l'écosystème Android que lui apporte l'acquisition de Motorola et de ses brevets. Larry Page assure d'autre part qu'Android restera un système ouvert et que les deux affaires, Motorola et Android, seront menées de façons séparées.

Des raisons qui, pour l'instant, semblent convaincre les constructeurs comme Samsung, attaqué par Apple pour la distribution en Europe de sa nouvelle tablette Galaxy Tab 10.1. Ainsi que le signale le site Web Frandroid.fr, les autres fabricants de mobiles (Sony Ericsson, HTC, LG ou encore Samsung) ont déjà salué le rachat, mettant en avance la défense d'Android et de son écosystème qu'il impliquait. A noter que cette acquisition, qui pourrait être finalisée fin 2011 ou début 2012, doit encore être approuvée par les autorités notamment américaines et européennes.

Lire sur le Googleblog le "post" de Larry Page : "Supercharging Android: Google to Acquire Motorola Mobility"