Parité homme-femme dans les entreprises azuréennes : un bilan mitigé

Posté lun 02/03/2009 - 18:40
Par admin

Parité homme-femme dans les entreprises azuréennes : un bilan mitigé

Régine Pailhès-Roset et Michel Ferrary lors de la présentation des données à l'Agora Einstein à Sophia Antipolis dans le cadre d'une soirée de l'association Femmes 3000 Côte d'Azur.

 

Si la part des femmes et des femmes cadres dans les entreprises azuréennes est supérieure à la moyenne enregistrée au sein des grandes entreprises nationales, la parité est encore loin d’être atteinte… C'est ce que mettent en lumière les données recueillies par l'Observatoire de la féminisation des entreprises des Alpes-Maritimes.

 

Quelques chiffres, d’abord. Si, en France, 46 % des actifs sont des femmes, elles ne représentent que 26 % des cadres, et seules 8 % d’entre elles participent aux instances directionnelles. Déduction : le fameux "plafond de verre" résiste, malgré les initiatives - de plus en plus nombreuses - visant à mettre en avant la nécessité de trouver un juste équilibre entre les hommes et les femmes dans l’entreprise.

 

Parmi elles, les enquêtes menées depuis 2007 par Michel Ferrary, professeur au Ceram Business School, et la Commission Entreprises de l’association Femmes 3.000 Côte d’Azur. Si le premier a centré son étude sur le taux de féminisation des entreprises du CAC 40, la seconde l’a déclinée dans les Alpes-Maritimes. Les entreprises d’au moins 50 salariés ont été sollicitées, mais seules 61 ont accepté de communiquer leur rapport de situation comparé ou bilan social (300 salariés ou plus). Malgré l’accord de confidentialité, ces réticences sont « sans doute à la hauteur de la marche à gravir pour atteindre le bon niveau de parité » estime Régine Pailhès-Roset, vice-présidente de Femmes 3.000.

 

Des entreprises dites "masculines"…

 

Quid des résultats ? L’analyse des données 2008, annoncées le 12 février, fait apparaître un taux de féminisation des entreprises azuréennes de 43,26 %, avec un encadrement féminisé à 38,69 %. Des chiffres supérieurs à ceux observés chez leurs grandes sœurs du CAC 40, où l’on compte 36,23 % de femmes dans les effectifs et 28,76 % chez les cadres. "Au-delà des chiffres, on constate surtout une grande diversité dans la féminisation de l’encadrement" poursuit Michel Ferrary. Diversité qui reflète les différentes problématiques rencontrées par les entreprises. La première est liée au marché du travail et au système éducatif. Ainsi, si la majorité des entreprises azuréennes observées (26) apparaissent comme "masculines" (peu de femmes salariées et peu de femmes cadres), "on ne peut, a priori, pas les taxer de discrimination parce qu’elles font avec ce qu’elles ont" reprend Régine Pailhès-Roset.

 

Généralement industrielles ou technologiques, ces entreprises vont chercher leurs cadres dans les écoles d’ingénieurs, où les effectifs féminins peinent à atteindre les 20%. Contrairement aux écoles de commerce, où 48 % des étudiants sont des étudiantes. À cela, s’ajoute une seconde problématique, celle de la préférence des femmes. "La parité, c’est bien plus facile pour Hermès que pour Cari !" Pour nos experts, "ces entreprises doivent activer des leviers en amont, influer sur les écoles pourvoyeuses de cadres, et travailler la communication pour changer leur représentation auprès des femmes".

 

… ou "machistes"

 

Un troisième critère explicatif est avancé par le chercheur, la discrimination. Pour la mesurer, Michel Ferrary a choisi de prendre comme indicateur la différence entre le taux de femmes dans l’entreprise et le taux de femmes cadres. Parmi les entreprises azuréennes observées, 11 apparaissent comme "machistes". "Le problème se situe ici en interne. Elles doivent définir un autre projet d’entreprise, porté par une direction générale impliquée pour promouvoir l’évolution des femmes dans leur effectif" analyse Régine Pailhès-Roset. Inversement, 20 entreprises sont qualifiées de "féminines" (féminisation des effectifs et de l’encadrement supérieure à la moyenne). "La question ici est de savoir s’il ne s’agit pas de "ghettos" de femmes, c’est-à-dire des entreprises fermées aux hommes" s’interroge le chercheur. "Ce serait alors le contraire de la diversité recherchée" ajoute Régine Pailhès-Roset.

 

Par la suite, Femmes 3.000 souhaiterait aller plus loin que cette photographie des effectifs. "Nous voulons y ajouter des éléments plus qualitatifs comme l’accès à la formation ou la rémunération." Et ainsi toucher du doigt la problématique de l’égalité salariale, pour laquelle l’État agite le spectre de la sanction financière. En effet, la loi du 23 mars 2006 impose aux entreprises d’au moins 50 salariés de supprimer les écarts de rémunération avant la fin de l’année 2010.

 

Gaelle Cloarec

 

 

 

Retrouvez un dossier complet consacré à la place de la femme dans l'entreprise dans le quinzième numéro du Journal des Entreprises, en vente en kiosques à partir du 6 mars.

 

 

 

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