Rachat de La Provence : c'est plié pour Xavier Niel ?

Le Conseil d'Administration de La Provence a validé cet après-midi l'offre de Rodolphe Saadé qu'avait sélectionnée le liquidateur judiciaire. Mais sur 5 administrateurs, les deux seuls favorables au président du groupe maritime CMA-CGM ont été habilités à voter. D'où la colère du candidat évincé, Xavier Niel, propriétaire de Nice-Matin, qui a dénoncé un "passage en force" et étudie d'éventuelles poursuites judiciaires.

La Provence siège Marseille

Journée décisive aujourd'hui pour le rachat de La Provence : le vote du conseil d'administration du quotidien. Dans la bataille entre deux candidatures de poids (celles de Rodolphe Saadé, le président du groupe maritime CMA- CGM et de Xavier Niel, le patron de Free, propriétaire du groupe Nice-Matin), il revenait au conseil d'administration de La Provence de valider ou non l’offre de rachat sélectionnée par le liquidateur judiciaire, à savoir celle proposée par Rodolphe Saadé. Résultat : l'offre de CMA- CGM a été validée. Du même coup, le projet de Xavier Niel de constituer un arc méditerranéen de presse avec une imprimerie commune dans le Var, vole en éclat.

Seuls deux administrateurs sur cinq habilités à voter

On ne peut pas dire pour autant que CMA-CGM sort vainqueur par KO de cette bataille pour le rachat des parts (89%) de Bernard Tapie, bataille juridique qui dure depuis plusieurs mois. Le vote a été en effet obtenu d'une façon qui pourrait laisser prises à des recours. Pour faire bref, il y a cinq administrateurs au conseil dont trois favorables à Xavier Niel, mais seuls deux administrateurs favorables à Rodolphe Saadé, ont été habilités à voter.

"Sans surprise, les actionnaires représentants Xavier Niel, Anthony Maarek et Anne-Sophie Jahan (Avenir Développement, AD), ont voté contre l’offre de reprise", explique notre partenaire Jean-François Eyraud de Gomet.net à Marseille. "Mais le président du groupe La Provence, Jean-Christophe Serfati, l’un des cinq membres du conseil d’administration, représentant le groupe GBT, avec Virginie Layani et Stéphane Tapie, a écarté le vote des deux actionnaires d’AD, considérant qu’il y avait « un conflit d’intérêt » rapporte un communiqué des quatre organisations syndicales présentes en tant qu’observateurs au sein du conseil d’administration".

"On leur a demandé de s'abstenir ou de voter", a expliqué ainsi Jean-Christophe Serfati à l'AFP. "Dans la mesure où ils ont voté contre, nous avons écarté ces votes car cela manifestait le conflit d'intérêts d'Avenir Développement", a-t-il estimé, en se référant à l'arrêt de la cour d'appel d'Aix-en-Provence du 7 avril.

"L'offre a été agréée à l'unanimité des votes exprimés, soit 2 sur 5"

Quant à Stéphane Tapie, absent de la réunion, il avait, selon une source syndicale, donné son pouvoir aux représentants de Xavier Niel, ce qui est "statutairement impossible" d'après une source proche du dossier. Cette procuration a donc été jugée irrecevable. En clair, la proposition de CMA CGM a été agréé par deux votes sur cinq. Ce qui a fait dire à Jean-Christophe Serfati que "l'offre a été agréée à l'unanimité des votes exprimés, soit 2 sur 5".

NJJ, holding de Xavier Niel dénonce un "passage en force"

C'est donc l'armateur marseillais qui emporte la mise avec une offre de 81 M€ pour l'achat et de 50 M€ pour l'investissement dans le groupe de presse marseillais actuellement en grande difficulté financière.

L'affaire est elle aussi "pliée" pour Xavier Niel ?  Peut-être pas encore. NJJ, la holding du fondateur de Free, qui dispose déjà de 11% des parts du quotidien La Provence, a immédiatement dénoncé un "passage en force". Ce choix de Jean-Christophe Serfati "contraire à la fois au droit et à la réalité des débats, s'assimile à un passage en force qui ne fait que redoubler nos craintes pour la suite. Nous le contestons donc formellement " a souligné ainsi NJJ dans un communiqué. Laissant entendre par la même occasion qu'elle étudiait d'éventuelles poursuites judiciaires.

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