Difficile d'échapper aujourd'hui au tarif maximal d'Air France de 450 euros. La redistribution des "slots" d'Air Lib, avec seulement 4 liaisons laissées à la concurrence, risque de faire perdurer cette flambée des prix associée à un manque de places. La CCI aussi monte au créneau
La colère gronde chez les chefs d'entreprise azuréens devant l'envolée des prix du Nice-Paris Orly. L'arrêt de vol, puis la liquidation d'Air Lib en début d'année, ont eu un effet quasiment instantané sur les prix du billet. "L'an dernier, il était possible de monter à Paris dans la journée pour 100 à 150 euros", notent les chefs d'entreprises azuréens. "Maintenant, il nous est pratiquement impossible d'échapper au tarif maximal de 450 euros. Paris est devenu plus cher que Londres, Bruxelles, Berlin. Sans compter qu'il est difficile de trouver des places". Beaucoup d'entreprises aussi ont réduit au strict minimum leurs déplacements sur la capitale. Quant aux professionnels du tourisme, ils s'inquiètent de l'impact qu'aura cette flambée des prix de l'aérien sur la clientèle d'affaires et de congrès, voire la clientèle individuelle.
Nice-Orly : 8 liaisons quotidiennes de moins que l'été dernier
Cette situation tendue sur le Nice-Orly ne serait qu'un mauvais passage, pouvait-on penser, quand Air Lib est tombé. La concurrence allait revenir et peser de nouveau sur les tarifs. Pourtant, l'attribution par le COHOR des "slots" d'Air Lib sur Orly (créneaux de décollages ou d'atterrissages), n'a pas permis de débloquer la situation. Dans cette distribution, -ce saupoudrage disent certains-, la low cost britannique, easyJet n'a obtenu finalement que quatre liaisons quotidiennes entre Nice et Paris-Orly. Là ou Air Lib en avait onze. Résultat : pour la saison d'été qui a commencé le 30 mars, il manquera 8 liaisons par jour par rapport à l'offre de l'été 2002.
La comparaison est facile à faire. Côté Nice-Paris CDG, l'offre reste la même : 9 liaisons quotidiennes d'Air France et quatre d'easyJet. Comme l'été dernier. En revanche sur Nice-Paris-Orly, on sera loin du compte de l'été dernier. Aux 18 liaisons quotidiennes de la navette d'Air France s'ajouteront les 4 liaisons obtenues par easyJet, ce qui donnera un total de 22. L'été dernier, on en était à 19 liaisons quotidiennes d'Air France et surtout 11 liaisons d'Air Lib Express, soit un total de 30 liaisons sur Orly. Le calcul est simple : il manquera 8 vols par jour.
Une "réunion d'échange" programmée lundi 14 avril
Ce n'est évidemment pas Air France qui s'en plaindra. Depuis le crash d'Air Lib, la compagnie nationale a singulièrement remonté sa recette par siège et ses taux de remplissage sont à faire pâlir d'envie bien une compagnie en ces temps de crise du transports aérien : près de 85%. Quant aux "no show"(les passagers qui ont réservé mais ne se présentent pas au départ), ils ont beaucoup diminué, les passagers ayant trop peur de ne pas trouver de place sur le prochain avion. Pour les hommes d'affaires mécontents, le message d'Air France aujourd'hui est de dire : qu'ils prennent une carte d'abonnement. Mais même avec une réduction de 30%, ils resteront très loin des tarifs que la concurrence avait pu établir.
Le gestionnaire de l'aéroport, la CCI NCA, a été sensible à la colère aussi bien des chefs d'entreprises azuréens que des professionnels du tourisme. La CCI y est d'autant plus qu'elle est elle même menacée : la brusque remontée des tarifs, associée à une forte réduction de l'offre de sièges sur l'axe majeur de l'aéroport (plus d'un tiers du trafic est assuré avec Paris) risque de faire plonger de nouveau le nombre global de passagers. Donc ses ressources. Aussi, la CCI a-t-elle décidé de monter au créneau et d'organiser lundi prochain, le 14 avril de 18h30 à 20 heures au centre d'affaires du Terminal 1, une "réunion d'échange" sur le thème de "Nice-Paris, moins de places, plus cher … INACCEPTABLE !". Au programme notamment l'évolution quantitative et qualitative de la desserte Nice-Paris, le niveau de concurrence sur cette ligne et une comparaison tarifaire avec d’autres dessertes. De quoi faire monter la pression pour une ouverture à la concurrence plus large sur la première liaison aérienne européenne en terme de passagers !