Nice-Matin : les dés sont lancés aujourd'hui

Philippe Hersant, l'actionnaire et Dominique Bernard, le Pdg, présentent ce matin un plan de développement sur trois ans pour Nice-Matin et Var-Matin, plan assorti d'un lourd volet social, tandis qu'un nouvel élément qui fâche les syndicats est intervenu en fin de semaine dernière : l'éventualité d'une cession complète à Bernard Tapie des 50% de Corse-Matin (un titre bénéficiaire) que détient encore le Groupe Hersant Média.

C'est une étape importante qui va se jouer aujourd'hui pour l'avenir du groupe Nice-Matin. Philippe Hersant, l'actionnaire et Dominique Bernard, le Pdg, doivent en effet ce matin, lundi 7 octobre, présenter un plan de développement sur trois ans dont la contrepartie est constituée d'un lourd volet social (jusqu'à 200 suppressions d'emplois selon les chiffres qui ont circulé). Cette réunion suit l'assemblée générale de l'intersyndicale du 20 septembre au cours de laquelle, GHM, propriétaire de 75% des parts du groupe (Bernard Tapie en conservant 25%) avait posé le marché : des investisseurs sont prêts à apporter de 5 à 10 M€ si le personnel consent à faire des efforts. Ce sont ces efforts qui doivent être détaillés aujourd'hui. Ensuite, en début d'après-midi, convoquée par l'intersyndicale, une assemblée générale de tous les personnels va se tenir au siège.

Mais en fin de semaine dernière, est intervenu un nouvel élément qui fâche les syndicats: l'éventualité d'une cession à La Provence des parts de GHM dans Corse-Matin (Hersant en détient 50%, les autres 50% étant dans les mains de Bernard Tapie). Dans ce schéma, Bernard Tapie, en tant que propriétaire de La Provence détiendrait alors également 100% de Corse-Matin. Or Corse-Matin est le seul quotidien de GHM à gagner actuellement de l'argent (1 à 2 M€ par an). Ses deux autres titres (Nice-Matin et Var-Matin) en perdent (4 à 500.000 euros par mois selon la direction tandis que des chiffres de pertes mensuelles approchant 1,5 M€ ont circulé).

Les syndicats du groupe Nice-Matin, tout naturellement, voient d'un mauvais œil la cession de Corse-Matin à La Provence suite à une restructuration du capital (on peut imaginer que les 50% de Corse-Matin permettraient de compenser les 25% de Nice-Matin et assurer ainsi la séparation des deux groupes Hersant et Tapie). "Sans le flux de trésorerie de Corse Presse, c'est l'anorexie qui nous est promise à court terme", estime le Syndicat National des Journalistes interrogé par Le Monde. Aussi le SNJ a-t-il interpellé Philippe Hersant sur ce sujet et espère obtenir un démenti.

De son côté, Bernard Tapie, interrogé par Les Echos, n'a pas démenti tout en restant très évasif. "Le rachat complet de Corse Matin est une des hypothèses envisagées, mais pas plus que cela. Il y en a plein d’autres", a-t-il répondu. Mais cette question de la cession à La Provence, donc à Bernard Tapie, des 50% que détient encore GHM devrait poser également lourd dans la nouvelle et difficile étape engagée aujourd'hui.