Maritime : début d'année en grève pour une SNCM sous pression

Posté jeu 02/01/2014 - 11:06
Par admin

Les liaisons maritimes Corse-continent restent bloquées. Réunis jeudi matin en assemblée générale, les salariés de la SNCM ont voté pour un troisième jour de grève vendredi 3 janvier. D'autre part, en graves difficultés financières, la compagnie a décidé de donner suite à une revendication des syndicats : elle portera plainte pour concurrence déloyale contre sa rivale Corsica Ferries.

Actualisé à 17 heures/ Un début d'année 2014 sous pression pour la compagnie maritime SNCM où les salariés entament aujourd'hui, jeudi 2 janvier, un deuxième jour de grève. Une grève qui, en pleine période de fête de fin d'année, cloue les six bateaux en service actuellement pour la desserte de la Corse et du Maghreb (deux autres bateaux sont en hivernage) et paralyse le trafic entre la Corse et le continent. Quatre bateaux sont ainsi immobilisés à Marseille, un autre à Toulon et un sixième à Ajaccio, laissant sur le quai quelque 4.000 clients pour un coût sur les deux jours évalué par la direction à 1 million d'euros.

Une assemblée générale avec l'ensemble des salariés a eu lieu ce matin jeudi à Marseille au siège de la compagnie. Les salariés ont voté à cette occasion la poursuite du mouvement sur 24 heures. Soit un troisième jour de grève, demain vendredi qui prolongera le blocage engagé depuis mercredi des dessertes entre la Corse et le continent. Demain, les personnels tiendront une nouvelle assemblée générale sur la suite à donner à leur mouvement.

D'autre part, la direction de la SNCM a décidé d'accéder aujourd'hui à une des revendications des syndicats et prépare une procédure de plainte contre Corsica Ferries pour concurrence illégale. Les syndicats avaient mis en cause une "aide sociale directe" aux passagers d'environ 180 millions d'euros dont aurait bénéficié depuis 2002 sa rivale, aide qui, selon eux, aurait été dévoyée au bénéfice d'un versement forfaitaire au transporteur. Ils estiment aussi que la compagnie en battant pavillon italien international exercerait un "dumping social et fiscal".

En fin d'année dernière, les nuages se sont accumulés sur la compagnie qui emploie 2.600 personnes. Bruxelles notamment a accentué sa pression pour le remboursement de 440 M€ d'aides publiques perçues, aides que la commission juge illégales. Ensuite, se pose avec toujours plus d'insistance le problème d'actionnariat. Veolia, qui devait récupérer en direct les 66% de Transdev, coentreprise qu'elle a formée avec la Caisse des dépôts, cherche à se désengager. Enfin les problèmes de trésorerie de la compagnie se sont accentués. A la mi-décembre, la SNCM avait pu obtenir 13 M€ de son actionnaire Veolia, ce qui a permis de repousser un peu le spectre du dépôt de bilan et d'assurer une poursuite de l'activité jusqu'à fin janvier 2014. Mais après, rien n'est pour l'instant assuré.

Ce qui toutefois a mis le feu aux poudres, c'est l'annonce mardi 31 décembre, par le Premier ministre Jean-Marc Ayraut, de 30 millions d'euros d'apport supplémentaire de l'Etat. Une bonne nouvelle en apparence pour les salariés. Mais ce nouvel apport est assorti de conditions : "la mise en place dans des délais désormais rapides des mesures de redressement", solution qui "devra être mise en lien avec l'actionnaire majoritaire", soit Veolia-Transdev. Des conditions qui ont été reçues comme un véritable revirement de position.

Syndicat majoritaire, la CGT Marins a estimé qu'on demandait aux salariés de fournir tous les efforts, "sans que l'Etat et les actionnaires respectent leurs engagements industriels". Pour les syndicats, qui souhaitent la mise en place d'un actionnariat public, il s'agit là purement et simplement d'un abandon du plan de sauvetage tel qu'il a été voté par l'ensemble des actionnaires. Ce plan devait permettre d'économiser 70 M€ par an et visait à retrouver une rentabilité dans les deux ans, à travers la suppression de 500 postes et un renouvellement des navires.

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