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Nice-Matin : sœur Anne, vois-tu venir les 2 M€?

Nice-Matin : sœur Anne, vois-tu venir les 2 M€?

Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? A Nice-Matin, en tout cas, les salariés sont un peu comme sœur Anne. Au 9 mai, ils ne voient toujours pas venir les 2 M€ dont le versement avait été annoncé pour le vendredi 25 avril par les repreneurs du groupe, le Niçois Jean Icart et le fonds d'investissement suisse GXP de Gilles Périn.

Ce sont ainsi deux semaines de retard, déjà, pour l'arrivée d'un virement de 2M€ qui aurait été fait le 25 avril. De plus, ces 2 M€ ne constituent qu'un simple acompte sur les 20 M€ du prix total pour le rachat de 80% des actions du groupe Nice-Matin. Le solde soit 18 M€ doit être versé avant la fin mai, suite à trois reports (initialement prévu pour le 26 février, le versement des fonds a été une première fois reporté au 27 mars, puis au 10 avril). Si les 2 M€ finissaient par arriver, on imagine la galère pour le solde.

De plus en plus inquiets, les salariés comptent organiser la semaine prochaine une assemblée générale pour faire le point et, si les premiers fonds promis ne sont toujours pas arrivés, envisager une action. Reste évidemment à trouver laquelle, la grève, qui donnerait une bonne raison aux investisseurs en suspension de se retirer, étant sans doute exclue.

La vente de Corse-Matin, suspendue à la cession de Nice-Matin

Parmi les éléments nouveaux dans le dossier, la question de Corse-Matin, dont GHM (le groupe Hersant Média, propriétaire de Nice-Matin) possède 50% des parts (les 50% restants étant dans les mains de Bernard Tapie). Corse-Matin a été mis vente et un groupe d'investisseurs de Corse et du continent, monté par Gérald de Roquemaurel, ancien PDG d’Hachette Filipacchi Médias, s'intéresse de très près à la question. Un problème toutefois pour aller plus en avant : côté Hersant, la vente est suspendue à la cession en cours des 80% de Nice-Matin, dont Corse presse était encore récemment une filiale.

Ainsi le site spécialisé Ojim.fr (Observatoire des journalistes et de l'information médiatique) confirme début mai une information de la Lettre A d'avril : Gérald de Roquemaurel, ex PDG d’Hachette Filipacchi médias et banquier d’affaires depuis 2007, constitue un tour de table pour la reprise de Corse presse, dans lequel figurerait le fonds d’investissement corse Femu Qui ("On le fait nous-même" en corse), fonds basé à Bastia et dirigé par les entrepreneurs locaux Jean-Nicolas Antoniotti et Charles Antona. "D’après plusieurs sources concordantes, GHM et Tapie pourraient en tirer entre 10 et 15 millions d’euros", signale Ojim.fr.

Les hypothèses avancées pour le retard

Concernant Nice-Matin et le scénario que le groupe et ses mille salariés sont en train de subir, Ojim avance quelques hypothèses. Les 2M€ d'acompte seraient empruntés par Jean Icart lui-même, qui est entré au Conseil d'administration le 25 avril dernier (son nom figure depuis sur l'Ours de Nice-Matin, ce petit-encadré dans lequel on retrouve les noms des membres du Conseil d'administration).

"Pour expliquer le blocage, plusieurs banquiers à Zurich et Monaco, qui ont souhaité garder l’anonymat, affirment qu’il est dû à l’impécuniosité de GXP capital", peut-on également lire. "De fait, le fonds a réalisé seulement 80.000 francs suisses de bénéfices en 2013. D’autres sources affirment de leur côté que le transfert de l’argent, émanant des pays de l’Est, serait gêné par la guerre qui couve en Ukraine depuis deux mois. C’est une filiale du groupe bancaire autrichien, Volksbank, qui serait chargée du transfert." Il y a, là aussi, de quoi évidemment s'inquiéter pour la suite des événements.

Le silence des syndicats de Nice-Matin

Autre point sur lequel Ojim tente d'apporter une réponse : le silence "assourdissant" des syndicats et notamment de la CGT des ouvriers du livre, "si prompts à monter au créneau". Elle tiendrait à leur hantise d'un dépôt de bilan de Nice-Matin et d'une reprise par un groupe industriel décidé à lourdement restructurer (huit millions de pertes en 2013 pour 90 millions de CA).

Les syndicats "préfèreraient aujourd’hui miser jusqu’au bout sur la solution proposée par GHM", note Ojim. "Avec GXP capital, elle prévoit seulement la suppression de 120 postes (sur 1100) à l’horizon de trois ans. Surtout, le maintien des prérogatives de la Société anonyme à participation ouvrière (SAPO), qui détient trois sièges au conseil de surveillance de Nice-Matin, resterait assuré". L'avenir proche dira si cette stratégie du silence est bonne ou désastreuse.

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