Inondations : deux leçons à tirer des derniers épisodes méditerranéens

Suite aux inondations successives que la Côte d'Azur a subi à moins de dix jours d'intervalle, deux constats retiennent spécialement l'attention : Guilaine Debras, maire de Biot stigmatise le sous-dimensionnement des buses de l’autoroute A8 qui a dû être fermée à deux reprises; David Lisnard et Sébastien Leroy, les maires de Cannes et de Mandelieu dénoncent la lourdeur des procédures administratives qui ont retardé des travaux urgents de prévention.

L'A8 axe vital pour la Côte

Les deux épisodes méditerranéens que la Côte d'Azur vient de vivre et subir méritent évidemment de se réinterroger sur les procédures de sauvegarde. C'est ce qu'ont déjà entamé les municipalités et les responsables de la sécurité du département. Parmi les déclarations et constats qui ont été transmis en voici deux qui soulignent des points particuliers quant aux travaux et aménagements nécessaires à réaliser sur les infrastructures afin de limiter les dégâts d'événements climatiques qui risquent fort de se renouveler régulièrement. (Photo WebTimemedias : l'A8, un axe vital pour le département).

Biot : Guilaine Debras met en cause le sous-dimensionnement des buses de l'autoroute A8

La première est celle de Guilaine Debras, maire de Biot, commune qui avait été tragiquement sinistrée en octobre 2015 (3 décès) et qui, grâce notamment à une coordination efficace des acteurs et sans doute à une moindre densité des précipitations, a certes souffert mais sans équivalent avec ce qu'ont subi d'autres villes de la Côte d'Azur. Ce que met en avant cette fois Guilaine Debras, c'est la question de l'autoroute A8 qui par deux fois, lors des intempéries du 23-24 novembre et celles du 1er décembre, a dû être fermée. Un axe qui est pourtant essentiel, pour ne pas dire vital, à l'acheminement des secours.

"Ces deux épisodes sont également éclairants, sur un enjeu majeur, que je n’ai de cesse de dénoncer : le sous-dimensionnement des buses de l’autoroute A8" écrit ainsi la maire de Biot. "Tant le week-end dernier que ce dimanche, le constat est sans appel. Même sans embâcle et avec une crue moyenne,  la section des buses est insuffisante pour absorber le volume des cours d’eau en crue dans la plaine de la Brague provoquant une montée des eaux dans des zones habitées ainsi que des inondations de l’autoroute et le report des véhicules sur des itinéraires en zones sensibles. C’est une question majeure qui doit être traitée de toute urgence afin d’assurer la sécurité des riverains".

Guilaine Debras expliquait également hier qu'elle serait à Paris aujourd'hui, mardi 3 décembre, devant la Commission mixte Inondation au Ministère de la Transition écologique et solidaire, afin de défendre l’avenant au Programme d’Aménagement et de Prévention des Inondations (PAPI) Loup, Brague et Vallons côtiers. "Il a été voté récemment par la CASA, et son budget est passé de 11 à 24 millions d’euros. L’objectif est notamment le rachat de toutes les habitations du hameau de la Brague pour renaturer le lit du fleuve et sortir du risque des Biotois ce qui est le cas pour la destruction de 20 maisons en bordure de Brague ces trois dernières années."

David Lisnard et Sébastien Leroy : "la paperasserie administrative ne peut plus se voir préférée à la vie des concitoyens"

Autre point qui avait déjà été abordé hier par le président du Département Charles-Ange Ginesy et qui est repris par David Lisnard, maire de Cannes et Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule, les point les plus durement et massivement touchés : celui de la lourdeur des procédures administratives qui retardent des travaux urgents pourtant financés et absolument nécessaires. Tous deux rappellent que les Alpes Maritimes, qui n'avaient jamais vécu d'alerte route, en ont connu deux en moins d'une semaine avec les dégâts que l'on a pu voir.

Les deux maires de l'Agglomération Cannes Lérins lancent aussi un appel auprès de la Ministre de la transition écologique et solidaire "pour obtenir immédiatement une simplification des démarches réglementaires et des autorisations inhérentes à l’entretien des cours d’eau, en réduisant les délais d’instruction et ainsi permettre la réalisation de l’ouvrage des Barnières dans un délai beaucoup plus contraint. La "paperasserie" administrative ne peut plus se voir préférée à la vie des concitoyens", soulignent-ils.

Plus précisément expliquent-ils, "la Communauté d’Agglomération Cannes Lérins a déposé auprès des services instructeurs de l’Etat son programme global d’actions et de travaux de prévention des inondations à hauteur de 142 millions d’euros sur 18 ans dont 60 millions d’euros sur la période 2021-2026. Parmi ces actions, la mise en sécurité de la commune de Mandelieu, renforcée par le projet d’ouvrage de ralentissement dynamique des crues sur le Riou de l’Argentière au lieu-dit des Barnières, a été initiée dès 2011 et a fait l’objet de nombreuses études financées dans le cadre du PAPI Riou de l’Argentière."

"Ce dossier, ralenti par les demandes de l’administration environnementale pour la prise en compte des enjeux liés à la biodiversité et à l’insertion paysagère du projet dans un site classé , nécessite, outre le recours à une expertise technique de haut niveau, de nombreuses procédures règlementaires afin d’obtenir l’autorisation de réaliser l’ouvrage. A plusieurs reprises et notamment lors du dernier comité de pilotage du plan de prévention du 12 juin 2019, David Lisnard et Sébastien Leroy ont dénoncé les lenteurs administratives et les obstacles bureaucratiques qui ralentissent les interventions d’entretien et de curage des cours d’eau ou encore la réalisation des ouvrages, indispensables à la mise en sécurité des populations, de plus en plus fréquemment impactées par ces phénomènes climatiques à répétition".

D'où cet appel lancé aujourd'hui. Il y a urgence.

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