Ingénierie de l'urgence : le CRC de Sophia précise son concept

Tirer les leçons du drame de Fukushima dans le domaine de la gestion de crise : c'est ce qu'ont cherché à faire Franck Guarnieri, directeur du Centre de recherche sur les Risques et les Crises (CRC) de Mines ParisTech à Sophia Antipolis et Sébastien Travadel, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. En mars dernier, ils avaient publié dans le quotidien "Les Echos", un article qui avait connu un bel impact et dans lequel ils exposaient un nouveau concept : celui "d'ingénierie de l'urgence". Ils avaient annoncé alors qu'un rapport plus élaboré serait prochainement consultable sur le site Internet du CRC (www.crc.mines-paristech.fr). C'est ce qui est fait aujourd'hui avec la livraison d'un véritable "papier de recherche", téléchargeable donc accessible à ceux qui veulent en savoir plus.

Dans un résumé, les chercheurs expliquent comment ce concept est né d'un retour d’expérience de l’accident de Fukushima-Daiichi. Ce retour a mis l’accent sur les mesures de prévention destinées à protéger les réacteurs nucléaires ainsi que sur les méthodes de gestion de crise classiquement convoquées. Mais sur le site, les conditions relèvent d’un accident qui n’en finit plus. Après les événements du 11 mars 2011, la manière dont sont conduites les opérations d’ingénierie visant à sécuriser les installations ont ouvert une nouvelle perspective sur la capacité des organisations à s’adapter à des situations qui vont bien au-delà des cadres déterministes.

"Dans cet article, nous examinons cette figure extrême de l’ingénierie, dénommée "ingénierie de l’urgence", expliquent les deux chercheurs. Cette notion "qualifie les activités d’ingénierie dont la conduite est entravée du fait des conditions d’urgence. On peut alors définir l’ingénierie de l’urgence comme : une activité d’ingénierie dont la conduite est sérieusement perturbée par l’inadéquation des ressources face à une urgence sociétale. En fait l’ingénierie de l’urgence est une figure extrême de l’ingénierie. Il s’agit d’innover grâce à des méthodes d’organisation spécifiques qui garantissent la performance de l’ingénierie lorsque celle-ci intervient en tant que stratégie de gestion de la crise."