Nice-Matin va-t-il déposer le bilan lundi?

Posté ven 23/05/2014 - 10:51
Par admin

Rebondissement en fin de matinée lors de la réunion du Comité d'Entreprise consacrée au dépôt de bilan de lundi : Philippe Hersant, président de GHM (Groupe Hersant Media), propose d'avancer lui-même les 2 M€ d'acompte qui n'ont toujours pas été versés par les deux repreneurs auxquels il donne un délai de deux mois pour solder la totalité des 20 M€. Un apport qui pourrait permettre d'éviter lundi le redressement judiciaire.

Nice-Matin va-t-il déposer le bilan lundi?

Rebondissement ce matin : Philippe Hersant avance les 2 M€ attendus

Actualisation 16h-Un nouveau rebondissement dans ce qui devient le feuilleton Nice-Matin : Philippe Hersant, président de GHM (Groupe Hersant Media) avancera lui-même les 2 M€ d'acompte, que doivent apporter les deux repreneurs du groupe Nice-Matin. C'est ce qui a été annoncé aujourd'hui en fin de matinée, lors de la réunion du Comité d'Entreprise consacrée à la question d'un dépôt de bilan prévu pour lundi 26 mai.

Philippe Hersant a accordé un délai de deux mois à Jean Icart et Gilles Périn du fonds d'investissement GXP, qui étaient allés le rencontrer hier directement. Selon ce qui aurait été convenu, le patron de GHM a accepté d'avancer de sa propre poche, les 2 M€ d'acompte que les deux repreneurs avaient déclaré avoir viré fin avril et qui ne sont toujours pas arrivés sur le compte de la société. En contrepartie, les deux repreneurs auraient à verser dans les deux mois l'intégralité du montant du rachat, soit 20 M€ et à racheter dans la foulée les 20% restants du capital de Nice-Matin.

En raison de cet élément nouveau, la réunion avec les cadres du groupe Nice-Matin, prévue cet après-midi, a été annulée. Ce rebondissement permettra-t-il au quotidien d'échapper au dépôt de bilan? Certes, le groupe devrait désormais disposer d'assez de trésorerie pour tourner au moins deux mois. Mais il faudra attendre lundi pour savoir si le Tribunal de Commerce accepte de prendre en compte ce nouveau délai, ou s'il estime que la crédibilité des repreneurs est engagée et que ce montage ne fera que repousser un peu plus les échéances inévitables.

La situation à 10h. C'est désormais officiel : le groupe Nice-Matin va déposer le bilan lundi au Tribunal de Commerce. Une triste nouvelle pour plus de mille salariés du groupe (Nice-Matin, Var-Matin, mais également PubliNice et Eurosud) qui avaient cru au plan de reprise signé début février. La reprise était assortie d'un chèque de 20 M€. Mais après plus de trois mois, le premier euro reste toujours attendu. Aussi mercredi dernier, le Pdg de Nice-Matin, Dominique Bernard avait annoncé aux syndicats, qu'il attendait encore jusqu'à vendredi (soit aujourd'hui) l'arrivée de ces 2 M€ d'acompte, promis juré craché, par les deux repreneurs et que, faute de ce premier versement qui aurait dû intervenir déjà depuis plus de trois semaines, il serait contraint de déposer le bilan. Cette échéance arrive aujourd'hui.

Une passe financière difficile avec une dette de l'ordre de 12,8 M€

Le groupe Nice-Matin, propriété de GHM (Groupe Hersant Médi) traverse en effet une passe financière difficile. La société a connu un déficit de l'ordre de 6 M€ en 2013 et présenterait une dette de l'ordre de 12,8 M€. Faute d'argent frais, elle n'est pas en mesure d'assurer les salaires du mois de mai. D'où le recours à la procédure de dépôt de bilan qui permettra le versement des salaires alors que les 2M€, qui étaient censés venir de la filiale d'une banque russe en Autriche, n'étaient toujours pas arrivés hier.

