Rachat de La Provence : la bataille Niel-CMA CGM prend un tour judiciaire

Il ne reste plus que deux géants pour le rachat des 89% des parts de La Provence, mises en vente à la suite du décès de Bernard Tapie : NJJ la holding de Xavier Niel, propriétaire de Nice-Matin et de 11% des parts de La Provence et l'armateur marseillais CMA-CGM. Une bataille qui a pris un tour judiciaire, avec une étape aujourd'hui mardi 21 décembre : un recours en référé pour demander l'annulation de la clause d'agrément dont dispose NJJ.

Siège La Provence

Xavier Niel, propriétaire du Groupe Nice-Matin ? Le Marseillais Rodolphe Saadé aux commandes de CMA CGM, un des plus puissants armateurs mondiaux ? Qui va mettre la main sur le groupe La Provence, à la vente suite au décès de Bernard Tapie. Un grand quotidien basé sur la Métropole Aix-Marseille qui, fin novembre, s'est encore renforcé par le retour dans son giron de Corse-Matin. Le consortium de 150 entreprises corses Corsica Maritima (CM) Holding majoritaire du quotidien corse, a vendu au groupe La Provence 49% du capital de Corse-Presse, société éditrice du quotidien régional Corse-Matin désormais détenue à 100% par le groupe marseillais. (Photo Gomet.net : l'entrée du quotidien La Provence à Marseille).

Une requête pour faire annuler la clause d'agrément de NJJ

Un moment intéressés par le rachat de La Provence, deux autres groupes (Fiducial et La Dépêche) n'ont pas donné suite à leurs intentions. Il s'agit donc désormais d'un duel entre deux géants : NJJ (holding de Xavier Niel, le patron d’Iliad) d’un côté, et CMA CGM de l’autre qui ont chacun déposé une offre au 30 novembre, la date butoir. Où en est-on aujourd'hui ? Suivant le point effectué récemment par le site web de la métropole Aix-Marseille Gomet.net, la bataille pourrait être plus longue et plus serrée que prévu entre les deux candidats et prend pour l'instant un tour judiciaire.

"Alors que l’on s’apprêtait à en savoir un peu plus sur le détail des offres déposées le 30 novembre, un recours du liquidateur de Groupe Bernard Tapie est venu retarder l’ouverture des plis", relève Jean-François Eyraud, fondateur de Gomet' Media. "Celui qui est chargé de valoriser au mieux le groupe La Provence, afin de récupérer le plus d’argent possible pour le créancier de l’entreprise, en l’occurrence l’Etat (qui attend son dû dans l’affaire du Crédit Lyonnais) a lancé en référé une requête pour faire annuler la clause d’agrément dont dispose NJJ dans le pacte qui le lie à La Provence. La holding de Xavier Niel détient 11% du capital depuis la cession des parts du Belge Nethys en 2019."

Une bataille qui se joue aussi auprès des salariés

Cette clause d'agrément, est pour l'instant l'un des atout-maître de Xavier Niel qui dispose ainsi d'un droit de préemption sur 89% du capital de La Provence et peut donc s'opposer à tout nouvel entrant. C'est cet atout qui est actuellement contesté en justice avec une étape aujourd'hui mardi 21 décembre : une audience en référé qui se tient devant le tribunal de commerce de Marseille pour demander la suspension de l'agrément. Si cette clause saute, les deux géants se retrouveront en quelque sorte à égalité. Mais il est possible de penser que, quelque soit le jugement rendu aujourd'hui, il n'y ait pas de recours contre cette décision.

La bataille se joue aussi auprès des salariés. "Si à la rédaction, les avis sont partagés sur les deux offres, dans les étages inférieurs et à la régie, Rodolphe Saadé semble avoir marqué des points", écrit Jean-François Eyraud. "Sa lettre adressée aux salariés mardi 30 novembre a fait mouche, notamment l’engagement de maintenir l’outil industriel à Marseille alors que NJJ a un projet de site commun avec Nice Matin dans le Var, assorti d’un plan de départ des rotativistes des deux journaux".

Aujourd'hui aussi, les jeux restent ouverts : un arc méditerranée de la presse régionale, associant Nice-Matin et La Provence ou un statu quo avec deux grands groupes régionaux de presse quotidienne bien distinct.

 

Tags

Ajouter un commentaire