Laurent Wauquiez à Cannes pour présenter la stratégie spatiale française
Laurent Wauquiez a choisi Cannes, le siège de Thales Alenia Space, pour présenter la stratégie spatiale française dans une année où des choix cruciaux pour l’avenir de la recherche dans ce secteur, vont devoir être faits. Rencontre avec le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour évoquer cette stratégie de croissance tirée par l’innovation et les services.
Laurent Wauquiez, investir aujourd’hui dans l’espace n’est pas accessoire, c’est fondamental ?
La politique spatiale, ce n’est pas du luxe. C’est quelque chose qui est dans notre vie quotidienne. Vous avez une parabole ou un système de guidage, c’est la politique spatiale. Quand des personnes se perdent en mer, on les retrouve grâce à la politique spatiale. Bientôt, l’Internet à très haut débit passera sans doute partout sur notre territoire grâce au satellite, donc le satellite c’est de la vie quotidienne et on a besoin de l’espace.
3ème puissance mondiale, la France est bien placée sur ce secteur ?
Ne nous y trompons pas, l’industrie spatiale est une pépite pour la France. Ici à Cannes avec Thales Alenia Space, vous avez l’une des plus belles unités de recherche spatiale. Un euro investit dans la recherche spatiale rapporte 20 euros en terme d’efficacité économique et de création d’emplois. La France a donc tout intérêt à défendre cette politique spatiale.
Vous souhaitez éviter une concurrence stérile entre les grands opérateurs français ?
Nous avons de la chance d’avoir de très beaux fleurons industriels avec Thales Alenia Space et Astrium, mais il faut qu’ils s’entendent entre eux et travaillent ensemble. Il faut veiller aussi à développer des PME locales comme à Sophia Antipolis avec ACRI qui surveille la qualité des eaux et le fond des mers pour être capable par exemple de détecter les bancs de méduses. Bientôt, avant d’aller vous baigner, vous regarderez sur Internet pour savoir où s’il y a des méduses.
Votre stratégie s’inscrit dans la durée à un moment où il va y avoir de grandes manœuvres ?
Depuis 5 ans, nous avons augmenté le budget de la politique spatiale de 16% pour le porter à 2 milliards d’euros. Nous avons un point de rendez vous en novembre pour discuter de l’avenir de notre lanceur Ariane et de l’avenir de notre politique de satellites et de l’exploitation de logiciels. Cette stratégie annoncée à Cannes est la première étape avant de grands arbitrages ministériels pour lancer des programmes qui nous tiendront en haleine pendant 5 à 10 ans.
Pour vous, la France a besoin de défis à relever et l’espace peut en être un ?
Oui, notre pays a besoin d’ambition, de reprendre confiance en lui et de se fixer des grands défis. Ce pays vibre quand il a de grandes ambitions collectives et l’espace en est une. Nous sommes déjà parmi les meilleurs dans ce domaine. A nous d’être à la hauteur et c’est bien que le pays puis retrouver le sens d’une fierté collective nationale et européenne.
L’espace, c’est des services qui s’adressent aux classes moyennes que vous aimez défendre ?
Oui, les classes moyennes constituent pour moi une grande préoccupation. Lors de ma visite tout à l’heure sur le site de Thales, j’ai rencontré un Bac Pro originaire d’un milieu modeste qui me disait sa fierté d’assembler des satellites. L’espace, c’est aussi de très belles aventures humaines et industrielles qu’il ne faut pas lâcher. Moi, je défends cette France qui travaille.
