A Nice, une remarquable exposition consacrée à quatre architectes, "prospecteurs du futur"

Posté jeu 23/03/2006 - 00:00
Par admin

Antti Lovag et ses maisons bulles, Guy Rottier et ses "maisons escargots", Jacques Rougerie et ses habitations sous-marines, Thierry Valfort qui fait revivre les sites industriels délaissés : quatre précurseurs réunis au Forum d'Urbanisme et d'Architecture.

Quatre architectes précurseurs dont trois Azuréens auxquels la ville de Nice rend hommage à travers une exposition : c'est le thème qu'a retenu Paul Barelli dans son "billet" hebdomadaire au "Petit Niçois", "billet" qu'il nous a transmis et que nous publions avec l'aimable autorisation de l'éditeur (Paul Barelli est également correspondant du quotidien "Le Monde").Captivante, l’exposition « Vivre autrement »-Quatre architectes prospecteurs d’avenir qui se tient jusqu’au 22 avril à Nice (1) est consacrée aux travaux de recherche de quatre architectes- dont trois azuréens, authentiques précurseurs. Reconnus internationalement, Ils n’ont cessé d’emprunter les chemins de l’école buissonnière, animés par une préoccupation essentielle : comment vivre demain ? Libres ils furent, Libres, ils demeurent : leurs travaux de recherche, et projets avant-gardistes ont parfois fait scandale tant ils s’attaquaient au conformisme. Antti Lovag, Guy Rottier, Jacques Rougerie et Thierry Valfort « étaient déjà tellement en avance, il y a une trentaine d’années, constate Gilbert Grisoni, membre du groupe Conspiratif, le bien nommé, auquel ils appartiennent, que leur travail, aujourd’hui encore, apparaît comme futuriste ». Guy Rottier et Antti Lovag qui totalisent les 165 printemps, ne se départissent jamais d’un humour décapant. Guy Rottier, est le créateur des « maisons escargots », extensibles suivant le principe de la croissance de l’escargot au fur et à mesure de l’agrandissement de la famille. Concepteur de « la maison en carton faite pour les vacances et que l’on démonte après », l’architecte, à l’œil vif, ironise « ces concepts sont modernes, mais vous en avez vu beaucoup de ces maisons ? ». Guy Rottier dont les créations « ont parfois le parfum de l’impossible » comme les qualifiait Arman, se bat en compagnie de ses trois autres comparses pour une architecture libre. « Elle n’a pas suivie l’évolution de la vie des gens. Les lois SRU imposent des règles draconiennes aux habitations familiales dont seul l’aménagement intérieur peut se moderniser »Antti Lovag, convaincu également que l’architecture demeure ancrée dans l’immobilisme, s’efforce quant à lui d’aider l’habitant à retrouver un droit qui remonte à la plus haute antiquité : construire lui-même sa propre habitation autour de ses gestes et besoins du moment. Créateur des « maisons bulles » qui firent scandale, il s’amuse en constatant qu’une de ses singulières habitations, érigée sans permis de construire, telle la maison Gaudet à Tourrettes- sur-Loup est classée au répertoire des monuments historiques . La maquette expérimentale date de 1969 ! Précurseur, Antti Lovag ? Cet éternel jeune homme, octogénaire refuse cette appellation et diagnostique : « Aujourd’hui les villes sont des prisons. Il faudrait tout refaire ».Thierry Valfort, de son côté, travaille sur la réutilisation de vieux sites industriels désaffectés et leur reconversion en habitat social. Il utilise, en particulier des pièces aéronautiques pour réaliser des meubles : « Je me défoule dans mon atelier où j’ai accumulé 12O tonnes de pièces d’avion, triées ». Quant à Jacques Rougerie , attiré dès l’adolescence par l’imaginaire de Jules Verne, il crée depuis trente ans des maisons sous-marines et des vaisseaux futuristes. Et rêve que l’humanité retrouve ses origines. Il vit et travaille au cœur de Paris sur une péniche aux allures de laboratoire. Elle abrite un aquarium de 20 000 litres qui met en scène une structure ultralégère sous-marine. Poète de l’aluminium et du verre, Jacques Rougerie n’a pas renoncé à ses rêves. Il retrouve ainsi ses amis « aventuriers »Antti Lovag, Guy Rottier , Thierry Valfort, Jacques Rougerie, au fil de leur itinéraire, hors des chantiers battus. Des utopistes ? Sans doute. Qu’importe ! la prospection du futur à laquelle nous convie ces quatre architectes-poètes, mérite le détour.1 Exposition « Vivre autrement »au Forum d’Urbanisme et d’Architecture de la ville de Nice place Pierre Gautier. Cours Saleya. Entrée libre

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