M. (Ceram) : le CPE est pour moi une terrible désillusion

Posté lun 27/03/2006 - 00:00
Par admin

Il a demandé à ce que son nom n'apparaisse pas, parce que "certaines idées peuvent faire très mal pour un élève sortant d'une école de commerce"Le CPE est pour moi une terrible désillusion. J'ai fait des études durement afin de ne jamais connaître la misère qui a plombé la vie de mes parents et grands-parents. Aujourd'hui je sais pertinnement que je ne me ferai jamais engagé en CDI avant d'avoir au moins deux ans d'expériences si ce n'est d'atteindre mes 26 ans. En début de carrière, les jeunes -cadres ou non - ne sont pas fixés et changent souvent d'emploi afin de trouver le métier qui leur convient. Ainsi, c'est jusqu'à 26 ans que le CPE s'appliquera.Pendant ces deux ans au moins, je serai obligé de vivre chez mes parents au lieu de vivre chez moi avec l'argent que je gagnerai. Car qui voudrait d'un cadre sup qui est de toute façon en situation précaire? Je ne crois pas dans les sécurités que le gouvernement a mis en place afin de protéger les jeunes travailleurs comme le système LOCAPASS (à quoi bon avoir ce système puisque de toute façon le CPE est marqué du signe des précaires?). En plus, lorsqu'un propriétaire loue un appartement, ce n'est pas un ou deux mois d'avance qui est demandé mais 3 mois. Comment voulez-vous qu'un salarié précaire même cadre puisse voir plus loin que le lendemain matin? C'est impossible.En plus, le CPE est une fausse solution. Le gros problème des entreprises c'est qu'elles vivent obligatoirement avec une équipe de juristes afin de comprendre la loi française. Il faut arrêter avec cette tambouille et passer à du sérieux. Il faudrait un contrat unique pouvant s'accompagner de la flexibilité nécessaire pour embaucher et débaucher et qui de l'autre côté s'accompagne d'une réelle sécurité lorsqu'il n'y a plus d'emploi accompagné d'un CDD restrictif et fortement sanctionné en cas de non-respect à la règle (trop d'entreprises aujourd'hui utilisent le CDD comme d'un essai de pré-embauche en total contradiction avec la législation en vigueur).Aujourd'hui trop peu de solutions s'offrent à moi. En fait, il n'y en a que deux. Soit je quitte la France afin de trouver une vie meilleure autre part. Soit je deviens non plus l'employé mais l'employeur en créant ma propre entreprise mais je privilégie pour l'instant la seconde option.Pour ce qui est des manifestations, je soutiens absolument les jeunes qui manifestent contre un projet qui n'est en aucun cas le fruit d'une réflexion collective. Syndicats de salariés et entreprises se rejoignent sur ce point: il n'y a pas eu de concertation et la façon dont les jeunes se sentent floués entraîne de fait ces manifestations. La crise sociale française est très forte. Comment voulez-vous qu'il n'y ait pas de tensions lorsque la moitié des citoyens votent pour les extrêmes?Les 5 derniers mois que la France a connu sont symptomatiques. La révolte des mal-aimés, cette génération précaire faite de jeunes, de la banlieue, des étudiants (des mots et des maux interchangeables) peut devenir la révolte des sans-culotte du XXIème siécle

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