Hubert Félix Thiéfaine à Cannes avec ses suppléments de mensonge

Posté lun 26/03/2012 - 18:37
Par admin

Auréolé par son récent triomphe aux Victoires de la Musique, Hubert Félix Thiéfaine était vendredi soir à Cannes. Sur la scène du Palais des Festivals, il a offert un concert magnifique à ses fans qui lui sont fidèles depuis de nombreuses années malgré une présence très discrète dans les médias, et qui sont rejoints aujourd’hui par un public de plus en plus nombreux suite au succès de son dernier album Suppléments de mensonge. Rencontre avec l’artiste qui revient sur sa soudaine notoriété et sur le plaisir qu’il a à exercer son métier.

Hubert Félix Thiéfaine à Cannes avec ses suppléments de mensonge

 

Hubert Félix Thiéfaine, vous qui avez fait l’essentiel de votre carrière en marge de la reconnaissance professionnelle, recevoir deux Victoires de la Musique, cela vous a surpris ?

Pas trop parce qu’en 2011 j’ai eu le grand prix de la SACEM et un disque de platine pour Suppléments de mensonge, ce qui est plutôt rare par les temps qui courent. Donc, je n’ai pas été étonné de faire partie des nominés. Après, les cérémonies ce n’est pas trop mon truc. Moi ce qui compte c’est le public qui me suit fidèlement depuis les années 80 et qui m’a déjà offert une vingtaine de disques d’Or et même de Platine. 

Vous avez fait un doublon historique avec la Victoire du Meilleur interprète de l’année et du Meilleur Album. Qu’est ce que cela vous inspire ?

Je ne vais pas cracher dans la soupe car cela m’a tout de même fait plaisir ainsi qu’aux gens qui m’entourent, mais cela ne change strictement rien pour moi. Je ne vais pas modifier le cap que je me suis donné, ni ma façon de travailler. Ma vraie liberté, c’est d’avoir du temps pour moi. Le temps, la solitude et le silence, j’en ai besoin et je me battrais pour les conserver.

Vous pensez que ces deux Victoires vont vous ouvrir à un public plus large ?

Je pense car cela a été médiatisé. Maintenant, on saura mieux écrire mon nom sans faire de fautes, mais je ne suis pas passionné par ce genre d’histoire. J’ai déjà la chance inouïe de vivre de ma musique et de ma poésie depuis 1973. C’est cela ma vraie récompense. Pouvoir vivre de mes rêves de gosse quand j’avais 12 ans. J’y suis parvenu et c’est quand même assez sublime.

Après ces Victoires, vous avez repris rapidement votre tournée qui s’appuie sur votre dernier album Suppléments de mensonge ?

Ce titre correspondait bien à l’état d’esprit que j’avais lors que j’étais en train de l’écrire. Pour moi, chaque album est une balise et correspond à un moment important de ma vie qui rejaillit sur l’écriture. Pour Suppléments de mensonge, il y a eu un accident qui a fait j’ai du être hospitalisé durant assez longtemps. La convalescence a été longue et je me suis mis à écrire et à prendre des notes pour écrire cet album.

L’écriture est quelque chose d’important pour vous ?

Quand j’écris ou que je compose, le temps s’arrête. Quand je pose ma guitare ou mon stylo et que je regarde l’heure, je suis toujours surpris. Quand 5 heures se sont passées, c’est comme si ce temps là était parti en fumée ou en étincelles. Je suis dans un autre monde et j’oublie tout. C’est magique. C’est comme une drogue ou l’alcool, mais on n’a pas la gueule de bois quand on a fini.

Aujourd’hui, votre soudaine notoriété vous dérange parfois ?

Il faut savoir gérer sa notoriété. Si vous venez de passez à une émission de télé avec 8 millions de téléspectateurs, le lendemain ce n’est pas la peine d’aller au supermarché du coin. Pour moi cela reste viable et le jour où je ne pourrais plus imaginer des thèmes de chansons en marchant dans la rue, ce jour là je perdrais beaucoup. Une chanson ne s’écrit pas dans une tour d’ivoire. J’ai besoin d’aller dans la rue voir ce qui se passe dans la tête des autres et de peser aussi l’âme des autres, c'est à dire leur puissance vitale.

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