MIPTV et MILIA : du petit écran aux (tout) petits écrans

Posté lun 05/04/2004 - 00:00
Par admin

Ancien directeur régional de FR3, Jean-Claude Courdy (photo Une) a suivi l'édition conjuguée des marchés de l'audivisuel et des programmes interactifs à Cannes. Il en tire une certitude : l'heure de la convergence opérateurs, producteurs, diffuseurs de télévision, a sonné.

Les petits écrans de nos téléphones mobiles se préparent à diffuser des contenus de programmes semblables à ceux programmés sur les grands écrans. Un industriel a ainsi annoncé le lancement d'un chanteur sur les mobiles, une expérience tentée simultanément en France et au Portugal. Un autre a mis en production un soap opéra. Le véritable défi pour les mobiles et leur avenir demeure le contenu des programmes.Les freins au développement des programmes mobilesL'extension des services des mobiles à la diffusion de programmes d'information et de distraction, voire d'éducation marquait le pas depuis plusieurs années, bien que le maître mot des rencontres professionnelles de 2000 organisées par Reed Midem ait été le mot convergence: Convergence des acteurs industriels de l'audio visuel, producteurs et diffuseurs de programmes avec les opérateurs de téléphonie. Malgré un marché à croissance exponentielle du téléphone mobile, les services fournis se limitent jusqu'ici à des informations pratiques, à la mise en relation avec une ou plusieurs stations de radio et/ou à l'envoi de courts messages (SMS). Encore faut-il relativiser l'importance du trafic SMS en France qui tient la lanterne rouge européenne. La moyenne des SMS en France ne dépasse pas 25 par abonné alors qu'il est de 37 en Allemagne et de 70 en Irlande ou en Suisse.Cette stagnation, voire cette régression des services est due au faible développement de l'audio visuel interactif. Ainsi en matière d' interactivité, hormis quelques programmes éducatifs expérimentaux, on n'a pratiquement trouvé comme débouché que les votes d'opinion de la télé réalité ou le choix de sa météo régionale.Un autre frein au développement des programmes pour mobiles provient de l'existence de plusieurs standards, Nokia, Sony…qui pose aux producteurs un problème de compatibilité. Pour les industriels concernés, il serait réaliste de commencer avec des programmes non spécifiques, ce qui implique un reformatage des programmes existants.Le défi des contenus en passe d'être relevéDans les pays industriels, le marché du téléphone mobile atteint 80% de la population. Dans les pays en voie de développement, son expansion dans les couches jeunes de 15 à 30 ans, atteint les mêmes proportions. Les opérateurs de téléphonie pensent donc que le moment est venu de passer à la vitesse supérieure. S'ils encouragent la multiplication des programmes existants reformatés, ils parlent aujourd'hui de programmes spécifiques et sont prêts à encourager une nouvelle approche de la création adaptée aux écrans des téléphones portables.Selon Lucy Hood de "News Corporation" (USA), si la relation média/mobile devient très forte, "le mobile est un objet personnel que l'on porte toujours sur soi". Il induit une relation d'individu à individu, "un à un", qui doit favoriser la création de programmes adaptés à cette relation. Les Japonais sont les pionniers en la matière: la société G Mode a ainsi créé pour les mobiles, des programmes spécifiques de pêche à la ligne. Dans tous les cas de figure, il ne faut pas s'attendre à trouver sur son mobile les grandes sagas de la télévision ou les films à grand spectacle. Le mobile gardera sa spécificité d'outil de travail et son avenir passe par des contenus informatifs plus que distractifs ainsi que par des programmes de service, catégorie dans laquelle la créativité paraît être restée en panne.La réalité de la convergence opérateurs, producteurs, diffuseurs de télévisionDe ce point de vue, le MILIA 2004 donne une photographie très différente des deux années précédentes dans la mesure où son couplage avec le MIP TV avait contribué en 2002 et 2003 à laisser croire au déclin des produits interactifs. L'esprit 2004 change la donne, peut-être dans la mesure où le progrès technologique est au rendez vous.Le marché international des programmes de Télévision couplé pour la deuxième année consécutive avec le MILIA, forum de l'audio visuel interactif, montre que la convergence opérateurs, producteurs, diffuseurs de télévision redevient une réalité dans la mesure où les revenus générés par les mobiles font pratiquement jeu égal avec les revenus générés par les médias. C'est cet équilibre économique qui est le facteur décisif dans une alliance qui n'a rien de celle de la carpe et du lapin.Jean-Claude Courdy est ancien directeur régional de FR3 et actuel animateur du site de géopolitique www.geopolitis.net qu'il a fondé. Son parcours, toujours lié à l'audiovisuel est très international. Docteur d'état en sciences politiques, diplômé de politique japonaise et politique chinoise contemporaines de l'université de Columbia (New-York), il a séjourné plus de sept ans en Extrème Orient comme correspondant des journaux parlé et télévisé de l'ORTF. Auteur de nombreux ouvrages de géopolitique et de société sur le Japon et l'Asie où il passe plusieurs mois par an, Jean-Claude Courdy, qui demeure à Biot une grande partie de l'année, a ainsi gardé ses attaches dans notre région où il a exercé les fonctions de directeur de France 3 Côte d'Azur. Disciple du Professeur René-Jean Dupuy, il est intervenu pendant plus de cinq ans au Collège de France dans le cadre des séminaires conférences de la chaire de Relations Internationales. Il préside aujourd'hui l'Institut Méditerranéen d'Etudes Asiatiques qui assure la publication de Géopolitis.

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