Nice et Gênes se découvrent des intérêts communs

Posté mer 16/02/2011 - 18:08
Par admin

Les deux métropoles méditerranéennes, solidaires sur les dossiers des liaisons ferroviaires et de l’eurovignette pour les poids lourds, ont décidé de faire cause commune et d’engager une coopération sur des projets concrets. Un premier protocole de partenariat a été signé en ce sens à Gênes par Christian Estrosi, président de NCA et Marta Vincenzi, maire de Gênes.

Nice et Gênes se découvrent des intérêts communs

Christian Estrosi, maire de Nice, président de Nice Côte d'Azur et Marta Vincenzi, maire de Gênes, signent le protocole de partenariat.

La grande vitesse préside au rapprochement entre Nice et Gênes. Et elle ne se limite pas aux seules liaisons ferroviaires. Un mois à peine après avoir signé, à Nice, une lettre d’intention avec ses homologues gênois pour développer une coopération métropolitaine, Christian Estrosi a fait le déplacement, le 11 février dernier dans la capitale ligure, pour signer un protocole de partenariat et mettre en place des groupes de travail.

Les infrastructures de transport font partie des dossiers prioritaires. Le maire de Nice a obtenu que le comité de pilotage de la LGV Paca, qui s’est tenu le 17 janvier à Marseille, valide le principe d’un prolongement de la ligne jusqu’à la frontière italienne, prolongement entériné depuis par le nouveau Schéma national des infrastructures de transports (SNIT). Mais la mise en service de la LGV ne sera pas pour demain, les études vont démarrer et les financements ne sont pas bouclés.

D’ici là, pour ramener à moins d’une heure trente, le temps nécessaire pour relier Nice et Gênes (180 km) en train, alors qu’il dépasse les trois heures aujourd’hui, une autre solution, plus rapide et moins coûteuse peut être envisagée. De l’autre côté de la frontière, les travaux de doublement de la voie ferrée entre Gênes et Vintimille sont en cours. Reste à réaliser un dernier tronçon de 31 km, entre Finale et Andora. Le chantier, compte tenu de financements restant à débloquer, pourrait être terminé d’ici à 2018/2020. Les trains pourront alors circuler à une vitesse de 200 km et la mise au gabarit de l’actuelle ligne entre Vintimille et Nice, leur permettrait de poursuivre jusqu’à la capitale azuréenne. Cette option va être étudiée par RFF et son  financement pourra être intégré dans le contrat de plan état région, l’accord a été donné par le ministre des transports, Nathalie Kosciusko Morizet.

Christian Estrosi et Marta Vincenzi, maire de Gênes, ont également décidé de travailler main dans la main pour défendre auprès de Bruxelles l’instauration d’une eurovignette au péage de Vintimille pour les poids lourds, à l’instar de ce qui existe pour le franchissement des tunnels alpins du Mont Blanc ou du Fréjus. L’objectif est de réduire le trafic de transit entre l’Italie et l’Espagne grâce aux autoroutes de la mer qui pourraient être développées par le port de Gênes. Une solution dont profiterait directement les Alpes-Maritimes après l’abandon du projet de doublement de l’A8.

Enfin les deux métropoles comptent s’engager dans des projets communs dans les secteurs de l’énergie et du développement durable avec le soutien des réseaux de villes Euromed (présidé par Christian Estrosi) et Eurocités (dont Gênes prendra la présidence en novembre 2011).

Christiane Navas

Décryptage

Après s’être longtemps ignorées, Nice et Gênes se rapprochent alors que l’eurorégion franco-italienne piétine, pourquoi ? La réponse tient en un mot : désenclavement. Les deux métropoles ne veulent pas être coupées des grands courants d’échanges européens. L’axe qui tient la corde aujourd’hui passe par Barcelone, Marseille, Lyon et Turin pour poursuivre vers l’Europe, à l’Est et au Nord. Pour la Ligurie et ses ports de commerce (Gênes mais aussi Savone et La Spezia), l’arc méditerranéen doit suivre la côte au-delà de Marseille, poursuivre vers Nice puis Gênes avant de rejoindre Milan et l’Italie du nord industrielle dont elle constitue l’ouverture sur une Méditerranée qui s’éveille.

Les crédits du premier tronçon de la LGV Gênes/ Milan viennent d’être débloqués (500 millions d’euros sur un budget total de 6,2 milliards) alors que l’UE menace de ne plus financer le TGV Lyon-Turin, dont les travaux, qui accumulent les retards, n’ont toujours pas commencé.

Pouvoir rejoindre Milan en moins de trois heures ouvre de nouvelles perspectives de développement à la Côte d’Azur, touristiques bien sûr et plus largement économiques. A une condition, se tourner à nouveau vers cette Italie avec laquelle elle a coupé les ponts, après son rattachement à la France en 1860. Marta Vincenzi et Christian Estrosi semblent l’avoir compris.

Ch.N.

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