Réactiver le mythe : un nouveau modèle de développement

Posté lun 16/08/1999 - 00:00
Par admin

Relancer l'animation implique tout d'abord de réinsuffler de l'énergie collective et positive à Sophia. Comme nous l'avons constaté en 1995 dans le bilan stratégique, Sophia Antipolis s'est banalisé alors qu'elle a constitué pendant plusieurs décennies un exemple visionnaire de technopole; il s'agit aujourd'hui d'un parc technologique parmi les autres même s'il concentre une grande quantité de compétences originales dans un environnement physique de grande qualité. Dans ce domaine, le volume n'est pas toujours synonyme de créativité.Inscrire l'action présente dans une vision à quinze ansDonner envie aux entreprises et aux chercheurs d'entreprendre en tirant profit des ressources de leure environnement (proche et lointain) implique de réactiver un mythe mobilisateur à partir d'un nouveau concept de développement façonné par et pour la communauté scientifique et économique du parc.L'anniversaire des 30 ans de Sophia offre l'opportunité de présenter cette vision stratégique du développement du parc et d'annoncer des objectifs et des projets techniquement maîtrisés à échéance de 5, 10 et 15 ans. Il est absolument nécessaire d'inventer quelque chose de nouveau en faisant travailler en créativité les acteurs privés et publics qui possèdent un réel intérêt pour une telle démarche. Pour être efficaces, ces projets doivent impliquer les premiers concernés que sont les entreprises et les chercheurs; pour être mobilisateurs, ils doivent être visionnaires. A titrre indicatif, les défis suivant devraient être relevés.Renouveler l'approche en terme de pôles de compétencesLa notion de pôle de compétences est utile sur le plan de la promotion, elle peut être contraignante sur le plan du développement technologique et de l'innovation. Il faut décloisonner les pôles de compétences. Des activités innovantes émergent d'autres secteurs d'activités qui ne se reconnaissent pas toujours dans les dynamiques de pôles. En outre, si cette notion appartient à l'histoire du mouvement technopolitain français, elle possède souvent une dimension de proclamation (il existe un pôle !), plus rarement une dimension vraiment opérationnelle. Car combien d'entre eux sont-ils réellement producteurs d'activités technologiques originales?A Sophia, les pôles sont soit fragiles, soit non structurés. Fragiles, lorsqu'ils sont encore centrés sur les technologies de l'information, alors que la révolution, aujourd'hui dans ce domaine, est celle des applicatifs et des programmes. Non encore structurés, comme dans le domaine de la santé ou dans celui de l'environnement où ni la densité des compétences, ni leurs interactions ne permettent de réellement parler de pôles de compétences.Le pôle télécom doit définir une nouvelle stratégieIl est en effet très fragile. France Télécom n'aura bientôt plus de direction spécifiques sur Sophia et Marseille a été retenu par le CIAT comme futur pôle national de ressources pour le multimédia éducatif et culturel et la création d'un centre de formation supérieur en télécom et systèmes d'information y est envisagée. De plus, il n'existe pas sur Sophia, et même en PACA, d'activités de recherche en micro-électronique qui pourraient bénéficier de la recherche-développement faite dans les mobiles. Dans ce domaine, Sophia semble vivre sur des tendances et ne prend pas en compte les scénarios de rupture, or dans le domaine télécom, ceux-ci sont déjà perceptibles. L'avenir des NTIC se joue actuellement autant dans les programmes que dans les technologies et Marseille possède les atouts d'une métropole. A New-York, par exemple, dans le cadre de la Silicon Alley, les starts-ups se sont naturellement branchées sur les activités traditionnelles de la ville : médias, finances, éditions…Mais des consolidations du pôle actuel sont également à envisager. En matière d'électronique, où environ 50% des chips pour les mobiles sont conçus sur Sophia Antipolis, les capacités de production existant au Rousset pourraient être mieux valorisées. Il est également important de préserver l'environnement de l'ETSI, qui contribue aujourd'hui largement au développement du pôle, en lui offrant les débits et les services nécessaires à sa pérennité sur le site. Car que se passera-t-il après la phase de définition des standards en matière de mobiles? En outre, Sophia manque d'équipements de réseau haut débit; la plaque ATM étant par ailleurs insuffisamment mobilisée.Le pôle santé mérite d'être structuréLe pôle santé-environnement associé des éléments hétérogènes : de la chimie des parfums aux sciences de la terre… Il existe en effet des activités de recherche cliniques et fondamentales, de la production et des clients pour structurer, sur certaines thématiques, une dynamique de pôle dans les Alpes-Maritimes : mais ces ressources sont encore éparpillées. Dans le domaine de la santé, le territoire pertinent est au moins le département -où l'on trouve des patients, médecins, cliniciens et entreprises- sinon la région. Et une meilleure répartition des compétences scientifiques avec Marseille pourrait être profitable aux deux métropoles, par exemple en cancérologie.A titre d'exemple, les initiatives suivantes pourraient contribuer à structurer le pôle.Une unité de recherche-développement en phytobiologie ou en chimie des arômes pourrait être montée à Sophia en associant entreprises privées et organismes publics. Ceci en relation avec les entreprises implantées à Grasse.L'importance prise par la réglementation en matière de développement dans le domaine de la santé incite à utiliser les capacités de mobilisation internationale de Sophia pour y constituer un centre de ressources. Conjointement, la présence de la maison européenne du cœur -l'un des deux établissements de ce genre au monde- permet l'accès à près de 20.000 médecins en Europe. Jusqu'à présent, ce réseau n'a pas été vraiment mobilisé en faveur du développement de Sophia. Ceci pourrait se faire avec le concours des cardiologues du département et de la patientèle spécifique aux Alpes-Maritimes. Un raisonnement identique peut être fait dans le domaine des maladies neuro-dégénératives.En image 3D médicale, l'INRIA possède une équipe de niveau international dont les compétences ne sont pas valorisées localement par manque de gros équipements coûteux. S'il n'est pas question d'acquérir ces équipements, des mises en réseaux avec des équipements installées dans d'autres métropoles pourraient être envisagées.En santé, des éléments existent pour créer une logique de pôle, d'autres sont absents comme des compétences en développement de phase 1 et 2 et pré-clinique dans le domaine pharmaceutique; mais ce qui manque surtout, ce sont des méthodes et des compétences pour les mettre en synergie.

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