Panique sur les cryptos : l'avis de Thomas Herlin de Kryll.io à Sophia

Inflation galopante, hausse des taux d'intérêt, menaces en tout genre (guerre, pénurie de composants…) : le paysage économique a cruellement changé. Les marchés financiers sont sous le choc avec entre autres des cryptomonnaies qui partent en panique. Très prometteur, cet or du futur, connait l'un de ses krachs les plus prononcés. Faut-il s'affoler ? L'avis d'un expert, Thomas Herlin de la startup sophipolitaine Kryll.io.

Thomas Herlin Kryll

Plus que les bourses mondiales, européennes, américaines ou asiatiques, les cryptomonnaies ont amplifié le mouvement de descente. Elles ont carrément plongé avec un Bitcoin, la crypto de référence, qui est revenu juste au-dessus de 20.000 dollars alors qu'il était monté autour de 69.000 dollars à son plus haut de novembre 2021. Plus dure est la chute aujourd'hui. Est-ce pour autant la fin du "mirage crypto" ? Ce n'est pas l'avis de Thomas Herlin de Kryll.io, startup innovante spécialisée dans les stratégies d'investissement en cryptomonnaies et installée aux Algorithmes à Sophia, après un passage à l'accélérateur niçois Allianz Riviera. (Photo  WTM : Thomas Herlin dans les locaux de Kryll à Sophia Antipolis).

WTM : Vous êtes au cœur de l'aventure Kryll lancée en 2017. Comment analysez-vous cette nouvelle tornade sur le marché des cryptos ?

Thomas Herlin : Evidemment nous constatons aujourd'hui un reflux général des investisseurs sur le marché des cryptos. Mais il faut raison garder. D'abord, il s'agit d'un domaine nouveau et c'est souvent sur les nouveaux types d'actifs que les investisseurs refluent. Ensuite, il faut analyser ce reflux d'une manière relative. Le "pic" du Bitcoin était à 20.000 euros en 2018 et il y a encore beaucoup de gens qui ont investi dans des crypto monnaies avant 2018 et qui sont encore largement positifs et bénéficiaires sur leur portefeuille.

Il faut voir aussi que ce système des crypto actifs est jeune. Il a près 10 ans et comme tout système il est encore dans sa période juvénile avec des soubresauts dont celui d'aujourd'hui qui n'est pas le premier. C'est ce que nous avons vu dans l'évolution d'Internet avec le krach de 2000. Je considère aussi que ce qui se passe actuellement est quelque chose somme toute de normal. Il y a des cycles et si nous regardons la tendance long terme des crypto actifs (je ne parle pas uniquement des crypto monnaies), il existe beaucoup d'utilisations des cryptos dans d'autres domaines avec notamment la blockchain.

Les crypto actifs sont vraiment en train de s'établir dans beaucoup d'activités économiques. Aussi, si nous regardons dans le long terme, ils sont vraiment en train de se déployer et restent à notre sens un investissement intéressant. D'autant plus qu'il faut considérer les sous-jacents très concrets du monde réel reliés aux crypto actifs. Pour l'exemple, l'Afrique est très intéressée par l'utilisation des crypto monnaies car cela lui permet d'éviter les problèmes d'infrastructures que présentent les systèmes bancaires classiques. Sans parler de l'utilisation des crypto actifs dans tout ce qui est Metaverse et Web3 parce que ça sera la monnaie de référence sur ces écosystèmes.

Le conseil a donner aux investisseurs ?

Il faut se souvenir de ce qui s'est passé avec Internet : une phase d'euphorie, suivie d'une phase de de crise, de consolidation, puis un redémarrage de manière ouverte, structurée. C'est le premier point. Le conseil qu'à Kryll nous suivons à titre individuel et au sein de l'équipe tient dans une bonne vieille méthode : le DCA (Dollar Cost Averaging). C'est une technique d'investissement qui consiste par exemple à affecter tous les mois une somme fixe dans un actif, quoi qu'il arrive, ce qui permet de lisser son prix d'entrée sur le long terme dans un marché volatil et de se protéger des soubresauts.

L'autre conseil que je pourrais donner (à titre privé, car je souligne que KRYLL n'est pas une société de conseil), c'est de se fixer un plan rationnel et de s'y tenir. C'est souvent dans ces phases de crises aigues que des gens prennent des décisions irrationnelles et ont par exemple tendance à tout vendre à l'encan et s'en mordre les doigts ensuite. Le métier de Kryll se place d'ailleurs sur ce point.

Nous mettons à disposition de nos utilisateurs des outils leur permettant de créer leurs stratégies d'investissements et de les déployer de façon autonome sur les marchés.

L'intérêt : l'algorithme n'a pas d'émotion. Celui-ci intègre les phases de crise dans ses paramètres, définit un plan et reste rationnel avec de bien meilleures performances que des personnes qui font du va et vient.

Comment se comporte Kryll dans cette crise des cryptos ?

Certaines sociétés spécialisées dans le trading de cryptos font part de problèmes aujourd'hui. Nous ne sommes pas dans cette optique. Au contraire, nous pensons continuer à embaucher (nous sommes actuellement une vingtaine) parce que nous pourrons trouver des profils intéressants dans notre domaine en raison justement de la crise. D'autre part, nous sommes en train de déployer notre plateforme sur des marchés plus traditionnels comme celui des actions ou le forex, le marché des changes, ou encore les produits dérivés.

 

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