HP à Sophia : les salariés manifestent contre les "licenciements boursiers"

Posté mar 13/10/2009 - 16:35
Par admin

HP à Sophia : les salariés manifestent contre les "licenciements boursiers"

 

Manifestation dans le calme, hier au rond-point Saint-Philippe avec les salariés de HP renforcés par les ex-Wipro.

 

A Sophia Antipolis, après la bataille de Wipro, celle de HP ? Hier matin, mardi, un nouveau débrayage, assorti d'une manifestation autour du rond point Saint-Philippe près des bureaux des Templiers, a rappelé que le site sophipolitain de Hewlett-Packard, était lui aussi sous le coup d'un plan social sévère. Un plan social d'ailleurs beaucoup plus sévère que ce qui avait été pressenti par les syndicats en juin dernier quand l'entreprise américaine avait annoncé un plan de restructuration mondial décliné à la France sans en préciser exactement les contours.

 

Le site de Sophia est menacé estiment les syndicats

 

Les syndicats avaient alors évalué entre 60 et 70 le nombre de postes supprimés. Les contours arrêtés fin juillet sont allés bien au-delà : le plan concerne 134 postes à Sophia Antipolis dont 13 déplacés sur Grenoble. Alors que la technopole avait été relativement épargnée lors des précédentes restructurations, c'est cette fois très lourd. Un coup de hache. Fin août, un PSE (Plan de sauvegarde de l'Emploi) était engagé sur cette base. Cette énième restructuration, qui touche particulièrement l'activité software et le CCF (Centre de Compétence France) de HP ) a pour résultat une réduction drastique, pratiquement tous les salariés de la technopole travaillant pour cette entité. Sophia comptant 257 salariés, ce sont plus de 50% des postes qui sont supprimés. De plus, le site se trouve ainsi marginalisé ouvrant la porte à une disparition pure et simple dans les années qui viennent, ce que craignent les salariés et que dénoncent les syndicats.

 

Si dans un premier temps les mesures d'accompagnement semblaient avoir calmé le jeu, les négociations se sont tendues la semaine dernière. D'où cette nouvelle manifestation qui a rassemblé environ 300 personnes et à laquelle s'étaient joints les salariés licenciés de Wipro (ex-New Logic) dont les locaux se trouvent à proximité. Les salariés de HP ont ainsi mis en cause des licenciements qualifiés de "boursiers". "Comme beaucoup d'autres sociétés, HP profite de la crise et de la baisse d'activité dans certains secteurs très visibles (PC's, imprimantes)- mais compensée par la croissance dans d'autres secteurs- pour donner un nouveau tour de vis dans la délocalisation des compétences vers les pays de main d'œuvre moins chère –les pays de l'Europe de l'est, le Maghreb, l'Inde et la Chine" dénonce un tract de FO. "Malgré les chèques d'incitation au départ que propose HP, ce sont bientôt les Assedics qui supporteront les coûts de cette restructuration, car l'espoir de trouver un nouvel emploi sur le marché de l'emploi d'aujourd'hui est faible,", s'insurge Robert Rowlands, délégué syndical FO.

 

Plusieurs actions en justice sont en cours

 

Quant au PSE, il est pour l'instant toujours en négociation avec une première date butoir au 18 novembre pour le rendu d'avis du comité d'entreprise, comme le note Bruno Coulouvrat (représentant CFDT). Une date qui pourrait être repoussée, les syndicats ayant porté deux actions en justice concernant le télétravail et le transfert de 16 salariés sur EDS, société rachetée par HP. D'autres points de contestations portent sur la fusion, dans la procédure, des bassins de travail de Sophia Antipolis et de Grenoble, site de HP beaucoup plus important avec 1.800 salariés (site aussi beaucoup moins impacté avec 115 suppressions de postes). En l'état de cause, les premiers départs pourraient intervenir en janvier 2010 pour les volontaires et en mai 2010 pour les autres partants "désignés".

 

Jean-Jacques Bossard, directeur du site : une restructuration de l'activité software

 

Responsable du site, Jean-Jacques Bossard, essaie d'arrondir les angles et de défendre la position d'HP. Mission difficile. Il explique que Sophia est particulièrement touché parce que la restructuration actuelle porte sur l'activité software qui , selon lui, est la plus impactée par la crise économique. Or c'est une activité qui est au cœur de l'ex Digital, devenu ensuite Compaq puis HP après la mega-fusion HP-Compaq de 2001. De tradition  les équipes se sont spécialisées dans la recherche et développement logiciel orienté Télécom.

 

Jean-Jacques Bossard note aussi qu'HP, pour minimiser l'impact sur l'emploi, a finalisé un accord avec une société créée par une vingtaine de ses salariés qui pourront ainsi récupérer une partie des ressources développées. D'autre part, appel est fait d'abord au volontariat et au redéploiement sur d'autres sites pour éviter au maximum les licenciements "contraints". Jean-Jacques Bossard assure aussi qu'il n'est pas question de supprimer le site de Sophia, ajoutant quand même prudemment, dans le plan actuel vu qu'il est difficile de prévoir l'avenir à plus long terme.

 

Les pistes de Marc Daunis pour garder les compétences 

 

Venu rencontrer les salariés à l'issue de la manifestation, Marc Daunis, sénateur maire de Valbonne, a attaqué le capitalisme financier, déclaré que le reclassement des salariés incombait aux entreprises qui licenciaient. Le sénateur a lancé aussi quelques pistes pour garder ces compétences qui font la force de Sophia : la mise en commun des CV avec l'aide du Club des dirigeants pour permettre aux salariés licenciés de trouver plus facilement un travail dans une des entreprises du parc, l'ouverture de nouvelles formations avec la région PACA ou encore l'accompagnement des porteurs de projets. Des solutions qui, dans le contexte économique actuel, sont loin de pallier la suppression de plus d'une centaine de postes de haut niveau. Pour la technopole et le high tech azuréen, HP, c'est un nouveau coup dur.

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