Mauvais coup pour Air Littoral : Ionis renonce

Posté mer 14/01/2004 - 00:00
Par admin

La compagnie, qui avait placé une bonne partie de ses espoirs sur ce nouveau candidat à la reprise, se voit de nouveau abandonnée : dans un communiqué à l'AFP, le groupe Ionis annonce son retrait alors que demain le Tribunal de commerce doit statuer sur le dossier.

Patatras. Air Littoral retombe une nouvelle fois dans les affres d'une incertitude presque totale. Le groupe Ionis, le repreneur qui semblait tenir la corde et le seul qui était à ce jour véritablement crédible, abandonne. Dans un communiqué envoyé à l'AFP aujourd'hui, Ionis annonce en effet qu'il avait renoncé à son offre de reprise de la compagnie. Une offre qui avait été déposée, il y a deux jours à peine, soit lundi, auprès du Tribunal de commerce de Montpellier. Dans le communiqué Ionis explique que son offre de reprise globale du groupe Air Littoral (c'est à dire de la compagnie aérienne et de ses deux filiales, l'ESMA qui est l'école de formation et Air Littoral Industries qui assure les activités de maintenance) était assortie "d'un certain nombre de conditions qui n'ont pu être levées".Selon Ionis, les banques n'ont pas suiviLe groupe qui, jusqu'à présent n'avait aucune activité dans le transport aérien (Ionis regroupe des écoles supérieures de management) avance également parmi les raisons de son retrait un niveau d'engagement des banques insuffisant pour ce dossier. Ce qui ne lui permettrait pas "d'assurer les financements nécessaires dans la durée. Dans la soirée, le directeur général adjoint du groupe en disait un peu plus sur les ondes de BFM. Le manque de soutien des banques avait bloqué un point capital du dispositif de reprise : un accord avec les salariés qui acceptaient d'acquérir une partie des actions d'Air Littoral mais demandaient en contrepartie à ce que la pérennité de la reprise soit assurée par des concours bancaires suffisants.La conclusion du communiqué semble aussi sans appel : "Ionis Group ne peut envisager de poursuivre dans ces conditions et annonce que ses offres sont caduques, pour laisser toutes leurs chances à d'autres propositions qui pourraient survenir et assurer la survie sécurisée de l'entreprise".Un candidat qui portait les derniers espoirsPour Air Littoral qui vient de subir la défaillance d'un premier repreneur, le fonds d'investissement italien Seven Group, il s'agit là d'un très mauvais coup. D'autant plus mauvais que le CSAM (Conseil supérieur de l'aviation marchande) examine aujourd'hui les candidatures à la reprise de la compagnie aérienne et que le Tribunal de commerce de Montpellier doit se réunir demain jeudi pour statuer.Certes, lundi dernier, date limite qui avait été fixée pour le dépôt des candidatures, deux autres candidats sont apparus pour une reprise de l'ensemble des activités de l'entreprise (trois autres candidats ne sont intéressées que pour une partie, c'est-à-dire soit la filiale de maintenance, soit la filiale de formation). Mais le groupe Ionis, qui étudiait le dossier de reprise depuis plusieurs semaines, avait gagné le coeur et la confiance de la compagnie Air Littoral. Il avait pris contact avec les collectivités territoriales, prévoyait de garder le périmètre actuel, sans nouveau plan social et comptait s'appuyer sur la direction actuellement en place.Deux autres candidats qui ont encore tout à prouverQuant aux deux autres candidats à la reprise de l'ensemble de la compagnie, ils ne peuvent être qualifiés pour l'instant de sérieux. Ils ont d'ailleurs demandé chacun des délais pour mieux étudier la question et préparer leur offre. Il s'agit du fonds d'investissement américano suisse International Business Entreprise qui a sollicité un délai supplémentaire de douze jours pour démontrer sa capacité financière (bref trouver les fonds nécessaires).Autre candidat : le groupe Black&White Aviation, qui demande six semaines supplémentaires pour formaliser son offr. Mais il a été noté que ce groupe avait déjà postulé en octobre dernier et n'avait pas alors reçu l'avis favorable du CSAM faute de présenter des garanties suffisantes et un solide plan de reprise. Ce deuxième retour à la case départ relance toutes les incertitudes. Il repousse encore d'autant ne serait-ce que l'espoir d'une solution de reprise et risque de poser maintenant de sérieux problèmes financiers à la compagnie.Le spectre de la liquidation de la compagnie aérienne et de la revente des filialesQue va décider le Tribunal de commerce de Montpellier aujourd'hui, au vu de ce nouveau coup de théâtre ? Optera-t-il pour une dernière chance, si fragile soit-elle ? Va-t-on vers un démembrement de l'entreprise avec une disparition de la compagnie aérienne et une revente des deux filiales pour lesquelles sont apparus des candidats sérieux ? Air Littoral, dont 80% de l'activité est réalisée à Nice, est replongé dans le noir total. Après l'interminable feuilleton Seven Group et le brutal retrait aujourd'hui du groupe Ionis, il a de quoi être sonné et plus qu'inquiet !

Jean-Pierre  Largillet

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