L'avenir d'Air Lib : le chaud et le froid
Pascal Perri, porte-parole de la compagnie, est venu rassurer à Nice : pour lui, l'horizon se dégage. Ce n'est pas la vision que donne le Nouvel Observateur pour qui les comptes se dégradent, le gouvernement ne croit plus au sauveteur néerlandais et la fin est programmée.
Qui faut-il croire concernant Air Lib ? La semaine dernière, Pascal Perri, directeur du cabinet du président, est venu souffler le chaud à Nice, la première plate-forme hors Paris pour la compagnie (environ 900.000 passagers sur l'aéroport international Nice Côte d'Azur en 2002). Pour Pascal Perri, l'horizon se dégage. L'entrée dans le capital courant janvier du groupe néerlandais IMCA, à hauteur d'au moins 50% va non seulement assurer le sauvetage, mais aussi le redécollage, a assuré le porte-parole d'Air Lib. Les dettes ? Pffttt ! Une paille. Qu'est ce que 90 millions d'euros de dettes quand on réalise un chiffre d'affaires annuel de 700 millions d'euros?La réduction des coûts de 30% pour devenir vraiment une "low cost" et non simplement une compagnie à bas tarifs sur des coûts élevés comme disent les concurrents ? C'est atteignable dans les six mois, estime Pascal Perri. Les suppressions d'emplois envisagées ? Pas plus d'une centaine si Air Lib obtient des droits pour l'Afrique (le groupe a obtenu des avis favorables sur le Mali, le Burkina Fasso et la Côte d'Ivoire, et a fait des demandes pour le Bénin, la Mauritanie, la Guinée et Madagascar). Le discours est convaincant et aboutit à cette conclusion : tous les éléments sont réunis pour qu'Air Lib obtienne une nouvelle prolongation de sa licence après le 30 janvier prochain.Celui qui lit Le Nouvel Observateur de cette semaine en est toutefois moins sûr. L'hebdomadaire apporte, à l'issue d'une enquête fouillée sur IMCA, le mystérieux sauveur néerlandais, une vision totalement opposée au message que diffuse Pascal Perri. Dans "Air Lib: l’espoir s’envole", le tableau prend des allures plus sombres : " La situation de la deuxième compagnie aérienne française se dégrade. Le gouvernement ne croit guère en son mystérieux sauveteur néerlandais, et les méthodes de son patron Jean-Charles Corbet sont de plus en plus contestées. Le chant du cygne ?," questionne Natacha Tatu.Baptisée "Air Gayssot", du fait du soutien inconditionnel porté par l'ancien ministre des Transports, Air Lib ne peut plus bénéficier aujourd'hui des mêmes coups de pouces et petits arrangements. Quant à Erik de Vlieger, Pdg d'IMCA, la question se pose vraiment de savoir s'il a les moyens de ses ambitions. Pour sauver Air Lib, écrit le Nouvel Obs, il faudrait quinze fois plus d'argent que ce qu'il injecte bon an mal an (10 millions d'euros) dans Air Exel, une société régionale qui appartenait à KLM. Or les échéances arrivent. Le 9 janvier 2003, il faudra rembourser la dette et le 30 janvier, après deux mois de sursis, arracher de nouveau la licence de vol.Air Lib qui emploie encore 2.600 personnes dont 70 à Nice est loin, selon l'hebdomadaire, d'être tirée d'affaires. Et de souffler le froid. "Officiellement est-il écrit, le dossier suit son cours, en attendant que l’investisseur se prononce aux alentours de la mi-décembre. En vérité, l’affaire est pliée. «A moins d’un miracle», dit un proche du dossier, le compte à rebours qui conduit à la fermeture est engagé". On préférerait croire Pascal Perri...