Groupe Rodriguez : le naufrage confirmé

Posté mar 05/08/2014 - 10:23
Par admin

Leader mondial des bateaux Open, le groupe cannois fondé par Gérard Rodriguez en 1972 avait été au début des années 2000, l'une des vedettes du second marché à la bourse de Paris. Fin juillet, il a été mis en liquidation par le tribunal de commerce de Cannes. Seule sa filiale américaine, Camper&Nicholsons International est épargnée et a été revendue. Une cinquantaine d'emplois supprimés.

Groupe Rodriguez : le naufrage confirmé

C'est fini pour Rodriguez Group, l'une des belles success stories azuréennes dans le monde du yachting de luxe. La société fondée en 1972 par Gérard Rodriguez a été mise en liquidation judiciaire le 22 juillet dernier par le Tribunal de commerce de Cannes. Leader mondial des bateaux Open, le groupe cannois avait connu son apogée à partir de la fin des années 90. Introduit au second marché en 1998, il affichait en l'année 2000 un carnet de commandes de 1 milliard de francs (plus de 150 millions d'euros) et connaissait des progressions spectaculaires à la bourse de Paris (+ 300% en 2000 pour un titre monté en fusée autour de 320 euros!).

En avril 2001, symbole de la puissance qu'il avait acquise, Rodriguez se permettait de racheter la société américaine Camper&Nicholsons International, la plus prestigieuse maison qui soit dans le monde de la grande plaisance. En 2006 encore, avec 451 millions d'euros de chiffre d'affaires, Rodriguez Group avait détrôné Thales Underwater System sur le podium des plus grandes entreprises des Alpes-Maritimes. Mais à partir de 2008, changement de contexte, la crise financière mondiale liée aux subprimes lui a porté un coup qu'il n'a pas réussi à surmonter.

La machine, bien huilée, s'est alors grippée. Le spécialiste des grands yachts de luxe avait connu son ascension en reprenant les bateaux qu'il avait vendus à ses clients afin de leur revendre des bateaux plus grands et plus chers. Avec la crise, ce mécanisme gagnant s'est retourné contre lui : le groupe s'est retrouvé plombé par les bateaux d'occasion qu'il avait en stock alors que les ventes, elles, s'effondraient. Fin 2008, la sanction de la bourse était sévère : le titre accélérait sa descente vertigineuse et se retrouvait en dessous de 3 euros.

Plan drastique de diminution des coûts de structure, changements de dirigeants, procédures judiciaires, restructuration de la dette, nouvelles alliances avec des chantiers navals pour la construction (chantier italien San Lorenzo clos, Cerri, Italyachts), n'ont pas suffi pour redresser la barre. A un peu plus d'un mois du Festival de Plaisance de Cannes, la liquidation du groupe n'est pas vraiment une surprise. En redressement judiciaire depuis janvier 2014, il avait tiré la sonnette d'alarme début juin, annonçant qu'il n'excluait plus la faillite. C'est ce qui est arrivé fin juillet avec un titre qui, pour sa dernière cotation était tombé sous 1 euros.

Seul Camper&Nicholsons International, sa filiale spécialisée dans le charter et le courtage, est épargnée dans le naufrage. Elle a été revendue au groupe suisse Colosseum Services pour 1 million d'euros. Les deux branches du groupe (la vente de bateaux neufs et d’occasion qui fait l’essentiel du chiffre d’affaires-et l'activité services sur lesquels tous les paris avaient été placés) sont désormais liquidées. Le groupe qui a accumulé près de 100 M€ de dettes avait déjà licencié une vingtaine de personnes en 2013. Avec sa disparition, c'est une cinquantaine de postes, essentiellement ceux du siège de Golfe Juan, qui se trouvent supprimés. Et un beau succès azuréen qui tire sa révérence.

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