Adieu les “food courts” et bonjour la culture ! Nice vient de donner une nouvelle vocation à la Gare du Sud, ce bâtiment emblématique du quartier Libération qui marque une époque : celle du développement urbain et ferroviaire à la fin du XIXe siècle. La ville a en effet officialisé la reprise en régie directe du site pour le transformer en un centre culturel pluridisciplinaire d’ici janvier 2026. Cette décision met aussi fin à l’expérience du food court "Mediterraneo" opéré par le groupe italien Iera, qui restera ouvert encore quelques mois, mais dont la fréquentation et le modèle ne se sont jamais imposés comme moteur de vie de quartier. (Photo DR : la superbe façade de la Gare du Sud).
Le projet municipal prévoit, après rachat du bail emphytéotique, de réaménager le bâtiment avec une agora centrale, des espaces d’expositions, de spectacles et une ludothèque, avec l’ambition d'en faire un lieu ouvert à toutes les générations et d’animer la vie du quartier. Le budget (rachat du bail et travaux) est estimé à 10 millions d’euros et une délibération est attendue prochainement en conseil municipal pour une ouverture envisagée fin janvier 2026.
D’ici là, le food court Mediterraneo fermera progressivement, seul le restaurant IT Trattoria étant destiné à rester sur place. À terme, la Ville prévoit également de s’intéresser à la halle Raiberti (attenante et encore privée), avec l’idée de la reprendre pour conforter l’attractivité du quartier et développer d’autres projets, notamment l’extension du jardin de la villa Thiole début 2026. Pour la Gare du Sud, qui a du mal à trouver son positionnement, c’est un nouveau tournant qu’elle doit négocier.
Un tournant qu’elle prend en pleine approche des municipales de mars avec une lutte féroce qui est déjà engagée à travers le duel Estrosi-Ciotti. Eric Ciotti, qui n’a pas manqué de dénoncer une nouvelle “gabegie”, a plaidé pour l’installation dans ce grand espace du Théâtre National de Nice (TNN). Cette proposition n’a pas été retenue par la direction du TNN faute d’espace suffisant (notamment en largeur) et d’adaptation à toutes les formes de spectacle vivant.
A gauche, le rassemblement citoyen Viva a crié de son côté “stop aux projets à l'emporte-pièce” et a regretté que le site ne soit pas passé en régie dès le départ en 2017. Pour lui, cela aurait évité deux fiascos économiques successifs…et le rachat aujourd’hui du bail emphytéotique.
Petit historique de la Gare du SudInaugurée en 1892, conçue par l’architecte Prosper Bobin pour la Compagnie des chemins de fer du Sud de la France, la Gare du Sud de Nice est un édifice emblématique du quartier Libération. Elle était le terminus des lignes reliant Nice à Digne-les-Bains et Meyrargues, desservant à la fois le transport de voyageurs et les échanges commerciaux régionaux. Après plusieurs décennies d’activité ferroviaire, la gare ferme en 1991. Elle est rachetée à l’Etat en 2000 par la ville qui restaure le bâtiment et ouvre en 2014 la bibliothèque Raoul-Mille. Jouant la tendance des food courts, Nice lance un appel à projets en 2017, remporté par Urban Renaissance qui, cependant, ne trouve pas son public. Un fiasco. Le bail est revendu au groupe Iera qui, lui non plus, ne réussira pas à rentabiliser le site faute de fréquentation suffisante et vient de jeter le gant. Au-revoir la food. |