L'affaire du bijoutier de Nice affole Facebook

En quatre jours, plus de 1,3 millions de "Like" ont été portés sur la page Facebook "Soutienaubijoutierdenice". Même si le mouvement d'opinion en faveur du bijoutier qui a tué son braqueur est incontestable, le raz-de-marée sur le web a suscité des interrogations : qui est derrière cette page ouverte anonymement mercredi après le drame ? Et tous les "Like" sont-ils bien réels?

La dramatique affaire du braquage de la bijouterie de Nice affole le web via Facebook! Un raz-de-marée de "Like" s'est levé suite à la mise en examen vendredi pour homicide volontaire du bijoutier qui avait tué son braqueur mercredi matin à la levée du rideau de fer de cette bijouterie du centre de Nice. Ouverte mercredi de façon anonyme, la page de soutien au bijoutier, qui doit désormais répondre de son acte devant la justice, est montée à une vitesse fulgurante. Un véritable phénomène de société ! Elle dépassait ce matin, dimanche 15 septembre, les 1,3 millions de "Like".

Selon SocialBakers, site spécialisé dans les audiences sur les réseaux sociaux, la page est devenue la 3e plus "likée" au monde du moment. Une montée en puissance tellement rapide que certains internautes ont commencé à se poser des questions dès hier samedi ainsi que le note Lexpress.fr et d'autres médias, tandis que l'extrême droite était suspectée (mais sans preuves) d'être à l'origine de l'ouragan médiatique.

Bidouillages ? Achats de "fans" ?

L'interrogation a porté également sur le nombre de "fans". Bidouillages ? Achats de "fans" comme le font certaines grandes marques pour accentuer leur popularité ? La question s'est posée d'autant plus que, comme l'a montré le site SocialBakers spécialisé dans les audiences des réseaux sociaux, un bon 80% des "Like" soit plus d'un million, proviennent hors France et sont attribués à un ensemble de pays "indéterminés". De quoi jeter la suspicion sur ces statistiques alors que les premiers pays étrangers intervenant dans le montant de ces "Like" sont très loin du million : la Suisse ne compte par exemple que pour un peu plus de 1.500 et les Etats-Unis un millier. Pour arriver au million, il faudrait faire intervenir toute la galaxie !

Reste que, tout le monde en est d'accord, les quelque 300.000 "Like" français ne sont pas contestables (un membre de Facebook ne peut "liker" qu'une fois pour un sujet donné). Ce qui, déjà, montre l'ampleur du mouvement d'opinion en faveur du bijoutier niçois. Les commentaires et les partages également, associés au nom des membres de Facebook qui les ont rédigés, ne peuvent eux aussi être contestés. Un nombre déjà édifiant : près de 270.000 abonnés ainsi ont laissé un commentaire ou ont partagé un des posts.

Commentaires : "Partageons cette page pour qu'elle atteigne les 10 millions"

Quelques exemples des commentaires donnent le ton. " TAUBIRA démission !!! La peur doit changer de camp ! Manifestons pour ce bijoutier histoire de montrer à ce gouvernement que nous ne sommes pas des pigeons !!! Et partageons cette page pour qu'elle atteigne les 10 millions aussi rapidement qu'elle a atteint le million !!!, écrit Vanessa Toulouz. Et puis, signé Hugo Lloris, le capitaine de l'équipe de France de football et ancien gardien de l'OGC Nice : "Tout le monde devrait manifester dans la rue pour ce bijoutier, histoire de montrer à ce gouvernement que nous ne sommes pas des pigeons !!!"

Ou encore : "j'espère que la justice de CHRISTINE TAUBIRA sera aussi clémente pour le bijoutier de NICE qu'elle l'est avec les braqueurs et délinquants qui pourrissent la vie à ceux qui se lèvent tôt pour gagner leur pain honnêtement et qui n'aspirent qu'à vivre en paix."

Les politiques montent au créneau

Les politiques n'ont pas manqué de monter au créneau. Dans un communiqué publié vendredi, le député-maire de Nice, Christian Estrosi, soutenait le bijoutier. "La première des victimes, celle qui a été rouée de coup et menacée de mort, c’est le bijoutier et je suis et je serai toujours du côté des victimes. S’agissant de la qualification des faits, je fais confiance au Parquet et aux magistrats qui appliquent strictement la loi. Si cette affaire révèle quelque chose, c’est le fait qu’il appartient au Gouvernement et au législateur de réfléchir aux contours de la légitime défense. C’est une lourde tâche à laquelle j’apporterai ma contribution en tant que député, en prenant une initiative parlementaire." Le président du Conseil général Eric Ciotti, de son côté, pointait du doigt à propos de cette affaire, les "risques de la politique pénale du gouvernement".

Quant à Patrick Allemand, le leader PS du groupe "Changer d'ère", il a voulu calmer le jeu. "On sent monter une telle exaspération chez les gens qu'ils sont déterminés à se faire justice tout de suite", note-t-il dans un communiqué. "C'est pourquoi, il est bon de rappeler qu'il existe une justice et une police dans lesquelles il faut avoir confiance car ces interventions "reflexes" sont dangereuses, non seulement pour les protagonistes, mais aussi pour les passants et citoyens qui n'ont qu'un tort : se trouver au mauvais endroit au mauvais moment."

Quelques mois avant les municipales et alors que le dossier de la sécurité reste particulièrement sensible, l'affaire du bijoutier de Nice avec la mort du braqueur, un jeune récidiviste de 18 ans, s'annonce déjà comme emblématique. Elle pose plusieurs questions au coeur même des débats d'aujourd'hui sur la sécurité et la justice comme le traitement à réserver aux multi récidivistes, ou encore les limites de la légitime défense. De quoi alimenter les passions comme en témoignent les commentaires Facebook.