Les deux repreneurs (le Niçois Jean Icart et Gilles Périn du fonds d'investissement suisse GXP) ne s'étant pas manifesté dans la journée, Dominique Bernard a donc confirmé la tenue d'un Comité d'Entreprise ce matin à 11 heures. A l'ordre du jour, "une information et une consultation sur le projet de demande d'ouverture d'une procédure collective de redressement judiciaire", a précisé hier un membre de la direction. Un représentant à la procédure collective sera désigné par vote à cette occasion.

La procédure de réglement judiciaire lancée lundi

Comme cela avait été envisagé dès mercredi, une assemblée générale des salariés suivra à 12h30 au siège du quotidien, boulevard du Mercantour (ex route de Grenoble à Nice). Puis, à 15 heures, Dominique Bernard recevra les cadres du groupe. Le dépôt de bilan devrait se faire ainsi lundi matin, et sera suivi par une seconde réunion du Comité d'Entreprise pour expliquer aux salariés le développement de la procédure. Le redressement judiciaire du groupe sera alors lancé.

Cela ne veut évidemment pas dire que Nice-Matin, hors un éventuel mouvement social, arrêtera de paraître. La société dispose d'actifs "physique" dépassant largement sa dette. Le siège, dont elle est propriétaire, boulevard du Mercantour, est évalué entre 30 et 50 M€. A l'entrée de l'Eco-Vallée, le terrain dispose de 39.000 m2 de droits à construire (les constructions se feraient tout autour du bâtiment central) dans le cadre de l'OIN (Opération d'Intérêt National). Elle dispose également d'un actif "immatériel" qui est sa marque. Quant au quotidien régional, il remplit pleinement son rôle et les salariés ont eu à cœur de donner le meilleur dans la période difficile qui est en cours.

Le spectre d'un plan social beaucoup plus dur que le PSE âprement négocié autour de 120 départs

Ce qui devrait se passer lundi, avec la mise en redressement judiciaire tient dans la nomination d'un administrateur judiciaire (le nom de Xavier Huertas a circulé). Une période d'observation devrait être déterminée. Elle sera placée sous la gestion de l'administrateur. Ce sera l'occasion d'examiner d'éventuelles nouvelles offres (le groupe belge Rossel, Bernard Tapie, un temps associé à GHM sur Nice-Matin, le millardaire Iskandar Safa seraient de nouveau intéressés). Reste quand même le point le plus douloureux. Celui que redoutaient les salariés et les syndicats : le PSE (Plan de Sauvegarde de l'Entreprise).

Il avait été négocié pied à pied, pendant des mois, et avait abouti à 120 départs "volontaires" étalés sur plus d'une année. Un PSE qui risque fort de voler en éclat avec, dans le cas d'une reprise à la casse, beaucoup plus de départs dans des conditions beaucoup moins favorables. Ce qui explique que bon nombre de salariés continuent d'espérer à un "miracle" avec l'arrivée des fonds promis durant ce week-end.

 

Eric Ciotti fustige les "promesses fantaisistes lancées par de pseudo-repreneurs"

En février dernier, l'annonce de la reprise de Nice-Matin par Jean-Icart, "entrepreneur-politicien", avait étonné mais aussi provoqué la colère de la classe politique niçoise. Conseiller général et conseiller municipal de Nice, Jean Icart qui tentait de monter une liste pour les municipales niçoises s'était violemment opposé à Christian Estrosi. Il ne faut donc pas s'étonner que les dirigeants politiques locaux ne soient aujourd'hui pas tendres avec lui.

Ainsi, hier soir, Eric Ciotti, président du Conseil général des Alpes-Maritimes, a fustigé dans un communiqué "des promesses fantaisistes lancées par de pseudo-repreneurs de façon inconsidérée en février dernier". "Manifestement les "garanties" annoncées n'ont jamais été suivies d'effet", a-t-il ajouté.

"Je crains que ce temps inutilement perdu ait aggravé, de façon irresponsable, la situation financière déjà très préoccupante du journal", a conclu le président du Conseil général.

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