Grand Stade de Nice : l'opposition tire à boulets rouges

Posté lun 29/11/2010 - 16:50
Par admin

Grand Stade de Nice : l'opposition tire à boulets rouges

Des tirs à boulets rouge contre le grand stade de 35.000 places de la plaine du Var ! Beaucoup, beaucoup trop cher. Mais aussi sans rapport avec les besoins réels, mal placé à l'extérieur de la ville, en concurrence avec d'autres équipements publics ce qui risque de nuire à son amortissement, … : pour Patrick Allemand et le groupe "Changer d'ère", le projet de l'Olympic Nice Stadium, c'est tout simplement une aberration et avant tout une bonne affaire pour le groupe Vinci, le constructeur. C'est ce que l'opposition municipale PS a tenu à démontrer à la fin de la semaine dernière lors d'une conférence de presse et qui est repris noir sur blanc dans un dossier remis aujourd'hui lundi au commissaire enquêteur pour le dernier jour de la concertation publique.

 

Prix : 7.000 euros la place !

 

Les arguments? D'abord celui du prix. C'est le troisième projet de grand stade avec un coût qui est allé crescendo. Le premier projet celui de reconstruction du stade au Ray, dont le coût était évalué à 57 millions d’euros, s’est malheureusement terminé dans une affaire de corruption, l’affaire Vialatte, note le groupe d'opposition. Le deuxième projet de la municipalité Peyrat sur la Plaine du Var était évalué à 83 millions d’euros, soit environ 2 800 euros la place. Ce projet, qui devait être achevé fin 2007, s’est échoué sur un recours du préfet de l'époque, Pierre Breuil.

 

Pour le troisième projet, celui qui est en cours, le coût annoncé est de 245 millions d’euros pour un stade de 35.000 places, soit 7.000 euros la place, note encore l'opposition. A titre de comparaison, le groupe Vinci construit actuellement un stade au Havre de 25.000 places pour 83 millions d’euros, soit 3.300 euros la place.

 

Choix du site : un "non-sens" pour une ville de l'arc latin

 

Autre argument : le choix du site serait un "non-sens" pour une ville de l'arc latin. "Depuis le début, le groupe Changer d’ère a pris position contre le Grand Stade à Saint-Isidore. Tout d’abord, pour des raisons liées à la culture des villes du sud. La place des stades dans les villes du sud de l’Europe est en cœur de ville. C’est le cas de toutes les enceintes des grands clubs de l’arc latin, à l’exception de la Juventus de Turin", explique le groupe.

 

"Bernard Tapie lui-même avait voulu faire sortir le stade Vélodrome de Marseille en 1993 pour en construire un flambant neuf du côté de l’Estaque. Il y avait renoncé sous la pression des supporters".

 

Un projet surdimensionné par rapport à une moyenne de 9 à 10.000 spectateurs

 

Troisième angle d'attaque : un projet surdimensionné pour les besoins de la ville et cela d'autant plus que, par rapport au projet n°2 de la municipalité Jacques Peyrat, les terrains d'entrainement et le centre de formation ne figurent plus au programme. "Aujourd’hui, le club compte sur une moyenne de 9 000 à 11 000 spectateurs par saison, selon que le club marche plus ou moins bien en ligue 1. Cette année, effet de la crise peut-être, la moyenne est descendue à 7.500, la 19ème de la ligue 1."

 

" Comment pouvoir tabler raisonnablement sur une moyenne comprise entre 22.000 et 25.000 spectateurs? Par quel miracle les faire venir à St Isidore", questionne l'opposition qui ne croît pas que la qualité de l'infrastructure puisse changer la donne à ce point.

 

Un musée juste pour favoriser l'élaboration du PPP (Partenariat Public Privé)

 

C'est ce qui pour elle a justifié de sortir de la logique d’un stade uniquement dédié au football pour entrer dans la logique d’un équipement multifonctionnel. Il fallait que l'équipement puisse être "rentabilisé" tout au long de l’année par des événements d’un autre type. "Le projet prévoit la construction de 29 000 m² consacrés soit à des séminaires, soit à l’implantation de services ou de commerces auxquels se rajoutent les 5.000 m² dédiés au musée national du Sport, une surface somme toute modeste pour un musée national. Ce musée n’est là que pour fournir un élément de service public facilitant l’élaboration du PPP (Partenariat Public Privé)," décroche au passage le groupe.

 

Une Délégation de Services Publics en concurrence avec celles du Nikaïa et d'Acropolis

 

Quatrième angle : la concurrence avec d'autres DSP (Délégation de Services Publics) comme celles de Nikaïa et d'Acropolis. L'opposition estime que pour les séminaires et congrès elle sera forte avec Acropolis et pour les grands concerts, frontale avec Nikaïa et son ouverture sur le stade Charles Erhmann.

 

Dernière salve non moins violente contre le montage financier, celui du PPP. "Ce PPP sur 27 ans pour 245 millions d’euros représente un blocage moyen annuel de 8,5 millions d’euros de redevance, soit près du tiers de la capacité annuelle d’autofinancement de la ville. C’est dramatique vis-à-vis des générations futures. En fait, dans cette affaire c’est le groupe Vinci, retenu, qui va réaliser une opération particulièrement "juteuse".

 

Un coût très lourd pour la ville

 

Et le groupe "Changer d'ère" de faire le compte : 245 M€ pour la construction, 19 M€ pour le risque Ligue 2 (le risque que court le club de redescendre dans la ligue inférieure et de perdre ainsi de l'attractivité et des revenus), 90 à 120 M€ que le club résident va devoir verser au constructeur exploitant (loyer garanti par la ville) et enfin ce que le constructeur exploitant va tirer des 29.000 m² de surface qu’on lui donne en gestion : en total, le chiffre de 400 millions d’euros est avancé.

 

"En fait, la dépense par la ville est aléatoire. Il s’agit d’une véritable cavalerie budgétaire", conclut le groupe. "On transforme des dépenses d’investissement lourdes pour quelques années budgétaires en dépenses de fonctionnement moins coûteuses sur le court terme mais pour une durée beaucoup plus longue et on compromet les marges de manœuvre pour la ville pour les prochaines mandatures".

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