MIPIM 2008 à Cannes : danse sur un volcan

Gigantesque. Plus de 29.000 personnes. Le MIPIM 2008, la semaine dernière, a tenu ses promesses. En terme de participation en battant un nouveau record d'affluence. En terme de surface d'exposition avec plus de 27.000 m2 de surfaces réparties dans une nuée de tentes, là aussi un record (soit dit en passant le même chiffre que celui de la dernière année cannoise du GSM devenu à Barcelone le Mobile World Congress). En terme d'argent dépensé en cocktails sur les plages, dans les yachts loués sur les quais du Vieux Port (quelque 80 yachts pour les réceptions), dans les locations d'appartements, de villas, dans les fêtes sur les stands ou dans les villas environnantes, etc.

Enorme ! Le MIPIM est bien aujourd'hui, hors Festival du film, l'un des plus beaux de tous les salons cannois. Celui qui participe le plus, de par ses retombées, à la prospérité de la ville.

Pendant cinq jours, l'immobilier mondial s'arrête

Des dépenses à Cannes qui sont d'ailleurs à l'unisson des sommes brassées. Dans les allées du MIPIM on parlait de projets de milliards de dollars. A des années lumières du SMIC. Des dépenses qui sont également à l'unisson du niveau des professionnels du monde entier, promoteurs, aménageurs, juristes, architectes, maires de grandes agglomérations, banquiers, investisseurs, etc. que le MIPIM a su réunir. Pendant cinq jours, les grandes transactions immobilières s'arrêtent d'ailleurs dans le monde entier. Les grands décideurs ne sont pas à leur bureau. Tout le monde, tout au moins tout ce qui compte dans cet univers de la pierre, se trouve à Cannes.

Il était aussi possible de penser, alors que la tempête s'abat aux Etats-Unis sur la pierre, qu'elle arrive aussi sur l'Espagne et que la Grande-Bretagne commence à encaisser le grain, que cette année, les interrogations, sinon les inquiétudes, ne se fassent sentir sur la Croisette. Mais apparemment rien. Certes, les pays émergeants semblent toujours en pleine effervescence. Vrai pour la Fédération de Russie présente en force. Ou encore pour les pays du Moyen-Orient, aux coffres débordants de pétro-dollars. Mais cette insouciance générale affichée face aux menaces, c'est ce qui a surpris entre autres la correspondante du Monde, Isabelle Rey-Lefebvre. "Quand la crise menace, la Croisette s'amuse" titre-t-elle son article dans le quotidien.

Le MIPIM dans la trajectoire du GSM

Un autre type d'inquiétude concernerait Cannes. Le MIPIM est dans la trajectoire du GSM. La création d'un autre salon destiné aux pays émergents, le MIPIM Horizons, dont la première édition aura lieu en décembre, ne semble pas pour l'instant calmer les courbes de progression du MIPIM. L'année prochaine, si l'on reste sur ces courbes, plus de 30.000 participants sont attendus et 32.000 en 2010.

Or cette année déjà, les places manquaient dans les hôtels de Menton à Saint-Tropez, les taxis étaient trop peu nombreux, les avions d'affaires, les hélicoptères embouteillaient sur l'aéroport Cannes-Mandelieu ou l'héliport du vieux port. Et les organisateurs de regretter "l'absence de conscience collective régionale" qui ne permet pas au MIPIM de s'appuyer sur une véritable infrastructure de transport à l'échelle de la Côte d'Azur. Là aussi, le MIPIM danse sur un volcan !