Polémique sur le vaccin anti-VIH : Biosantech répond au CNRS
Projet sérieux ou pas ? Le bras-de-fer avec la direction du CNRS engagé à l'occasion de la présentation des résultats de la première phase de test de son vaccin thérapeutique anti-VIH a jeté un froid. Présidente de la société sophipolitaine, Corinne Treger a tenu de répondre aux questions qui se posent : Biosantech a bien engagé les démarches pour la seconde phase de test et propose aux autorités publiques (CNRS/APHM) de se soumettre à toutes les vérifications demandées.
Espoir sérieux d'un vaccin contre le virus du sida? Ou faux espoir à vite enterrer ? Le bras de fer engagé entre la société Biosantech de Sophia Antipolis et la direction nationale du CNRS à l'occasion de la publication fin février des résultats de la première phase de test de son vaccin thérapeutique anti-VIH avait de quoi laisser perplexe sur les effets de la protéine Tat Oyi. Cette protéine est censée s'attaquer à la toxine TAT qui protège le virus du sida de l’action du système immunitaire. Par ce biais, elle ouvre des perspectives sur un vaccin thérapeutique anti-VIH et la première phase de test que devait présenter au Golden Tulip de Sophia son "découvreur", le Dr Erwann Loret, chercheur au CNRS, s'annonçait prometteuse.
Le CNRS "n'a connaissance d'aucun projet de poursuite d'essai clinique"
Sauf que, la veille de cette présentation, la direction nationale du CNRS a formellement défendu à son chercheur de venir et même de s'exprimer sur cette question. Les raisons de ce refus n'ont pas été très explicites, le CNRS n'ayant pas motivé sa décision. Juste se rappelle-t-on qu'en juin 2016 déjà, la direction du CNRS avait ordonné à son chercheur de cesser toute recherche sur le vaccin Tat Oyi et d'arrêter à travailler avec Biosantech. Ce dernier avait cependant pu continuer ses travaux en intégrant une unité de recherche à Marseille.
Interrogé par le quotidien "La Tribune", le CNRS a expliqué son refus ainsi : "l'essai clinique s'est terminé en fin de phase I/IIa depuis plus d'un an" et "le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) n'a connaissance d'aucun projet de poursuite d'essai clinique". Corinne Treger, présidente de Biosantech, a voulu aussi répondre aux questions soulevées depuis la conférence de presse "bousculée" du 28 février. Sur le fait que le CNRS dit tout ignorer de la poursuite des travaux liés aux recherches du docteur Loret sur la Tat Oyi, depuis la fin de la phase Iia, elle rappelle que le CNRS a envoyé le 20 février 2017, avec ordre de mission officiel, le Dr Loret présenter dans une conférence scientifique à Berlin les derniers résultats du suivi des patients de l’essai depuis décembre 2014.
Une proposition de poursuivre les travaux avec les autorités publiques
D'autre part, selon Corinne Treger, de nombreux échanges d’emails prouvent les relations nourries entre Biosantech et la SATT -organisme chargé de promouvoir le transfert de technologie des brevets du CNRS- sur les résultats des travaux et les échanges de Biosantech avec l’ANSM pour établir le protocole de la phase IIb. Cette seconde phase vise à étudier les patients en état de retro séroconversion avec arrêt complet de leur trithérapie, pour observer une éventuelle étape de guérison fonctionnelle (à savoir l’indétectabilité des cellules et particules virales pendant trois mois après l’arrêt de la trithérapie). Une phase pour laquelle les démarches administratives ont été engagées.
La présidente de Biosantech ne croit pas cependant à un simple imbroglio administrati. Toujours dans "La Tribune", elle dit craindre que le CNRS ne soit en fait poussé par l'Inserm avec qui Biosantech entrerait en quelque sorte en concurrence. "L'Inserm détient un brevet de vaccin contre le sida, développé par l'ANRS. C'est la seule voie de recherche indiquée sur leur site. Ils le développent depuis quinze ans, cela n'avance pas et coûte plusieurs millions d'euros par an à la France. En outre, l'ANRS a donné 20 millions d'euros à Roche pour développer un vaccin contre le sida. Cela n'avance pas non plus", explique Corinne Treger.
Et pour faire cesser toute polémique et attaque sur les résultats scientifiques, de proposer aux autorités publiques (CNRS/APHM) de se soumettre à toutes les vérifications demandées, en toute transparence et de poursuivre ensuite les travaux avec elles. "Cela permettrait de créer une dynamique positive pour une réponse à ce que Biosantech n’annonce pas comme "solution miracle ou cure miracle" mais comme "un espoir raisonnable de guérison" selon les critères scientifiques observés. Ce qui est bien différent et montre toute la volonté de ne pas donner de faux espoirs aux malades, ni de faire des effets d’annonces en conflit avec un quelconque calendrier caritatif, tout en ne minorant pas non plus l’exigence qu’il y a à poursuivre et finaliser cet essai."
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