L'économiste Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix, est venu plaider la cause du social business auprès des jeunes entrepreneurs du G20 Yes à Nice (photo DR)
Crise de la zone euro, tensions sur les marchés financiers, menace sur la croissance économique mondiale, dans un climat lourd d’incertitudes, les jeunes entreprises ont voulu faire entendre leur voix. A la veille du G20 de Cannes, elles ont tenu leur troisième sommet, le G20 Yes (Young entrepreneur summit) à Nice après les deux premiers rendez-vous de Toronto, en juin 2010, et Séoul, en novembre 2010 et avant le prochain, en 2012, au Mexique.
Quatre cents jeunes entrepreneurs ont ainsi planché pendant trois jours, dans les locaux de l’Edhec à Nice, pour confronter leurs expériences et identifier les pratiques qui, dans chaque pays, méritent d’être imitées ou adaptées pour construire un écosystème entrepreneurial permettant de lever les obstacles qui entravent le développement des entreprises.
« Nous ne sommes pas le problème, mais la solution » revendiquent ces jeunes entrepreneurs refusant de se laisser gagner par le pessimisme ambiant. « L’entreprenariat est un moteur essentiel de l’innovation, de la croissance et de l’emploi, en particulier des jeunes, dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement » affirme Grégoire Sentilhes, président du G20 Yes. Et les témoignages de Turquie, d’Israël, d’Arabie Saoudite, de France, du Canada, du Mexique, d’Egypte, des Etats-Unis, d’Italie etc. le confirment tout comme les deux études présentées à cette occasion. Ernst&Young a publié un observatoire sur les pratiques entrepreneuriales des pays du G20 et MacKinsey&Company réalisé un document ("The power of many") soulignant le potentiel des PME qui contribuent, dans les pays du G20, à hauteur de 52% du PIB et 64% des emplois (chiffres 2007).
Un appel de Muhammad Yunus à promouvoir le "social business"
Quelques grands témoins sont venus les encourager. Mario Moretti Polegato, le Pdg de Geox, qui grâce à l’innovation avec ses « chaussures qui respirent » a réussi à s’imposer sur le marché mondial (60% de chiffre d’affaires à l’export) avec plus de 10 000 points de vente multimarques et un réseau d’un millier de boutiques à l’enseigne Geox.
Banquier, puis serial entrepreneur, Hüsnü M. Ozyegin, à la tête de Fiba Group, a multiplié les centres commerciaux en Turquie et dans les pays de l’ancienne Union soviétique, créant plus de 70 entreprises et plusieurs milliers d’emplois, il aussi lancé à Istanbul une université Ozyegin University, pour mieux former les futurs entrepreneurs.
Le fondateur de la Grameen Bank et pionnier du micro-crédit, Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix, est venu plaider la cause du « social business ». « Les états ne peuvent pas résoudre les problèmes, vous, entrepreneurs pouvez le faire, parce que vous êtes créatifs, que vous avez aujourd’hui à disposition des outils puissants. L'entreprise n’a pas pour seule vocation de gagner de l’argent, elle a aussi pour mission d’apporter des solutions et de créer des emplois décents ».
Des solutions, c’est ce que les entrepreneurs du G20 Yes ont voulu apporter aux chefs d’états et de gouvernement réunis à Cannes. Ils leur demandent d’intégrer dans leur déclaration finale « la nécessité de soutenir l’entreprenariat comme moyen vital pour résoudre la crise économique » avec l’engagement d’élaborer, ensemble, un plan d’actions concret à partir des 200 mesures qu’ils ont identifiées dans les différents pays du G20 et qui pourront servir de socle à l’élaboration d’une future « déclaration de l’entrepreneur ».
Christiane Navas