La fronde de Gênes contre le plan de restructuration des chantiers navals Fincantieri

Posté ven 27/05/2011 - 11:43
Par admin

Fer de lance du groupe Fincantieri dans la construction des bateaux de croisière, la capitale ligure est menacée par le plan de restructuration du groupe qui envisage la fermeture du bassin de Sestri Ponente et un plan drastique de réduction d’emplois sur les autres sites. Interpelé par les élus et les syndicats, le gouvernement organise une réunion à Rome le 3 juin.

La fronde de Gênes contre le plan de restructuration des chantiers navals Fincantieri

Le chantier naval Fincantieri à Gênes menacé de fermeture.

Révolte des salariés, des élus en colère dans la rue à leurs côtés à Gênes, le projet de restructuration des chantiers naval italiens Fincantieri fait l’unanimité contre lui. Le groupe, spécialisé dans la construction navale civile et militaire, numéro un mondial dans le secteur des navires de croisière, vient de présenter aux syndicats un plan qui prévoit la suppression de 2550 emplois sur 8200 et la fermeture de deux sites sur huit en Italie à Gênes et Castellammare di Stabia (Naples).

La Ligurie, pourtant berceau historique du groupe, est sévèrement touchée, avec l’abandon envisagé du site de Sestri Ponente  (760 emplois) et le redimensionnement à la baisse de celui de Riva Trigoso. Confronté à des difficultés financières après deux exercices déficitaires en 2009 (-64 M€) et 2010 (-124 M€) en raison d’une baisse continue de l’activité depuis 2007 liée à la crise économique mondiale mais aussi à la concurrence des chantiers navals asiatiques, Fincantieri mise sur un redéploiement de ses activités et une baisse des effectifs.

Rencontre avec le gouvernement le 3 juin

Présenté comme une base de négociation, le projet n’est pas définitif. Une nouvelle rencontre avec les syndicats est prévue le 6 juin et le groupe pourrait faire marche arrière sur l’hypothèse des fermetures de site selon le quotidien ligure Il Secolo XIX.  Interpelé par les élus et les salariés, le gouvernement a, en effet, convoqué une réunion avec les différentes parties le 3 juin.  D’ores et déjà le ministre du développement économique, Paolo Romani, refuse toute fermeture unilatérale d’un quelconque site et met l’accent sur la nécessaire négociation entre direction et syndicats pour trouver un accord sur le contenu final du plan de restructuration

La plupart des pays européens, France en tête sont passés par les fourches caudines d’une restructuration drastique des chantiers navals, ce n’est pas encore le cas de l’Italie où les industriels du secteur mettent en cause l’état, lui reprochant de n’avoir rien fait pour accompagner les entreprises face à la nouvelle donne économique mondiale.  

Gênes capitale historique de la construction navale

Gênes est en première ligne. C’est dans la capitale ligure, à Sestri Ponente, qu’ont été construits les plus grands transatlantiques italiens, comme le Rex, par les chantiers du groupe Ansaldo, fondé à Gênes, en 1853, et qui a longtemps été le porte étendard de la construction navale italienne. Nationalisés à la fin des années 20, au siècle dernier, les chantiers connaîtront des hauts et des bas et des conflits sociaux très durs.  Après les années noires de la décennie 1970, sera créée en 1984 la société holding Fincantieri fédérant les différents chantiers publics de la péninsule italienne. Le renouveau de la croisière donnera à Fincantieri, qui devient leader mondial dans la construction des paquebots,  une bouffée d’oxygène pour une dizaine d’années jusqu’ en 2008.  

Pour le gouverneur de la région Ligurie, Claudio Burlando, comme pour le maire de Gênes, Marta Vincenzi, le désengagement de Fincantieri est incompréhensible au moment où des négociations étaient engagées pour faire évoluer le site de Sestri Ponente avec, à la clé, un plan de financement de 300 M€ apportés par l’Etat, les collectivités locales, le port et Fincantieri. Afin de  préserver les emplois au sein du groupe et chez les sous-traitants, Sestri Ponente pourrait accueillir de nouvelles activités autour de la réparation navale avec le concours  de partenenaires privés.  

Les prochains jours seront décisifs et Gênes ne compte pas tourner la page d’un passé glorieux dans la construction navale au profit d’une Italie du nord- est (Monfalcone, Marghera, Ancone) où Fincantieri souhaite concentrer la construction de bateaux de croisière.

Christiane Navas

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