La bataille pour le CRT Côte d'Azur est de nouveau engagée

Les élus azuréens montent au créneau contre une délibération qui doit être soumise aujourd'hui au Conseil régional PACA pour supprimer son financement et son adhésion au CRT Côte d’Azur France au profit du CRT Provence Alpes Côte d’Azur. Une union azuréenne qui s'avère toutefois moins "sacrée" qu'en 2012, lorsque Michel Vauzelle, alors président régional, avait tenté la même opération.

Café Malongo Lisnard Blanc

Et c'est reparti pour la bataille du CRT Côte d'Azur ! Un seul Comité Régional du Tourisme pour la PACA, comme partout en France ou deux avec le CRT Côte d'Azur pour tenir compte de l'importance et des particularités du tourisme Côte d'Azur ? Cette question, très sensible pour la Côte, avait déjà été posée en 2012 sous la présidence de Michel Vauzelle, à travers l'intention de la Région de réduire sa subvention au CRT azuréen. Elle se pose aujourd'hui dans les mêmes termes mais encore plus appuyés : la Région pilotée par Renaud Muselier met aujourd'hui au vote une délibération supprimant carrément son soutien financier au CRT Côte d'Azur au profit d'un organisme régional unique, le CRT Provence Alpes Côte d'Azur. (Photo DR : David Lisnard et Jean-Pierre Blanc, Pdg de Malongo, lors de la présentation du nouveau café signature Côte d'Azur France).

730.000 euros de subvention régionale en 2019

Cette subvention avait déjà été bien rognée. En 2012, lors du bras de fer entre Nice et Marseille, la Région avait commencé à se désengager (1,1 M€ de subvention en 2010, 900.000 en 2011 et à l'époque une grande incertitude pour 2012). Actuellement, ces chiffres sont encore un peu plus bas : les subventions accordées par la Région en 2019 se montent à 730.000 €, le Département des Alpes-Maritimes assurant avec 2,65 M€ le principal effort financier.

Cette nouvelle volonté de désengagement régional a aussi été largement commentée hier par le président du CRT Côte d'Azur, David Lisnard à l'occasion de la présentation gare du Sud à Nice du nouveau café signature Côte d'Azur France, une édition exclusive de Malongo. Le maire de Cannes n'a pas caché sa colère dénonçant par ce retrait dans le CRT Côte d'Azur, la volonté de la Région de faire en sorte qu'il n'y ait plus qu'un seul CRT en PACA, administré et centralisé à Marseille.

Un "retour" des élections Régionales ?

La raison de ce désengagement ? Pour Renaud Muselier, un contrôle par la Chambre régionale des comptes qui a souligné les concurrences entre les comités régionaux du tourisme et le fait d'être la seule région à disposer ainsi de deux CRT (la question avait déjà fait l'objet d'un décret en 1987 lors des grandes décentralisations, décret qui avait alors confirmé la particularité du tourisme Côte d'Azur).

Mais pour beaucoup, le problème est ailleurs. Ce retrait serait un "retour" des dernières élections régionales, au cours desquelles le maire de Cannes avait clairement indiqué qu'il ne s'impliquerait pas dans un soutien à Renaud Muselier, LR comme lui, si ce dernier s'alliait à LaREM. Nice-Matin fait même état de propos du président réélu de la Région Sud qui "déplore que David Lisnard se serve du CRT pour financer sa campagne présidentielle... Moi, je suis garant de l'argent des contribuables. La Région n'a pas vocation à financer des organismes départementaux. Surtout pour un élu dont le silence a été total lors des dernières élections…"

Quoi qu'il en soit, la bataille pour un CRT Côte d'Azur, plus que jamais nécessaire au tourisme azuréen laminé par la pandémie, est relancée. 

 

Une lettre ouverte de 90 élus azuréens

Un nouveau terrain d'affrontement entre les "Ciottistes et les "Estrosistes" : c'est ce qu'il est possible de penser ne serait-ce qu'au vu des noms des signataires d'une lettre ouverte au président de la Région Sud sur le thème de "Non, la Région SUD ne peut se désengager de la Côte d’Azur" (David Lisnard, Charles-Ange Ginesy, Jean Leonetti, Jérôme Viaud, Jean-Claude Guibal, Eric Ciotti....).

"Cette décision est choquante car, sur la forme, elle est unilatérale et sans concertation, sur le fond, elle remet en question l’existence et la légitimité de l’organisme de promotion touristique de l’une des principales destinations touristiques mondiales." écrivent les signataires. Et de rappeler que le CRT Côte d'Azur France créé en juin 1942 est l'un des plus anciens de France.

Les élus (pour la plupart des maires des communes des Alpes-Maritimes) rappellent le poids du tourisme azuréen : "avec 11 millions de touristes annuels, 10 milliards € de chiffres d’affaires et plus de 75 000 emplois directs, la destination Côte d’Azur représente à elle seule plus du tiers de l’économie touristique de toute la région." Ils notent aussi qu'en 2012, Christian Estrosi avait cette même vision des particularités azuréennes et les avaient défendues face "au même projet porté par Michel Vauzelle". Mais cette fois, les noms de Christian Estrosi et des représentants de son cercle rapproché ne figurent pas parmi ceux qui demandent que cette délibération ne soit pas inscrite à l'ordre du jour de la plénière du Conseil Régional. L'union azuréenne n'est plus aussi "sacrée" qu'en 2012.

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