Microélectronique et compétences : 3) les tendances technologiques

Posté lun 18/10/2004 - 00:00
Par admin

Les évolutions technologiques de la microélectronique ? Antoine Garcia, fondateur d'AG Consulting a profité de SAME pour interroger les acteurs. Il a listé trois tendances principales : l'intégration de plus en plus poussée, la convergence et l'importance croissante du logiciel.

Fondateur d'AG Consulting, cabinet de recrutement spécialisé dans les TIC à Sophia Antipolis, Antoine Garcia, a profité de SAME 2004 (Sophia Antipolis forum on MicroElectronics) qui a eu lieu début octobre au CICA pour rencontrer les principaux décideurs azuréens et faire un point complet sur la microélectronique azuréenne. A la lumière de SAME, il a pu ainsi préciser le contexte économique actuel, voir comment les acteurs locaux réagissaient, évaluer les tendances technologiques et définir les compétences et les profils recherchés par ce secteur. Troisième volet sur les tendances dans le domaine de la technologie ?Quelles sont ces tendances ? Pas d'émergences en fait, mais une accentuation des tendances des années précédentes. Si l'on résume, je retiendrai trois points forts. Un : l’intégration plus poussée avec ses conséquences sur la complexité des circuits, la consommation, le prix des masques, l’évolution des tests et des validations. Deux : la convergence (informatique, audio, vidéo). Trois : l’importance du logiciel par rapport au matériel

L’intégration plus poussée

Hugues Dailliez (Philips) donne ainsi la mesure de la complexité croissante de l'intégration : "Dans un cm3, les transistors se comptent désormais par dizaines de millions. La loi de Moore se vérifie toujours : la densité et les performance des circuits intégrés doublent tous les 18 mois. Aujourd’hui le gros de la fabrication dans le monde se fait à 120 nm (nanomètre). On commence la fabrication en masse avec une densité de 90 nm. Sur des prototypes on étudie le 65 nm"Autre changement pour Stephan Klinger, directeur du site sophipolitain d'Infineon. "Les constructeurs fournissaient des composants, aujourd’hui ils proposent des plate-formes (circuits génériques).". C'est par ailleurs l'exemple même de ce que fait Philips qui vend des plate-formes complètes à Alcatel, Samsung, Ericson, Nokia, etc. Ces clients n’ont plus qu’à ajouter leurs propres interfaces- Complexité des circuitsAutrefois c’était la vitesse des circuits eux-mêmes qui freinait. Aujourd’hui ce sont les interconnexions des circuits; les délais de propagation; les capacités parasites et les courants de fuite. Cette complexité à gérer entraîne l’apparition de nouvelles spécialités.- La consommationLes systèmes portables, et les radiotéléphones en particulier, sont soumis à des impératifs stricts en matière de gestion de la consommation. Les circuits dévolus à cette tâche mettent en particulier l'accent sur la réduction du courant de veille. Une spécialité prend de plus en plus d’importance : le « power management »- Le prix des masquesIls sont de plus en plus cher. "Les investissements dans le lancement d’une nouvelle fabrication sont très lourds", note Francis Durufle (Stepmind). "Si l’entreprise investit 1 million de dollars pour une fabrication, son chiffre d'affaires doit être en rapport, ce qui est très difficile pour les petites structures".- Evolution des testsD'où l'intérêt des test. "Le lancement est tellement cher (1 coup : 1 M€), qu’il faut prendre le maximum de précautions avant de lancer la fabrication", remarque Gilles Garcia (directeur d'AMCC France). Ainsi se sont développées les activités de validation, de simulation de test.Les spécialités suivantes ont pris de plus en plus d’importance : design for test; design for manufacturing; failure analysis. Exemple donné par Jacques-Olivier Piednoir (directeur de Cadence EMEA) au sujet du DFM (Design For Manufacturing) : "faire un circuit en 65 nm, c’est bien, c’est un sacré challenge. On va mettre tout un système dans une puce : il y aura des circuits numériques, des circuits analogiques. Il y aura 30 millions de transistors. C’est très complexe. Mais produire ce circuit en grande quantité avec un rendement de fabrication important c’est mieux quand on sait que le coût d’un lancement d’une fabrication ASIC coûte 1 million de dollars. Et là on est obligé, dès la conception, de penser aux problèmes de fabrication et à la manière d’améliorer le rendement de fabrication.

Convergence toute !

Le téléphone va devenir aussi un camescope et un téléviseur, outre ses fonctions plus traditionnelles. Les différents marchés (vidéo, téléphones portables avec accès à internet, … ) entraînent un fort besoin de transmettre et stocker des informations d’où nécessité de bande passante. Pour faire face à cette évolution, des entreprises spécialisées jusqu’à présent dans le domaine numérique introduisent maintenant dans leurs produits des technologies analogiques. L'intérêt ? "Ces technologie analogiques, travaillant sur des fréquences de l’ordre du Gigahertz, permettent de transmettre énormément d’information sur un fil, une liaison", explique Jean-Louis Brelet (Xilink).

L'importance croissante du logiciel

Florence Demaria (Philips) note que "autrefois dans les semiconducteurs, le hard correspondait à 80% de l’activité et le logiciel 20%.Aujourd’hui il y a une inversion : 20% hard et 80% le logiciel.". Là également un profond changement qui, comme les autres tendances relevées à SAME04 modifie les compétences et les profils demandés pour les embauches qui se font aujourd'hui et se feront demain. C'est ce qui sera abordé dans le quatrième et dernier volet de l'étude menée par Antoine Garcia, volet qui portera sur les compétences recherchées par le secteur azuréen de la microélectronique.

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