Le beau voyage de la bouteille à la mer de Valérie Zenatti
Récompensé dans de nombreux festivals internationaux, le film de Thierry Binisti "Une bouteille à la mer" sort aujourd'hui sur les écrans français. Ce film est tiré du livre de l’écrivain niçois Valérie Zenatti, "Une bouteille dans la mer à Gaza", qui raconte l’histoire d’une jeune israélienne d’origine française qui, lassée de son quotidien rythmé par les attentats et les alertes à la bombe, va lancer une bouteille à la mer avec à l’intérieur un message d’espoir auquel finira par répondre un jeune palestinien. Valérie Zenatti nous indique les raisons qui l’ont poussée à écrire ce livre, ainsi que son implication dans le film.
Valérie Zenatti, qu’est-ce qui vous a incité à écrire Une bouteille dans la mer à Gaza?
Je suis niçoise, mais je suis partie avec mes parents vivre toute mon adolescence en Israël et c’est une région du monde que je connais très bien. Lorsque la seconde Intifada a éclaté en 2001, j’ai été effarée par la façon dont ce conflit a été ressenti ici avec une sorte d’obligation de choisir son camp. Cela m’a donné envie d’écrire un livre où l’on serait en empathie avec deux jeunes gens, une israélienne de Jérusalem et un palestinien de Gaza, qui sont différents mais qui ont tous les deux les aspirations de la jeunesse.
Vous vouliez éviter les clichés et ancrer ces deux personnages dans la réalité de leur quotidien ?
Je voulais ramener l’histoire de ces deux peuples, non pas à leur conflit, mais au parcours de ces deux jeunes au quotidien. L’actualité n’est pas mensongère, mais il y a autre chose que les violences. Il y a aussi ce qui ce passe lorsqu’il n’y a pas d’attentats ou de représailles. J’avais à cœur d’aller vers ces deux jeunes qui ont leurs interrogations par rapport au conflit et qui ont du mal à admettre que l’on ne puisse voir quelqu’un qui habite à quelques kilomètres de chez soi.
Même s’ils sont très proches géographiquement, leurs vies sont très différentes ?
Bien sûr, il y a des différences de niveau de vie, de qualité de vie et de rapport à la liberté. Tal, la jeune israélienne est libre d’aller et venir comme elle le souhaite, alors que Naïm, le palestinien, ne peut pas se déplacer librement sur cette terre qui n’est même pas un pays. A travers la relation qui va s’établir entre eux par mail, chacun va d’une certaine manière conquérir sa liberté.
Votre livre est un message d’espoir qui mise sur la jeunesse ?
Les dirigeants politiques actuels sont usés et ne croient plus au processus de paix. Ni Mahmoud Abbas, ni Netanyahu ne croient à la possibilité de parvenir à une entente entre les deux peuples. J’espère que la jeune génération reprendra le flambeau et qu’émergeront des leaders qui auront de l’imagination et de l’audace avec l’envie de changer le monde. La jeunesse a souvent envie de changer le monde et certains y arrivent parfois.
Quel est votre sentiment sur l’adaptation de votre livre par Thierry Binisti ?
Je revendique totalement ce film car, grâce à la générosité de Thierry, j’ai été totalement impliqué dans toutes ses étapes, du scénario jusqu’au montage. L’adaptation est parfois en décalage par rapport au livre dans les faits qu’elle raconte, mais elle reste toujours fidèle à l’émotion ressentie par les lecteurs. La fin par exemple est légèrement différente, mais c’est pour s’adapter au langage du cinéma. Au final, si la forme du livre et du film diffère parfois, ils racontent tous les deux la même chose.
