Insecte ravageur du maïs, la chrysomèle nous vient d'Amérique du Nord

Posté mer 16/11/2005 - 00:00
Par admin

Ce redoutable ravageur des champs de maïs détecté en Europe à partir de 1992, ne vient pas d'Europe centrale. Des chercheurs de l'INRA Sophia Antipolis avec d'autres partenaires, ont montré que l'insecte provenait de plusieurs introductions successives d'Amérique du Nord.

D'où vient la chrysomèle des racines du maïs, insecte qui ravage les champs de maïs d'Amérique du Nord et qui a débarqué en Europe au début des années 90? Des chercheurs de l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) de Sophia Antipolis, Montpellier et Versailles, en association avec le Service de la Protection des Végétaux, des chercheurs d'une équipe suisse de CABI Bioscience et d'équipes italienne et américaine ont apporté une réponse à cette question. Ils ont montré que la présence de la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica) en Europe est liée à de multiples introductions en provenance d'Amérique du Nord. Ces résultats paraissent dans l'édition du 11 novembre 2005 de la revue "Science".La chrysomèle des racines du maïs (ou Diabrotica virgifera virgifera) est un redoutable ravageur du maïs en Amérique du Nord qui y occasionne des coûts annuels pouvant atteindre un milliard de dollars. Elle a été détectée pour la première fois en Europe en 1992, près de l'aéroport de Belgrade, puis s'est répandue dans une grande partie de l'Europe centrale et du sud-est. Plusieurs foyers secondaires ont ensuite été détectés dans des régions géographiquement déconnectées de ce foyer initial : le nord-est de l'Italie en 1998 (Veneto), 2002 (Pordenone) et 2003 (Udine); le nord-ouest de l'Italie et le sud de la Suisse en 2000; près de Paris en 2002 et 2004; l'Alsace, le nord de la Suisse, la Belgique, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas en 2003.Il était jusqu'ici couramment admis que les insectes de ces foyers secondaires d'Europe occidentale étaient originaires d'Europe Centrale. L'étude génétique portant sur des foyers de la chrysomèle des racines du maïs découverts ces dernières années en Europe, coordonnée par Thomas Guillemaud (INRA de Sophia Antipolis) et publiée dans l'édition du 11 novembre 2005 de la revue Science montre qu'il n'en est rien.Les chercheurs ont étudié la diversité génétique des populations d'insectes collectées dans cinq foyers européens secondaires (les foyers de Paris découverts en 2002 et en 2004, celui d'Alsace mis en évidence en 2003, le foyer du nord-ouest de l'Italie détecté en 2000 et celui de Udine au nord-est de l'Italie détecté en 2003). Ils ont ensuite comparé ces caractéristiques génétiques avec celles d'insectes capturés en Europe Centrale et en Amérique du Nord.Ils ont ainsi montré que parmi les cinq foyers secondaires étudiés, seul celui du nord-est de l'Italie provient du foyer d'Europe Centrale. Le foyer alsacien provient du foyer détecté en 2002 près de Paris. De façon inattendue, les foyers détectés près de Paris en 2002 et dans le nord-ouest de l'Italie en 2000 sont dus à des introductions indépendantes en provenance d'Amérique du Nord. L'origine du foyer découvert près de Paris en 2004 reste à ce jour incertaine mais pourrait également provenir directement d'Amérique du Nord. Au total, sur les six foyers européens analysés - le foyer d'Europe centrale et les cinq foyers secondaires - au moins trois proviennent d'introductions indépendantes en provenance d'Amérique du Nord. Les modalités de ces introductions successives transatlantiques sont, pour l'instant, inconnues.

Ajouter un commentaire