Monaco : information ouverte sur un système de blanchiment de capitaux africains

Posté ven 10/05/2013 - 11:09
Par admin

Une nouvelle affaire financière à Monaco vise la filiale monégasque de BNP Paribas qui aurait accueilli "des milliers de chèques en euros envoyés par transporteurs de Madagascar, du Gabon, du Sénégal, du Burkina Faso, etc…, sans en vérifier dûment l’origine". Une information est ouverte autour d'un système de blanchiment de capitaux africains qui exploiterait une "faille spécifique à Monaco", état indépendant enserré dans le territoire français.

Une nouvelle affaire financière autour de Monaco qui fait la Une des médias : l'association Sherpa a demandé au Parquet de Monaco d’ouvrir une information judiciaire sur le rôle de BNP Paribas dans un système de blanchiment de capitaux africains. Comme l'avait révélé mi-avril le "Canard enchaîné", cette association créée en 2001 en vue de protéger et défendre les populations victimes de crimes économiques, a envoyé une lettre d’interpellation au Procureur général de Monaco Jean-Pierre Dreno. Cette lettre souhaitait porter à sa connaissance une affaire de blanchiment dans le cadre d’une fraude au contrôle des changes dans plusieurs pays d’Afrique mettant en cause BNP Paribas Wealth Management à Monaco.

A partir d'un rapport confidentiel de l’Inspection générale de BNP Paribas

Un rapport confidentiel de l’Inspection générale de BNP Paribas daté du 25 octobre 2011, "montre que la filiale monégasque de BNP Paribas a accueilli, au moins entre 2008 et 2011, des milliers de chèques en euros envoyés par transporteurs de Madagascar, du Gabon, du Sénégal, du Burkina Faso, etc…, sans en vérifier dûment l’origine", argumente Sherpa

"Or ces chèques, comme le reconnaît l’Inspection générale dans le cas de Madagascar, participaient d’une fraude systématique au contrôle des changes dans les pays visés. Celle-ci pourrait être doublée d’une fraude fiscale. Des centaines de millions d’euros seraient en jeu. Cette affaire tend à mettre en évidence de graves manquements de BNP Paribas Wealth Management Monaco à son devoir de vigilance, en vertu des législations anti-blanchiment, quant à la provenance des fonds qu’elle reçoit", conclut l'association.

Le mécanisme : des chèques qui remplacent "la valise de cash"

Pour elle, le mécanisme mis au point serait le suivant. Quand un touriste français va en Afrique, que ce soit pour un voyage d'agrément ou d'affaires, il n'est pas facile dans l'UE d'acheter avant le départ des devises africaines ou malgaches. Le problème est aussi réglé de la sorte : en arrivant sur place, notamment dans l'hôtel, le touriste français fait un chèque en euros (en laissant bien l'ordre en blanc) et la contrepartie est donnée en devises locales.

Le système mis au point consiste à racheter ces chèques, à les envoyer sur un compte en Europe, et faire ainsi sortir le cash du pays par voie bancaire. C'est ce que semble indiquer les premiers éléments recueillis par une enquête au départ discrète et placée aujourd'hui sous les feux de l'actualité.

Nice-Matin, dans son édition d'hier, jeudi 9 mai, va plus loin, parlant de chèques qui remplaceraient la "valise de cash". Il cite des extraits du rapport de l'inspection, où il est notamment reconnu "l'existence de flux commerciaux pas toujours justifiés".

Nice-Matin : "une faille spécifique à Monaco"

Pour le quotidien, ce système parallèle de compensation "n'aurait pas pu fonctionner au Luxembourg, au Lichtenstein ou en Suisse car il exploite une faille spécifique à Monaco, une principauté souveraine, certes, mais cernée par la France. Si bien que les modes de paiement de sa grande voisine ont libre cours sur le Rocher. Y compris les chèques français qui y sont encaissés aussi facilement qu'à Nice, Marseille ou Tourcoing".

Voilà pour le comment. Reste maintenant à répondre à une question : d'où vient l'argent?

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