La "Lettre au père Noël" des salariés de Nice-Matin

Posté mar 17/12/2013 - 10:20
Par admin

Une lettre à l'humour très grinçant des salariés sous le coup d'un lourd plan social. Et qui se termine par un "Alors voilà, nous ce qu’on souhaite de tout notre cœur comme cadeau de Noël cette année, c’est que tu confisques son jouet au vilain Philippe et à TOUTE sa bande de copains et que tu l’offres à des personnes qui ont vraiment envie de s’amuser avec nous..."

Ils s'acheminent vers un Noël plutôt amer les salariés du groupe Nice-Matin, sous le coup d'un lourd plan social, qui, de surcroît ne leur donne pas plus de visibilité sur l'avenir. Aux dernières nouvelles, sur les 148 suppressions d'emplois réclamés, une centaine correspondraient à des départs volontaires rapides et négociés dans le cadre du plan selon ce que la direction du groupe a communiqué le 10 décembre dernier. Il s'agit pour une bonne part de salariés de plus de 55 ans et de quelques autres plus jeunes souhaitant se lancer dans un projet d'entreprise.

Ce nouveau plan social n'en reste pas moins très mal accepté par des salariés qui ont le sentiment d'avoir été menés au désastre par l'incompétence de leur actionnaire. A la veille de Noël, ils le disent avec un humour grinçant dans cette "Lettre au père Noël" que l'intersyndicale du groupe Nice-Matin a publié notamment sur le site web du SNJ (Syndicat national des journalistes). Voici le texte de cette lettre envoyée le 12 décembre dernier par l'intersyndicale du groupe Nice-Matin au plus célèbre des "bonnets rouges".

Les salariés de Nice Matin écrivent au Père Noël

"Il y a 5 ans, avec la complicité de banquiers, tu offrais un super jouet en parfait état de marche à un certain Philippe Hersant : le groupe Nice-Matin. A l’intérieur, y’avait plein d’accessoires et un gros millier de personnages pour traquer les bonnes infos et fabriquer de beaux journaux que plus de 200 000 personnes achetaient tous les jours, rien que sur le Var et les Alpes Maritimes.

Mais ça, c’était avant… Hersant !

Parce que depuis, ce vilain Philippe a tout cassé. D’abord, il a volé toutes nos économies et même plus. Et il a aussi prêté son jouet à une bande de copains qui savent même pas s’en servir ; pire, qui y comprennent rien. Nous, les petits personnages, avant, on nous écoutait, on faisait appel à notre expérience et à nos connaissances et on était heureux de voir que notre travail était apprécié par autant de lecteurs. Mais les copains du vilain Hersant ont confisqué toutes les commandes pour se mettre à jouer rien qu’entre eux, rien que pour eux et n’importe comment. Aucun respect des règles !

D’abord, ils ont supprimé 140 personnages d’un coup : trop vieux ! Ensuite des pièces maîtresses pourtant très utiles mais qui ne leur plaisaient pas : trop brillantes ! A la place, ils ont mis leurs propres pièces, presque toutes des contrefaçons (j’ai des noms…) ; et surtout, ils ont imposé un mode de fonctionnement discriminatoire qu’on appelle, quand on est poli, du « clientélisme », le plus souvent politique.

Je t’explique.

Avant on était l’un des plus grands quotidiens régionaux de France. Notre terrain de jeu c’était nos territoires, et notre principale mission c’était d’incarner leurs populations, tous les jours dans une bonne vingtaine de pages. De les informer de tout, de parler du plus grand nombre, et, le plus souvent possible, de dénoncer les abus et autres tricheries qui servent l’intérêt particulier contre l’intérêt général. Bref, on jouait notre rôle d’acteur de la démocratie locale. Et on en était fiers. Et nos lecteurs étaient contents.

Aujourd’hui, on est devenu… un quotidien insipide, sans saveur, mais dégageant une forte et désagréable odeur de soupe : celle qu’on sert quasiment tous les jours aux politiques de préférence à droite, voire plus. A ceux de notre région que l’on racole avidement pour qu’ils donnent des sous à Hersant contre notre silence bienveillant et complice. Mais aussi aux soi-disant « ténors » nationaux que l’on voit partout dans les autres médias. Quelle imagination !

Quant à la vie des gens de nos territoires, celle qu’on est toujours les seuls à pouvoir mettre en valeur, elle a désormais très mauvaise presse dans nos colonnes, cantonnée à une petite demi-douzaine de pages : trop ordinaire !

Du coup, nos lecteurs se sentent un peu comme nous : trop méprisés ! Alors bien sûr, ils ne nous achètent plus et ne nous font plus confiance. Tu te rends compte, y‘a des jours où ils sont moins de 150.000 à nous lire sur tout le continent… c’est moins que ce qu’on vendait sur les seules Alpes Maritimes il y a quelques années. Trop bon le bilan Hersant !

T’as compris le coup ? Un beau gâchis, orchestré par tous ceux qui tiennent les commandes : rédaction, technique, informatique, publicité, portage, ventes, pas un pour rattraper l’autre.

Alors voilà, nous ce qu’on souhaite de tout notre cœur comme cadeau de Noël cette année, c’est que tu confisques son jouet au vilain Philippe et à TOUTE sa bande de copains et que tu l’offres à des personnes qui ont vraiment envie de s’amuser avec nous ; pas de voler nos sous et notre âme. Des vrais leaders pour nous aider à retrouver le respect de nos lecteurs et le nôtre. Parce que là, pas loin de 150 petits personnages vont encore partir à la poubelle, et on sait toujours pas ce qu’on va faire sans eux après. Tu vois père Noël, si ça devait continuer avec Hersant et ses copains, eh ben dans moins de deux ans, ce beau jouet partira direct à la casse : trop fracassé ! Broyé. Inutilisable. MORT."

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