Qwant remis à flot par Huawei ! Pour le moteur de recherche européen, dont une grande partie de la R&D est basée à Nice, c'est une bonne nouvelle qui a traversé le monde du web : après l'avoir choisi en mars 2020 comme moteur de recherche par défaut pour ses smartphones (une alternative à Google qu'il ne pouvait plus utiliser), le groupe chinois a contracté pour 8 M€ d'obligations convertibles émises par Qwant ainsi que l'a dévoilé le site Politico.eu. De quoi renflouer le moteur de recherche français qui peine à devenir rentable (il a perdu 13 millions d'euros en 2020, après 23 millions en 2019 et 11,2 en 2018, a rappelé Politico, alignant en regard des revenus respectifs de 7,5 millions, 5,8 millions et 3 millions d'euros).
Révélée récemment, l'affaire s'est traitée le 18 mai dernier quand le CEO Jean-Claude Ghinozzi a demandé à ses actionnaires d'accepter l'opération avec Hubble, la filiale "venture capital" d'Huawei à Honk Kong, opération approuvée également par l'un des grands actionnaires publics de la société, la Caisse des Dépôts. Cette dernière a retenu qu'Huawei ne souhaitait pas convertir ces obligations en actions et ne disposerait donc pas de pouvoir dans la société.
La conversion en actions ferait en effet entrer Huawei à hauteur de 5 % à 7,5 % du capital, et lui permettrait de peser sur les décisions stratégiques de l’entreprise en tant qu'actionnaire minoritaire. "C'est un investissement via des obligations convertibles. Ce n'est pas une entrée dans le capital de Qwant" a aussi insisté le porte-parole du moteur de recherche cité par Politico. "Il s'agit d'un véhicule pour financer notre expansion et, fait important, c'est un acteur global crucial qui reconnait la solidité de notre technologie et la réalité de notre projet".
Pour Huawei, très présent sur la Côte d'Azur (le concours Digital in Pulse, la 5G à Monaco...) c'est aussi l'occasion de financer la recherche de Qwant afin de disposer d'un moteur de recherche performant en alternative à Google et de pouvoir poursuivre son expansion en Europe. Reste que cet investissement s'inscrit sur un fond de rivalité américano-chinoise, avec des suspicions d'espionnage et un nouveau président américain qui cherche à mobiliser l'Europe face aux ambitions du géant chinois. Un environnement délicat.
- Lire l'article de Politico.eu : "French search firm Qwant seeks €8M Huawei bailout loan"