INRIA : quelles orientations pour ce "quadra" de l'informatique ?

Posté jeu 03/05/2007 - 10:05
Par admin

INRIA : quelles orientations pour ce "quadra" de l'informatique ?

L'Inria célèbre cette année ses quarante ans. L'occasion pour son président national, Michel Cosnard, qui dirigea auparavant l'unité de recherche de Sophia Antipolis, de rappeler le positionnement de cet établissement réputé mondialement, qui compte aujourd'hui 3 600 personnes, et d'évoquer quelques-uns des grands domaines d'avenir dans lesquels sont impliquées ses équipes de recherche. (Propos recueillis par Jean-François Desessard pour BE France - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/42511.htm)

 

Comment définiriez-vous le "quadra" qu'est désormais l'Inria ?

 

Michel Cosnard - Comme une agence de programmes et de projets mis en oeuvre par des équipes projets. Cette notion de projet est véritablement inscrite dans les gènes de l'Inria. Dans ce contexte, cet établissement de recherche se positionne comme un intermédiaire entre des structures pérennes du monde universitaire très ancrées dans un tissu régional, structures qui abritent des laboratoires performants et où sont formés des étudiants, et ce mode projet, garant de l'excellence scientifique au meilleur niveau mondial et dont la finalité est de transférer les résultats de ces recherches, soit à l'industrie, soit, ce qui est moins connu, sous la forme de connaissances qui permettront de former les futurs ingénieurs dans nos domaines. Par conséquent, notre rôle national se décline au niveau régional, dans l'ensemble de nos centres de recherche.

 

Votre Plan quadriennal prévoit la création au 1er janvier 2008 de trois nouveaux centres régionaux. Dans quelles villes seront-ils localisés ?

 

Michel Cosnard - A Lille, Bordeaux et Saclay, près de Paris. Le fait de s'installer dans la région Nord Pas-de-Calais symbolise la volonté d'une ouverture très forte de l'Inria en direction de l'Europe, et plus particulièrement des pays du nord. Quant à notre deuxième centre de recherche en Ile-de-France, il va permettre à l'Inria de contribuer à la création de ce grand pôle des TIC, et plus généralement en ingénierie, en cours de constitution dans cette région. Début 2008, l'Inria comptera donc huit centres de recherche régionaux dont la mission est de développer un programme national, élaboré sous la forme d'un plan stratégique et décliné via un contrat quadriennal.

 

Quels sont les grands domaines vers lesquels s'orientent les recherches menées à l'Inria ?

 

Michel Cosnard - Nous sommes évidemment très impliqués dans les recherches portant sur la communication au sens large, et plus particulièrement sur l'évolution d'Internet et les technologies associées à ce média. Force est de constater que nous n'en sommes qu'au tout début et que des évolutions importantes sont attendues, je pense notamment au Web sémantique. Désormais, nous ne sommes plus véritablement confrontés à des problèmes purement technologiques mais davantage liés aux comportements humains. Il s'agit de franchir un degré de complexité très important qui va nous permettre de passer du traitement de données, sur lequel nous avons travaillé jusqu'à présent, au traitement des connaissances, ce qui implique de s'intéresser au sens que l'on donne aux mots ou aux phrases.

 

Deuxième grand domaine, la sécurité. Je veux parler évidemment de la sécurité informatique et de la sécurité des logiciels, mais aussi de la sécurité des biens et des personnes. Face à ces sujets d'envergure, l'Europe, et plus particulièrement la France et l'Inria sont en pointe. Alors que nous célébrons les 40 ans de l'Inria, il est important de rappeler que cet établissement de recherche a été fondé par des mathématiciens, autrement dit une communauté de personnes travaillant dans un monde formel, logique, un monde de déduction. Aussi depuis vingt ans nos chercheurs travaillent-ils sans relâche, et malgré les sceptiques, sur les méthodes formelles de développement de logiciels qui, aujourd'hui, s'avèrent incontournables. C'est d'ailleurs parce que l'Inria compte quelques-uns des plus grands experts dans ce domaine que Microsoft Research a décidé de créer avec nous un laboratoire commun.

 

Reste enfin un troisième domaine né d'un fait majeur, la convergence entre informatique et biologie. Rappelons que si le génome humain a été séquencé avec plusieurs années d'avance sur les prédictions, c'est grâce à l'utilisation d'outils informatiques. Certes, l'évolution des puces électroniques, y a contribué. Mais ce succès résulte avant tout de développements logiciels et algorithmiques. A cette occasion, des méthodes utilisées précédemment pour le calcul parallèle sur Internet ont été appliquées au séquençage du génome. Réciproquement, la communauté informatique a beaucoup appris des biologistes. Aussi les futurs ordinateurs des prochaines décennies intégreront vraisemblablement des dispositifs biologiques.

 

Contacts :

INRIA - Michel Cosnard, Président Directeur Général : Tél. +33(0)1 39 63 51 22 - Email : michel.cosnard@inria.fr

Code brève : ADIT : 42511

Rédacteur : ADIT - Jean-François Desessard - email : jfd@adit.fr

 

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