
Neuf ans après son premier film « Trois Enterrements », avec lequel il remporta le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes, Tommy Lee Jones revient aujourd’hui sur La Croisette pour présenter « The Homesman ». Un film qui raconte l’histoire de Mary Bee Cuddy, une pionnière de la conquête de l’Ouest, chargée de convoyer 3 femmes, rendues folles par la dureté de leurs conditions de vie, afin de les ramener à la civilisation chez l’épouse d’un pasteur où elles pourront être soignées. Dans son long voyage périlleux en chariot à travers les paysages arides du Nebraska, elle recevra le concours de George Briggs, un vieil escroc qui a déserté l’armée et a tendance à s’approprier un peu facilement des terres qui ne sont pas à lui, ce qui lui vaudra d’échapper de peu à la pendaison. Sorte d’émigration à l’envers, cette épopée se transforme en une leçon initiatique sur la culpabilité et la rédemption, doublée d’une réflexion sur le coût réel de la conquête de l’Ouest.

Un western qui n’en n’est pas un
Même si l’action se déroule à l’Ouest du Mississipi au milieu du XIXe siècle ; que l’on y trouve des chevaux, des chariots, des pistolets et même quelques indiens, « The Homesman » n’est pas un western traditionnel. Tommy Lee Jones s’intéresse plus aux relations qui se nouent peu à peu entre cette femme courageuse qui ne se laisse jamais abattre et ce soldat désabusé, tour à tour dur à cuire et bouffon. Il plante aussi sa caméra dans l’imaginaire des 4 femmes de cette histoire. Aussi bien Mary Bee, une frustrée qui ne pense qu’à trouver un mari, mais pleine d’amour pour son prochain, que des trois qui ont perdu l’esprit à force de vivre isolées, de perdre leurs enfants en bas âges emportés par les épidémies, et de devoir faire face à l’indifférence des hommes de leur entourage. Le film est d’ailleurs un bel hommage à ces pionnières et à leur capacité à endurer, même si certaines ont fini par y laisser leur santé mentale. Avec « The Homesman », Tommy Lee Jones, dont on se prend à regretterqu’à 67 ans il n’en soit qu’à son second film en tant que réalisateur,a surtout réussi une œuvre sensible, traversée par de superbes images, qui devrait en toute logique se retrouver en bonne place, samedi prochain, au palmarès du Festival.