Vous venez de donner une conférence sur la Méditerranée, une mer fermée mais qui, de tout temps, a été soumise à de nombreux déséquilibres ?
Oui, depuis sa formation, qui est très récente à l’échelle du temps géologique, la Méditerranée a subi des déséquilibres dus à des contraintes globales, les glaciations d’abord, puis un basculement dans une anoxie totale liée à des inondation cataclysmiques drainées tantôt depuis l’Afrique par le Nil et tantôt depuis les zones boréales, par le Danube ou les fleuves se jetant dans la Mer Noire.
Parmi les principaux périls qui menacent aujourd’hui la Méditerranée, il y a la surpêche ?
Effectivement, c’est un problème très important puisque la pression sur la Méditerranée est plus forte que dans le reste du monde. Le total des prises se monte à 1,7 million de tonnes/an, ce qui est considérable même si cela montre qu’il y a encore beaucoup de poissons.
Ce n’est pas un phénomène nouveau. Il préoccupait déjà les Romains ?
Tout à fait, et quand on voit qu’à leur époque la Méditerranée était bien plus riche qu’elle ne l’est aujourd’hui, on peut s’inquiéter pour l’avenir. L’alternative, ce sera forcément l’Aquaculture même si elle n’est pas encore tout à fait au point.
Autre péril qui menace la biodiversité, le réchauffement climatique. Quelle est sont importance réelle ?
Le réchauffement climatique en Méditerranée a été démontré en 1990 par des chercheurs de Villefranche, et les espèces réagissent à ce changement climatique puisqu’on observe leur migration vers le Nord. Les mérous, par exemple, qui ne se reproduisaient pas il y a encore 20 ans au dessus d’une ligne Barcelone Naples, maintenant on en voit fréquemment sur les côtes françaises. Le réchauffement n’est pas très important, de l’ordre de 1° centigrade en surface, mais suffisant pour entraîner une redistribution des territoires des espèces, qui se produit aussi par le biais de l’arrivée de nouvelles espèces, en provenance notamment de la Mer Rouge via le Canal de Suez.